La rose et les épines.

VII - (A)dieu.

Notes manuscrites sur un carnet bleu.

[...] ça n'a pas trop de sens, mais il est tard alors le bon sens m'a quitté je crois.

(Gribouillis sur 3 lignes)

J'imagine souvent les gens comme étant des roses. A chaque épreuve, la vie leur arrache un pétale et met leur cœur à nu. Si je suis une rose, A m'a coûté beaucoup de pétales. Peut-être une dizaine.

Pétale 1: quand il a commencé à m'adresser des mots bien moins sucrés. (Pourquoi l'amour et la haine ne sont séparés que d'un pas? Moi, quand j'aime les gens, j'installe un escalier. Mais ils le grimpent vite ces enfoirés). Je ne me suis jamais adressé de belles paroles, pourtant quand d'autres le font, j'ai l'impression de ne pas les mériter. Il a mis du poil à gratter sur mon cœur, ça démange les mauvaises intentions.

Pétale 2: la première fois où il a dit regretter de m'aimer. Ça se passera de commentaire, ça s'est juste envolé dans l'air, le petit morceau de fleur a fait pleurer bien longtemps le coeur qu'il cachait.

Pétale 3: toutes les fois où j'ai dû rire alors que je voulais pleurer, tous les maux qu'il m'a adressée pour « rigoler ». Sous des pairs d'yeux mal à l'aise, pendant des soirées, sur la terrasse d'un café. Nos rires étaient gênés, mon cœur sans doute bien plus. J'ai vu l'amour devenir méchanceté dans le regard de celui que je pensais être en train de me sauver.

Pétales 4 à 8: les non forcés à être des oui. Plein de pétales en moins retirés par la « passion ». (Voleur, rends moi ma valeur)

Pétale 9: quand il disait m'aimer mais qu'il en aimait une autre. Quand sous mes yeux, la guêpe a piqué mon âme. Tombé pour un rouge à lèvres rouge et un parfum entêtant. On aime pas les gens aussi mal sans en être conscient. J'étais censée être l'amour de sa vie, surtout quand il rêvait des draps d'une autre fille. (Enfoiré x2)

Pétale 10: toutes ces fois où le mensonge m'a été dit, d'iris à iris (j'aurais pu en faire un bouquet). La rose s'est mise à geler, et il continuait à baratiner. Qu'est-ce qu'on n'abandonnerait pas pour l'espoir d'un coup tiré? La dignité, la loyauté, la vérité, l'intégrité, tout, tout, tout. J'ai vu ses yeux gris tourner à l'orage, quand il a compris que j'avais tout deviné. (Merci aux meilleurs amis infidèles, qui vont avec les copains infidèles. Vendre un frère pour être bien vu, on fait même pas ça dans la rue. M'enfin, moi ça m'a bien éclairée). J'en ai entendu des mensonges suivre les courants d'air, mais aussi peu crédibles c'était une première.

(Quel con. Quel con. Quel con. Quel con. Quel con.)

À A, avec toute ma rancoeur.

Quel con. T'es vraiment trop con. J'ai même pas envie de t'écrire de belles choses, ou d'en garder quelque chose de bien. T'as tout fait moisir. T'es la pomme pourrit au milieu de mon arbre, qui entache tous les fruits. T'es le renard qui tue les poules, le loup qui souffle sur les maisons des petits cochons.

Ça avait bien commencé, et regarde comment t'as tout gâché. Je veux bien être coupable de beaucoup de choses, mais pas de ça, pas cette fois. Je t'ai pleuré pendant longtemps, tu ne méritais même pas une seule de ces larmes. T'es toutes les épines d'un rosier, et t'as déchiré les fleurs. Elles étaient pas blanches comme neige, mais certainement pas aussi sombres que tu l'as dit.

Si c'était à refaire, je ne t'accorderai pas un sourire. Je ne rirai pas à cette blague que tu m'avais faite. De tout mon cœur et de toute mon âme, je regrette de t'avoir laissé détruire mes plus belles fleurs. Elles avaient de l'avenir, peut-être même avec un autre. Chéries dans une jolie roseraie, par quelqu'un qui serait capable de les apprécier. Maintenant j'ai peur dès qu'on essaie de les approcher. Rosier devient cactus, plus une seule fleur n'arrive à pousser.

C'est dans un désert sentimental que je me suis enracinée.