Je me suis réveillée tard le lendemain matin. J'avais mal au ventre à cause du mélange de chocolat, de pop-corn et de reste chinois.
- Bien dormis marmotte ? m'a demandé mon père quand je suis descendue à la cuisine.
- Je me suis endormis tard, me suis-je sentie obligée de justifier.
La boite de galettes de maman était posée sur la table et déjà bien entamée. J'en ai pris une en guise de petit déjeuner et me suis assise sur le divan à côté de The King qui ronflait les quatre fers en l'air.
- Ellen te demande de remercier ta mère.
Perfide menteuse, ai-je pensé en sachant qu'elle prenait toujours les intentions de ma mère pour des affronts... Elle n'avait pas tout à fait tort.
- Ma mère me demande de lui dire qu'elles sont faîtes maison.
- Ellen n'est peut-être pas bonne cuisinière, a admis mon père, mais elle a une patience à toute épreuve.
J'ai tout de suite compris qu'on ne parlait plus de cuisine.
- Ça va mieux ?
- Comme tu le vois, je suis debout, a répondu fièrement mon père en agitant ses jambes.
- Je ne parlais pas de ça. Toi, tu vas mieux ?
Un silence pesant s'est installé entre nous avant que mon père se décide à répondre.
- Je fais de mon mieux pour reprendre le dessus, mais ce n'est pas tous les jours facile. Ce n'est pas facile de ne plus être bon à rien et de vivre au crochet de sa femme.
Je n'ai pas dit le fond de ma pensée. Le fait qu'il avait toujours un peu vécu au crochet d'Ellen par exemple. Comment avec son salaire de misère il aurait pu payer les frais du manoir et les factures.
- Maintenant c'est Ellen et Blaine qui paient tout. Blaine qui gagne l'argent de son père et qui remplit notre frigo. C'est même lui qui a payé la facture d'hôpital, a-t-il craché amer.
- Il l'a sûrement fait de bon coeur, ai-je tempéré.
- Oui, sûrement. Ce n'est pas un mauvais garçon. Je suis certain qu'il n'a aucune arrière-pensée quand il fait ça. Mais c'est gênant Catherine. Je ne suis plus qu'un vieux grabataire.
- Moi j'y vois du positif. Blaine gagne en maturité. Il apprend la valeur de l'argent. De l'argent qu'il gagne en travaillant et tu en conviendras, un travail pas facile. Il voit les difficultés de la vie des gens normaux. Ceux qui ne naissent pas héritiers.
Papa a semblé réfléchir un instant à mes propos.
- Tu as peut-être raison, a-t-il fini par dire.
- Evidemment, j'ai toujours raison, ai-je répondu en posant ma main sur ma poitrine comme le faisait souvent Ellen.
Papa a rit à en pleurer tandis que je continuais d'imiter les attitudes maniérées d'Ellen.
- Arrête où je vais finir par me faire dessus, a-t-il dit en s'essuyant les yeux.
Je me suis levée pour préparer du thé tout en m'informant d'où était passée toute la famille.
- Ellen fait du shopping, Maisie est chez une amie qui a des examens de rattrapages à réviser et Blaine, je crois qu'il commençait à six heures ce matin. Il devrait rentrer vers dix-huit heures. Tu es donc seule avec ton vieux père.
- Mon vieux père verrait-il un inconvénient à ce que je le laisse seul pour aller faire un jogging ?
- Non, tu as raison d'y aller maintenant, il va sûrement pleuvoir cette après-midi, a-t-il dit en vérifiant sur son application météo.
VOUS LISEZ
Entre deux mondes - Tome 1
RomanceEntre l'Irlande et l'Ecosse, l'amour naissant de Catherine et Blaine se doit d'être secret. En effet, le père de Catherine s'est remarié avec la mère de Blaine et s'ils ne partagent pas le même sang, ils ont peur du scandale que cela pourrait provoq...