Chapitre 7

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Nous fûmes les dernières à nous lever ce samedi là. Il était midi passé quand je suis sortie de la douche pour trouver Maisie à moitié réveillé. Moi je n'avais pas du tout dormis, notre conversation tournant encore et encore dans ma tête.

- Il n'y a plus d'eau chaude, ai-je dit en enroulant une serviette autour de mes cheveux. En fait, il n'y en avait déjà plus quand j'avais de la mousse pleins les cheveux.

- Ils doivent changer le chauffe-eau, a-t-elle marmonné de mauvaise humeur.

Je suis descendue sans elle pour lui laissé le temps d'émerger. William qui m'a croisé en toute hâte dans l'escalier m'avait informé que Travers était partit avec ses frères à un marché artisanal qui avait lieu au centre-ville d'Inverness et que Blaine était déjà affairé aux écuries. Lui même devait partir avec son frère pour rencontrer un investisseur. 

- Je n'ai pas envie de faire quoi que ce soit, a déclaré Maisie qui venait de me rejoindre à la cuisine.

J'étais occupée à laver des fraises en observant par la fenêtre un oiseau qui dansait de branche en branche.

- J'ai l'impression que ce manoir ne sera jamais vide, a-t-elle continué. 

J'avais peur qu'elle me reparle de ce qu'elle m'avait dit la nuit dernière mais elle semblait faire comme-ci de rien était pour mon plus grand soulagement. 

- Moi non plus je n'ai pas envie de faire du rangement, ai-je répondu en lui tendant un bol de fraise. 

- Une balade à cheval ? a-t-elle proposé la bouche pleine.

- En forêt ?

- Je savais que l'idée te plairait. Je vais envoyer un texto à Blaine pour qu'il prévienne Azeem que nous allons monter, s'est-elle enthousiasmée en sortant son téléphone de sa poche arrière. Un cinéma cette après-midi, ça te dit ?

- Maisie, on est déjà l'après-midi, ai-je répondu en pointant l'horloge mural derrière elle.

Elle a grimacé en constatant qu'il était déjà si tard mais il en fallait bien plus pour la décontenancé. 

- Ce soir alors.

- A Inverness ?

- Non, à Londres, a-t-elle répondu comme si j'étais la dernière des imbéciles.

- Très drôle, ai-je rétorqué avec du sarcasme dans la voix. Tu m'as dis que tu allais rester ici toute la semaine, lui ai-je rappelé. 

- Oui, et bien j'en ai marre des courants d'airs et de la poussière. Cette nuit on se serait cru en plein hiver.

J'ai approuvé d'un signe de tête. Le vent avait soufflé fort toute la nuit, refroidissant à une vitesse affolante la chambre.

- Les frais d'isolation vont coûter une fortune à papa mais il est grand temps d'investir pour ça. Je me demande bien comment grand-père et grand-mère ont pu survivre en vivant ici. En plus, a-t-elle continué, avec maman lundi on va aller visiter l'université d'Inverness et celle de Robert Gordon à Aberdeen.

- Ta mère a obtenu gain de cause finalement ?

Maisie devait normalement faire sa rentrée universitaire l'année prochaine, mais elle n'avait pas encore posé son choix sur un programme particulier ou une université. Du moins, c'est ce qu'elle laissait entendre mais j'avais bien compris que ses silences gênées lorsque nous en parlions dissimulait autre chose. 

Elle avait fini par admettre qu'elle voulait aller étudier à Londres mais elle n'en avait pas encore parlé à sa mère. Cette dernière avait dû mal à laisser partir sa fille loin d'Inverness et elle faisait donc naturellement pression pour que Maisie choisisse une université proche de chez elle. 

Entre deux mondes - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant