Les Colonies

Chapitre 28 : Début des hostilités

Alice voulut retourner voir Henry le soir même, mais cette fois, William l'accompagna ; il laissa à Michael le soin de s'occuper d'Isabelle Karevell, car leur mère avait fait une crise de nerfs en apprenant ce qui était arrivé à son fils cadet adoré.

La nouvelle commençait à se répandre comme une traînée de poudre ; l'on commençait à murmurer dans les salons que les Menedis avaient tenté de tuer l'un des fils Karevell, car le fils Karevell avait tenté d'enlever la fille Menedis. Les commérages allaient bon train, déjà, et Alice fut stupéfaite de voir la vitesse à laquelle l'information se répandait. William avait donc déjà lancé les hostilités, et alors que leur voiture les emmenait tous deux chez les Jenkins, ce soir là, Alice interrogea :

_ Que comptez-vous faire, désormais ?

_ Tout ce qui est en mon pouvoir pour évincer définitivement les Menedis, répondit tranquillement William. Dès que Henry sera sur pied, il pourra témoigner. Tentative de meurtre du fils d'un membre du conseil, vers le fils d'un autre membre du Conseil du Gouverneur... Je veux que George Menedis perdre sa place.

_ Ils ne se laisseront pas faire, murmura Alice.

_ Oh mais j'y compte bien, ricana William. Les choses tourneront sûrement en duel... Mais nous n'y sommes pas encore.

Un duel... Alice frissonna. Deux membres des familles les plus influentes qui s'affrontent... Chacun prendra les paris, choisira son camp. Et vu les caractères de chacun, le duel tournerait sûrement en boucherie...

Alice se sentit soudain mal à l'aise, se rendant compte qu'elle avait déclenché tout ce qui arriverait ; elle chassa ces idées morbides de son esprit alors qu'ils arrivaient chez les Jenkins, et tandis que William s'enquérait de l'état de santé de son fils et se chargeait de mettre John Jenkins au parfum des derniers évènements, Alice quant à elle se dépêcha de suivre Hermione, la servante de Lucy, qui la conduisit jusqu'à la chambre où se reposait Henry.

Ce n'était plus la chambre de bonne, mais la plus belle chambre d'amis des Jenkins ; le père de Lucy y avait veillé, dès qu'il avait été informé par William de ce qui se passait chez lui.

Lucy était assise sur le bord du lit, et Alice comprit qu'ils étaient en train de discuter de choses sensibles, Henry et elle ; car lorsqu'elle entra, Lucy tourna vivement la tête et Henry détourna le regard.

_ Henry, tu es réveillé, dit Alice avec soulagement. Comment te sens-tu ? Ajouta-t-elle en s'approchant du lit.

Lucy se recula pour lui laisser la place, et Henry répondit en souriant faiblement :

_ J'ai connu mieux.

_ Ca fait quand même plaisir de ne plus te voir inconscient, dit Alice en prenant ses mains dans les siennes. Bon sang, j'ai eu si peur...

Henry retira ses mains, et dit d'un ton accusateur qu'il n'essayait même pas de masquer :

_ Tu as tout dit à Père.

_ Je n'avais pas le choix, se défendit Alice. J'ai bien cru que tu allais mourir ! Ils ont failli te tuer. D'ailleurs, que s'est-il passé exactement ?

_ Apparemment, tu avais une idée très précise de la question, murmura Henry. Tu as déjà fait le nécessaire pour que Père s'en mêle.

_ Je n'ai dit que ce qu'on m'a raconté, répliqua vertement Alice. Alexander et Oliver ont suivi Sophie, et l'un d'eux t'a tiré dessus pour des raisons évidentes. Oliver, n'est-ce pas ?

Henry regarda Alice un instant, les yeux vitreux ; puis il répondit d'une voix faible :

_ Perdu. C'était Alexander.