Chapitre 24

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29 novembre 1940

Jon est arrivé hier en début de matinée. Il a d'abord été voir ses parents, puis il est venu chez moi un peu avant midi.

Il était si beau et si fier dans son uniforme. Il paraissait encore plus grand qu'avant. J'en suis restée bouche bée.

- Tu vas me laisser rentrer ou je vais devoir rester sur le pas de la porte ? a-t-il plaisanté.

Oubliant la présence de ma mère et de mon frère derrière moi, je me suis jetée à son cou et l'ai embrassé. Baisé qu'il m'a rendu avant de me reposer par terre et de rentrer saluer le reste de la famille.

- J'ai croisé ton père en venant, il allait à la poste.

- Il apportait des oeufs et du lait à une personne du village qui ne sait plus se déplacer.

- Mes parents souhaiteraient avoir Catrina à souper si cela ne vous dérange pas, a dit Jon à l'attention de ma mère.

- Nullement, a-t-elle répondu en souriant. Vous pouvez partir tous les deux si vous voulez. Je suis sûre que vous avez des tas de chose à vous dire. Je m'occuperai de tes corvées Catrina, a-t-elle rajoutée.

Je l'ai remerciée et sans attendre, j'ai entrainé Jon avec moi.

- Quelque chose ne va pas ?

Il s'inquiétait sincèrement et je n'ai pas pu lui cacher ce que je m'étais promis de ne pas lui dire. Il n'y avait plus aucunes marques sur mon visage et la distance qui s'était malgré nous installer entre nous depuis son départ n'ont pas suffi à me faire garder le silence. 

- Catrina ? a-t-il insisté. 

Nous venions de nous asseoir sur le banc qui se trouve devant la roserai de sa mère. Il faisait froid malgré mon manteau, mon pull épais et le plaid que je partageais avec Jon. 

- C'est à cause de moi ?

Il avait l'air d'être sur le point de pleurer. Mon coeur s'est serré mais je ne voulais pas lâcher le morceau. Un peu par honte, un peu par crainte de sa réaction, beaucoup parce que depuis, à chaque fois que les souvenirs me revenaient en mémoire, je rentrais dans une sorte de transe qui me faisait vivre les évènements depuis les yeux d'une autre personne. 

- C'est parce que je me suis engagé ? Tu sais, j'aurais fini par être appelé. Jeremy l'a été.

- Vraiment ? ai-je demandé en levant la tête vers lui.

- Oui. Il a été passer la visite médicale, a rejoint son camp d'entrainement et au moment où son nom a été appelé..., Jon s'est tu.

- Au moment où son nom a été appelé, ai-je répété pour l'inciter à continuer.

- Ma mère ne te l'a pas raconté alors ?

J'ai fait non de la tête. Je n'avais plus été rendre visite aux Findlay depuis ce jour avec le Père James. 

- Je ne sors plus beaucoup de chez moi, ai-je murmuré.

- C'est ce que ton père m'a dit quand je l'ai croisé tout à l'heure. Il dit que tu agis bizarrement. Mes parents aussi le disent, a-t-il rapidement enchainé alors que j'ouvrais la bouche pour l'interrompre. Ma mère dit que tu ne viens plus leur rendre visite ni même leur apporter leur commande à la ferme. C'est ton père qui se charge de tout ça maintenant. Il leur a raconté que tu n'avais ni protesté, ni rouspété quand monsieur Tobias t'a licencié.

Entre deux mondes - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant