Très loin de se douter du tour qu'avait pris la discussion entre Lucy et Alice, Henry savourait ces quelques instants volés avec Sophie.
Ils avaient peu de temps cependant, et Sophie ne tarda pas à dire tout ce qu'elle avait sur le cœur :
_ Tu m'avais parlé de partir ensemble, tu te souviens ? demanda-t-elle après l'avoir embrassé, dès qu'ils eurent trouvé un coin loin de tous les regards indiscrets.
_ Tu l'envisages vraiment, alors ?
Sophie acquiesça et Henry sourit largement ; il prit ses mains entre les siennes, et dit à voix basse :
_ Dans ce cas, nous pouvons commencer à imaginer quelle destination, et une date de départ. Je sais que tu veux attendre que l'affaire de l'incendie soit résolue, mais rien ne nous empêche de planifier les choses. Cela va demander beaucoup de préparation. Je pourrais demander de l'aide à James Lovaton lorsqu'il sera rentré...
_ Fais ce qu'il faut, dit Sophie d'une voix douce. Mais fais-le. Je te suivrai sans hésiter.
Henry prit son beau visage entre ses mains et l'embrassa tendrement ; Sophie lui rendit son baiser, un baiser très sage et chaste d'abord, puis plus passionné, plus langoureux.
Il embrassa son cou et revint vers sa bouche, leurs lèvres se cherchant et se retrouvant avec délectation ; Sophie soupira de bonheur et murmura :
_ Si seulement nous pouvions nous retrouver dans un endroit où nous serions vraiment seuls, très longtemps... J'aimerai tellement passer plus de temps avec toi.
_ Moi aussi, dit Henry. Je te promets que nous passerons nos vies ensemble, Sophie. Peu importe le temps que cela prendra, je t'épouserai.
Sophie sourit et l'embrassa à nouveau, sans se soucier et sans même voir la personne qui les observait, un peu plus loin.
Lucy avait dit à Alice qu'elle allait faire le guet pour Henry et Sophie, et sans attendre de réponse elle était partie ; elle ne savait même pas pourquoi elle voulait faire ça, car ce qu'elle avait sous les yeux lui tordait les entrailles. Henry et Sophie s'aimaient tous les deux passionnément, et elle, elle... Personne ne l'aimait comme ça. Si, Alexander peut-être, mais ce n'était pas partagé. Et c'était ce qu'elle voulait vivre...
_ Tu fais le guet pour eux, maintenant ? demanda soudain une voix derrière Lucy.
Elle se retourna brusquement et vit Alexander derrière elle, qui regardait vers le coin où Henry et Sophie s'étaient réfugiés ; de là où il était il ne pouvait pas voir leurs embrassades, mais il était loin d'être idiot et s'il s'approchait encore un peu, comme Lucy, il verrait tout.
_ Il faut que tu arrêtes de vouloir protéger Sophie comme cela, dit Lucy en l'entraînant plus loin.
_ Je ne peux pas la laisser gâcher sa vie ainsi ! protesta Alexander. Je trouve que tu es une amie très loyale et c'est une qualité appréciable, mais je ne les couvrirai pas. Je ne fermerai pas les yeux. J'ai déjà mis en garde Henry !
_ Il s'en moque ! répliqua Lucy. Il l'aime !
_ Il se moque aussi de faire face à Oliver ? Car ce qu'il ne sait pas, c'est que je le protège d'Oliver en faisant ça ! Il pourrait le tuer, rien que pour avoir posé les yeux sur Sophie. Tu le sais.
Lucy croisa les bras et ne répondit pas ; Alexander s'approcha plus près d'elle, un peu trop près, et dit doucement :
_ Je comprends que tu veuilles aider Sophie, c'est ton amie. Mais Sophie souffrira de cette histoire. Ni Oliver, ni mon père n'approuveront. Autant les dissuader de continuer tout de suite.
VOUS LISEZ
Les Colonies
Historical FictionComme beaucoup de familles anglaises, c'est confiants et sûrs d'eux que les Karevell quittèrent l'Angleterre pour la Caroline du Sud afin de profiter des richesses des colonies britanniques, en plein cœur du XVIIIème siècle. Henry Karevell pensait...