Chapitre 29

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Je n'avais presque pas dormis, à peine somnolé. Chaque fois que le sommeil menaçait de m'engloutir, mon cerveau envoyait une décharge d'adrénaline à mon corps et je me réveillais en sursaut, le coeur battant à tout rompre et le dos trempé de sueur.

Il était encore tôt mais je savais déjà que le ciel resterait aussi sombre que mes pensées. Le feu s'était éteint pendant la nuit et il faisait frais dans le cottage mais beaucoup moins que dehors où le vent s'était remis à hurler en faisant trembler la bicoque. 

Je n'avais la force de rien. Ni de me lever, ni de manger, ni d'appeler un taxi. De toute façon le réseau était tellement mauvais que je n'aurais sûrement pas le temps d'expliquer au chauffeur comment il devait faire pour arriver jusqu'ici que l'appel serait déjà coupé. 

Mon esprit était si engourdi que je ne parvenais plus à me rejouer la scène d'hier. Les scènes de ces derniers jours à vrai dire. 

J'ai tout de même fini par prendre mon courage à deux mains pour me lever et aller dans la salle de bains. Je me suis demandée qui était cette fille qui me regardait dans le miroir. Elle avait de grosses cernes noires sous des yeux rouges et gonflés. Son visage était pâle comme la mort, son regard vide ne reflétant aucunes des émotions qui lui tiraillaient le coeur et l'esprit.

J'ai pris une douche et je venais à peine de finir de m'habiller quand j'ai entendu des coups à la porte. J'ai d'abord paniquée en me demandant qui c'était. J'étais seule au milieu de nulle part sans réseau et les trop nombreux marathons d'Esprits Criminels que j'avais fait avec grand-père me faisaient imaginer le pire. 

De nouveaux coups ce sont fait entendre et je me suis ressaisie, j'ai pris un couteau dans la cuisine que j'ai caché derrière mon dos et j'ai ouvert.

Quelle ne fut ma surprise de le trouver là, trempé jusqu'aux os par la pluie qui s'était mise à tomber en même temps que mes larmes s'étaient remises à couler pendant que j'étais sous une cascade d'eau froide. 

- Papa ?

Je l'ai regardé comme si c'était la première fois que je le voyais lui et son horrible ciré vert pomme.

- Non pas que je n'aime pas un peu d'air frais mais entre l'exercice périlleux que j'ai dû faire pour arriver jusqu'ici et maintenant la pluie, j'aimerais rentrer Catherine, s'est-il impatienté.

Je me suis reculée sans rien dire pour qu'il puisse passer. Il a retirer ses chaussures et son manteau qui gouttait partout sur le sol.

- On gèle ici, a-t-il dit en se frictionnant les bras. 

- Le chauffage électrique est en panne, fut tout ce que j'ai trouvé à lui répondre.

Il s'est dirigé vers la cheminée pour y allumer un feu avec les restes du petits bois et du papiers que Blaine avait préparés la veille. Mon coeur s'est serré à se simple souvenir et je me suis mordue la lèvre pour ne pas me mettre à pleurer devant mon père.

Il était très rare que nous fassions du feu en été mais ce mois d'août était particulièrement fraise j'ai été soulagée de sentir une douce chaleur envahir le cottage. 

- Viens t'asseoir près de moi, a dit mon père en s'installant sur le canapé. 

Le divan était si bas qu'il s'est enfoncé en faisant de grands moulinets des bras pour retrouver son équilibre ce qui m'a fait sourire bien malgré moi. 

- Que fais-tu ici ? lui ai-je enfin demandé.

Ma voix était rauque et ma gorge sèche me faisait souffrir. J'avais aussi mal à la tête et la dernière chose dont j'avais envie, c'était de me disputer avec mon père. Je priais donc silencieusement pour qu'il ne soit pas venu me sermonner ou me raconter les états d'âme d'Ellen. 

Entre deux mondes - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant