Chapitre 1

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Bonjour à tous et merci de lire cette histoire. Elle se compose de 3 tomes déjà écrit. J'essaierai de publier tous les dimanches. Laissez-moi vos commentaires qu'ils soient bons ou mauvais du moment qu'ils sont constructifs. Bonne lecture =) 
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Quand j'étais enfant, je n'avais que des certitudes. La certitude que mes parents s'aimeraient pour toujours, la certitude qu'avaler un cheveu me tuerait, la certitude qu'il y avait d'un côté le bien et d'un autre le mal.

Je croyais aussi qu'il y avait des fées dans le jardin de mon grand-père et que les gens que j'aimais le plus ne pourraient jamais me quitter.

La première certitude qui s'est fanée fût celle que si j'aimais quelqu'un il ne partirait jamais. J'avais cinq ans quand ma grand-mère maternelle a succombé à un cancer des os. Je me souviens encore de grand-père qui pleurait en refusant de la lâcher tandis que les hommes des pompes funèbres attendaient pour l'emmener et que ma mère et mon oncle le suppliait de la "laisser partir".

"Laisser partir", voilà bien une expression que je n'ai jamais compris. La mort, c'est la mort. On ne part pas, on meurt, point.

Finalement, ce sont les médecins qui ont réussi à calmer grand-père grâce à une piqûre. Quand il a repris ses esprits, j'étais assise à côté de lui. Maman m'avait dit de veiller sur lui pendant qu'elle et son frère s'occupaient "des détails". Les détails étaient une façon détournée de dire les choses sans heurter mon jeune esprit. Comme si la scène du matin quand mon grand-père serait contre lui le corps sans vie de ma grand-mère n'avait pas déjà suffit à me marquer à vie.

Grand-père m'a pris la main et m'a regardé. Ses yeux bleus étaient à la fois tristes, fatigués et usés. J'ai su dès cet instant qu'il ne serait plus jamais le même homme.

La deuxième fois qu'une personne que j'aimais de toutes mes forces est partie, j'avais douze ans. Mon père a quitté ma mère dans un divorce vite réglé, sans cris ni fracas. Il nous a laissé la maison et a accepté de payer une généreuse pension alimentaire pour sa fille qu'il abandonnait pour partir vivre en Ecosse. Il n'a certes jamais rechigné à partager les frais médicaux et scolaires avec ma mère et j'ai toujours eu des cadeaux de Noël ostentatoires, mais je n'ai jamais vraiment digéré le fait qu'il ait ressenti le besoin de quitter le pays et sa famille pour mener la grande vie auprès de sa maitresse, rencontrée quelques mois plus tôt. Si au début j'en avais voulu à cette dernière, les années me l'avait fait apprécier plus que je ne l'admettrai jamais.

J'avais passé presque tous mes étés chez lui, à Inverness, tandis que ma mère restait toute seule à Galway, en Irlande. Il arrivait parfois que mon père me fasse une surprise en venant à l'improviste me rendre visite, mais avec le temps, il l'a fait de moins en moins souvent et plus du tout quand j'ai eu dix-huit ans.

J'aimais aller le rejoindre en Ecosse. Les paysages étaient magnifiques tout comme l'histoire de ses terres qui gardaient à jamais prisonnières les âmes des écossais ayant versés leur sang au nom de la liberté. Au début, il vivait dans une petite maison toute mignonne où j'avais même une salle de jeux. Deux ans plus tard, il a épousé sa maîtresse et emménagé chez elle. Je n'avais plus de salle de jeux mais une chambre dans laquelle pouvait tenir la maison de ma mère. Ma belle-mère qualifiait sa demeure de "maison modeste" là où moi je la qualifiait de manoir gothique.

- Catherine ? a crié une voix depuis le rez-de-chaussée.

Je me suis levée en époussetant mon pantalon. Je m'étais nichée dans le grenier. J'adorais les greniers. J'imaginais toujours qu'il y avait des fantômes. Je leur inventais une histoire que je consignait dans des carnets.

Entre deux mondes - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant