XXXI - (W)agon vide.

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À W, une parenthèse surprenante. 20??

Bienvenue dans ce carnet. Ce n'est pas nécessairement une bonne chose pour tous. Mais toi, pour le moment, ça va. Tu ne fais pas parti des crush ou des petites amourettes, ni des amis déchus.

C'est plutôt l'histoire de deux âmes seules, qui souffrent d'un vide dans le cœur. Alors, d'un commun accord, elles le remplissent avec tout ce qui passe: conversations sur les tracas, nuits agitées d'angoisses calmées par de l'affection, une présence sans grand sens mais avec de l'impact, et une sincérité qui donne l'illusion de ne pas être seul.

Il n'y a pas de barrières, sauf celles du mensonge ; surtout, ne pas changer nos plans mais donner l'impression qu'ils n'existent pas. On fait comme on peut, n'est-ce pas?

As-tu déjà été à bord d'un train plein avec un wagon vide? C'est un peu l'impression que me donne le fait d'être en vie, ces derniers temps.

Le monde existe autour de moi, ils s'entassent tous dans les rames et la mienne semble invisible. Je suis assise, seule, jour et nuit, quand je les vois être debout se tenant aux barres ou assis à rire. Les lumières s'allument dans leur wagon, un de chaque côté de moi, et je reste dans le noir pendant toute la traversée du tunnel. La seule lueur qui existe, c'est celle qui provient de leur monde. Alors, je fixe les néons au dessus de moi, qui clignotent. Désespérant de ne pas être fonctionnels.

D'être dysfonctionnelle.

Et puis, d'un coup, t'étais là, en face de moi. On est comme séparés par deux univers, simplement on partage, pour l'instant, le même désespoir. On est plongés dans le noir. De ton côté, quelques lumières sont allumées. Alors, je t'ai remercié, car finalement, comme ça, j'ai un peu de jour quand il fait trop sombre.

Et tu m'as dit de ne pas te remercier, qu'avant que j'arrive, c'était impossible de les faire marcher.

Alors, au fond de moi, j'ai souri. Car, à demi mots, tu m'as rassurée ; j'ai ce soleil en moi qui n'a pas cessé de briller. Et qui, même, éclaire les autres.

On comble le vide, on le nourrit d'une présence qu'on sait limitée mais qui, pour le moment, est un bon substitue à la solitude.

Et j'ai entrevu mon pouvoir ; je suis dans le noir pour briller plus fort.

La rose et les épines.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant