XXVI - (L)'illusion.

17 4 6
                                    

À L (pas un L pour rattraper l'autre...)

J'allais très bien avant que tu n'arrives. Ou peut-être que ce n'était pas vraiment le cas, mais du moins j'arrivais à m'en persuader. Je m'habituais à ma présence, à ma compagnie, à ce vide et cette solitude qui me tiennent chaud la nuit. J'avais pas envie qu'on me dérange, j'étais bien assise dans une routine de cinquantenaire, entre le métro, boulot, dodo.

J'appréciais sentir le soleil sur ma peau, sans avoir à me demander si demain d'autres yeux me trouveront toujours à leur goût.

Je déteste devoir me soucier du regard d'un être plus que d'un autre. Et ces pupilles bleutés, absolument magnifiques, me donnent envie de hurler. Et puis ces mèches brunes un peu bouclées...

Être seule me permet d'oublier que je n'arrive pas à faire autrement que souffrir lorsque j'accorde de l'importance à quelqu'un. Un humain se détache de la marée et d'un coup c'est comme si tout m'agressait. Je suis dépourvue de mon bon sens habituel, je ne respire que pour avoir de ses nouvelles, je n'existe qu'à travers ses prunelles. C'est ce que je déteste le plus chez moi ; brûler d'envie pour l'approbation de quelqu'un d'autre.

C'est pathétique, et toi t'es déjà passé à autre chose. Moi j'attends encore de ressentir cette osmose quand tu me reparleras.

Je te déteste.
Surtout, je me déteste moi, de soudain entrer en rivalité avec moi-même pour essayer de plaire à quelqu'un qui me brisera le cœur.

La rose et les épines.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant