_ Il a été tout bonnement insupportable ! conclut Sophie cet après-midi là, face à Lucy.
Toutes deux s'étaient retrouvées dans le parc arboré de Charleston, profitant de la fraîcheur apportée par les fontaines ; l'atmosphère était lourde et pesante, un été brûlant s'installait doucement mais sûrement, et les deux jeunes filles mourraient de chaud dans leurs robes longues.
Elles étaient accompagnées par deux esclaves des Jenkins, deux hommes à qui John Jenkins avait confié la tâche de protéger sa fille, depuis l'incendie. Dès lors, quasiment toutes les sorties de Lucy se faisaient accompagnées de ces hommes. Quasiment toutes.
_ Il ne va rien dire à Oliver, ou ton père ? interrogea Lucy.
_ J'ai réussi à l'en dissuader pour l'instant, argumentant que tu serais très mécontente s'il s'en mêlait, dit Sophie. Mais depuis, il ne m'adresse plus la parole sauf pour me demander où j'ai passé ma journée.
Cinq jours s'étaient écoulés depuis que Alexander avait surpris Henry et Sophie ; depuis, Sophie n'avait reçu qu'un seul message de Henry, disant qu'il valait mieux qu'ils évitent de se voir quelques jours pour faire taire les soupçons d'Alexander. Cela ne plaisait guère à Sophie, d'autant plus qu'elle venait d'apprendre que la fête donnée pour les fiançailles de Helena et Henry aurait lieu la semaine suivante ; ce que Henry n'avait pas eu le temps de lui dire. Et qui plus est, les Menedis étaient invités. On ne pouvait pas dire qu'ils appréciaient les Ferewoll, mais ils entretenaient des relations cordiales, et tout le gratin de Charleston serait présent chez les Ferewoll pour cet évènement.
_ Et tu n'as pas revu Henry depuis, remarqua Lucy en voyant l'air désappointé de son amie.
_ Je le verrai de toute façon demain soir, répondit Sophie. A l'opéra. Tout le monde va voir ce spectacle.
_ Oui, et tout le monde te verra lui parler, remarqua Lucy. Tu sais bien que ce ne sera pas le meilleur moment...
_ Ce sera le seul avant ses foutues fiançailles ! rétorqua Sophie d'un ton amer.
Lucy regarda son amie avec compassion, puis son regard fut attirée par la venue d'un jeune homme, droit vers eux ; elle soupira, et maugréa entre ses dents :
_ Ton frère bien aimé arrive justement par ici...
_ Je suis certaine qu'il me surveille, pesta Sophie.
Alexander arriva à cet instant à leur hauteur, et ignorant Sophie il dit en prenant la main de Lucy entre la sienne :
_ Bonjour, belle Lucy.
Il lui fit un baisemain, mais Lucy retira négligemment sa main et répondit :
_ Bonjour, Alexander. Que fais-tu par ici ?
_ Oh, je veille sur ma sœur, répondit naturellement Alexander.
Sophie ouvrit des yeux ronds et rétorqua, scandalisée :
_ Tu me surveilles, sérieusement ? Tu es dingue ou quoi ?
_ Je m'assure que tu respectes notre engagement.
Sophie le fusilla du regard et s'apprêta à rétorquer quelques réflexions bien senties, mais Lucy la devança et demanda à son futur fiancé :
_ Alors, Sophie m'a dit que tu savais pour William Karevell et l'incendie ?
_ Je te trouves bien calme par rapport à cette affaire, dit Alexander. Et surtout, bien trop encline à en discuter avec Henry Karevell.
_ Henry m'est d'une grande aide pour trouver des preuves et des témoignages, assura Lucy. Contrairement à ce que tu penses et dit à Sophie, c'est quelqu'un de bien.
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Les Colonies
Ficción históricaComme beaucoup de familles anglaises, c'est confiants et sûrs d'eux que les Karevell quittèrent l'Angleterre pour la Caroline du Sud afin de profiter des richesses des colonies britanniques, en plein cœur du XVIIIème siècle. Henry Karevell pensait...