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Souvent j'écris lorsque que je n'ai personne à qui adresser certains mots. Ou alors lorsqu'ils seraient trop durs à dire à leur destinataire.

Le plus clair de mon temps, je le passe seule. Il y a des jours où ça va, et des jours où je me noie. Des jours où je crève de pouvoir sentir la chaleur d'un autre corps, et d'autres où j'étouffe seulement avec le mien.

Souvent dans ma tête c'est le bordel, pourtant les voix résonnent comme dans une grotte vide. Je me sens tellement seule parfois que je m'imagine une vie, dans laquelle je ne suis pas esclave de la solitude, mais maîtresse d'une grande destinée. Tellement pathétique de s'endormir chaque soir en essayant de se convaincre soi-même, que non, ce n'est pas grave si personne ne m'aime.

Quelques fois j'ai la migraine à force de trop vivre. J'existe tellement que j'en meurs. D'autres fois je suis si abattue et léthargique, que mon corps hurle d'une douloureuse tristesse.

Quand je vois le bonheur des autres, soit je m'exclame de joie pour eux, d'autres je ne peux pas faire taire cette impression amère, que moi... moi j'ai beau faire tous les efforts du monde, je ne soulève jamais rien de terre. Alors je souris, j'acclame discrètement, et je pleure en rentrant.

Les larmes sont ce qui fera pousser mes plus belles fleurs, celles qui entoureront un chemin vers mes meilleurs moments. Et si... si j'étais déjà passée dedans? Et si je l'avais déjà terminé? Et si le bonheur que j'attendais était déjà passé? Et si finalement, je l'avais loupé?

Ce soir je broie du noir parce que j'ai été bien. Et un couple devant moi s'est embrassé. Et des amis s'amusaient dans un parc. Et des gens se saluaient avec de grands gestes. Et des enfants hurlaient de bonheur dans la recrée. Et je suis rentrée chez moi, il n'y avait que le silence qui m'attendait.

J'essaie souvent de me convaincre que même si je n'arrive jamais à être heureuse et à être aimée, ce n'est pas grave, ce n'est pas grave, parce qu'il faut continuer. Continuer de se battre, continuer d'espérer. Mais il y a une gangrène en moi que je me tue a repousser. Ça fait dix ans, dix ans de torpeur, dix ans de souffrance, dix ans d'errance. Et même si je hurle à l'intérieur que c'est rien, ça va passer... ça fait quand même un jour de plus que je passe à pleurer.

La rose et les épines.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant