Comme je l'avais prévu la veille au soir, je n'ai pas été au manoir. J'avais tout de même hésité au matin jusqu'à ce que je reçoive un appel de Sophie, la gérante du magasin où je travaillais.
J'allais pouvoir prolonger mes vacances en Ecosse.
J'étais allongé dans le canapé du salon en train de regarder un drama japonais quand mon père est rentré dans la pièce. Il revenait d'une séance de rééducation et était aussi essoufflé que s'il venait de courir le marathon de Londres.
- Il faut vraiment qu'on installe un ascenseur, a-t-il marmonné en s'asseyant dans son fauteuil.
Je n'ai pas répondu. Je n'osais même pas lui parler de la mauvaise nouvelle que j'avais reçue car je n'étais pas certaine de maitriser ma voix. Encore moins si j'allais savoir m'empêcher de pleurer à nouveau.
- Catherine, tu as pleuré ?!
Il n'en a pas fallu plus pour que j'éclate à nouveau en sanglot.
- Catherine, qu'est ce qui ne va pas ?
Il était mi inquiet, mi agacé. Papa ne supportait pas de voir quelqu'un pleurer pour la simple et bonne raison qu'il ne savait jamais quoi dire.
- Sophie m'a appelé ce matin, ai-je dit après m'être suffisamment calmée.
- Sophie du magasin ?
- Elle a mis la clé sous la porte !
Sans surprise, il n'a pas su quoi faire et m'a regardé dépité.
- Oh Catherine, tu n'es pas au manoir, a dit Ellen en rentrant dans la pièce.
Elle s'est laissée tomber avec élégance dans un autre fauteuil. Devant notre silence, elle nous a jeté un regard suspect à tous les deux.
- Il y a un souci ?
- J'ai perdu mon emploi.
La bouche en "o" elle a secoué la tête de droite à gauche sans vraiment comprendre ce que ça signifiait vraiment pour moi. Cela voulait dire plus d'argent pour aider maman à payer les factures, plus d'indépendance financière et surtout devoir se remettre en quête d'un job alors que l'Irlande en manquait cruellement.
- Tu en trouveras un autre, a-t-elle fini par dire avec un geste de la main qui signifiait que ce n'était rien de très grave.
En effet, ce n'était pas très grave quand on était dans la situation d'Ellen. Ellen qui n'avait jamais eu besoin de travailler puisque c'était une héritière en plus du reste. Mais je n'avais pas l'envie et la force de me disputer avec elle pour lui faire comprendre pourquoi pour le commun des mortels, pour moi, même pour son fils qui souhaitait tant être indépendant vis à vis de sa fortune familiale, c'était important. Outre l'aspect financier, il y avait aussi ce besoin de se sentir utile, valorisé. Une fois encore, ma vie échappait à mon contrôle et me faisait perdre pieds.
- Et si tu restais un peu plus longtemps ici ? a suggéré papa.
- Quoi ?
J'y avais bien sûr pensé, mais plus comme une plaisanterie que je me faisais à moi-même.
- Tu devais repartir la semaine prochaine, mais maintenant que tu n'as plus d'obligation en Irlande, reste un peu plus longtemps. Le temps de digérer la nouvelle.
- C'est une très bonne idée, a rajouté Ellen. Tu pourrais rester jusqu'à la fin du mois d'août. Nous y allons chaque année pour y voir le Military Tatoo.
J'ai vu mon père hoché vigoureusement la tête. Il exultait totalement que je reste plus longtemps. Ce n'était pourtant pas comme-ci nous avions passé beaucoup de temps ensemble depuis que j'étais arrivée. D'un autre côté, en plus de faire plaisir à mon père, je pourrais rester un peu plus longtemps auprès de Blaine.
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Entre deux mondes - Tome 1
RomantizmEntre l'Irlande et l'Ecosse, l'amour naissant de Catherine et Blaine se doit d'être secret. En effet, le père de Catherine s'est remarié avec la mère de Blaine et s'ils ne partagent pas le même sang, ils ont peur du scandale que cela pourrait provoq...