XXI - (T) 'ouvrir au monde.

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A moi, Toi, celle d'hier. 2022.

Nouvelle année et t'as déjà pleuré. C'est pas un peu dramatique comme entrée? Je sais bien que t'as mal, mais tu me fous la haine. Qu'est-ce qu'on en a à faire de tout ça, hein?

Regarde toi, t'essaies de plaire à tout le monde, au final qui te le rend? Personne.

Rappelle toi de ce moment, rappelle toi de la solitude que tu ressens. Et tu vas continuer à leurs offrir du temps, de l'attention, de l'affection? Je t'en prie...

Tu me trouves souvent trop dure, trop méchante, mauvaise, anormale, et horrible. Et je te trouve plus que lâche, inutile, ennuyeuse, fatigante, chiante, et j'en passe. Je sais que j'oublie un peu trop souvent que tu souffres autant. Mais moi aussi! Moi aussi j'ai mal parfois, pour moi aussi c'est difficile de rester là. Surtout quand je vois à quel point rien ne s'améliore.

On ne s'aime pas, c'est un fait. On ne s'entend pas, et on n'a pas envie de le faire. Mais est-ce qu'on ne pourrait pas, parfois, se rendre la tâche un peu moins difficile? Au lieu de se faire du mal, faisons en aux autres.

Tu as le droit de leurs dire qu'ils sont cons, à ceux qui te rient au nez quand quelque chose ne nous convient pas. T'as le droit de dire non et que ce soit respecté. T'as le droit de vouloir qu'on te traite bien, sans qu'un abrutit te fasse croire le contraire!

C'est ça ton problème, tu ne m'écoutes jamais.

T'es toujours là, des étoiles dans les yeux, à vouloir croire aux contes. On a grandit. Quand j'essaie de te soigner, de t'endurcir, tu arrêtes pas de gigoter. Ça nous coûterait quoi d'aller bien, au moins quelques jours dans l'année? Tout le monde court après le bonheur, toi tu le fuis. Et après je dois essuyer tes larmes parce que tu regrettes.

J'ai souvent voulu te faire disparaître, mais je me condamnerai avec. Je voudrais te quitter, mais il n'y a que les autres qui ont le droit de le faire. (Et ils le font tous jusqu'ici, alors réveille toi un peu)

Et si une fois dans notre vie on s'aimait? Entre nous. On s'en fout des autres, c'est des cons. Viens on s'aime. On se rend heureuses ensemble. Comme avant, quand on avait six ans. Tu te rappelles quand on avait pas d'amis, et qu'on jouait toutes seules? Viens on joue aux adultes épanouies dans leur cour de récrée? Viens on construit des trucs qui nous font rêver, qui nous font peur, mais qui pourrait nous faire vibrer? Viens on profite un peu, parce que vingt-cinq ans c'est arrivé vite.

Tu t'en rappelles de nos dix-sept ans? On y était finalement pas si mal, hein? C'est encore pire aujourd'hui. Mais on a perdu les gens qui nous aimaient un peu. Pourquoi il faut toujours que tu bousilles tout? Laisse le vase se briser seul, pas besoin de le pousser. On sait jamais, peut-être même qu'il ne croisera pas le sol. T'es trop pressée d'être malheureuse pour pas que le bonheur disparaisse. T'es bête ou quoi?

Je te comprends au fond, je sais ce qu'on vit. Mais tu m'énerves. On pourrait avoir le monde à nos pieds, debout sur une montagne et sauter les yeux fermés dans un futur meilleur. Toi tu gommes la montagne, le futur, le bonheur, le vide, la vie. Tu fais comme eux, tu nous enfermes sous une cloche et tu nous punis.

Est-ce que tu te rends compte que tous ceux qui nous ont détruits sont presque plus là? Ils ne peuvent plus rien contre nous.

Alors laisse moi être heureuse.

Laisse moi aimer la vie si tu préfères t'en détacher.

Laisse moi vivre pour toi, pour moi, pour nous d'hier et surtout celle qui sera là demain.

Désespérément,
Toi.

La rose et les épines.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant