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Je m'écris souvent, comme ça il n'y a pas que moi que je trouve timbrée, mes lettres le sont aussi. Je me tais depuis un bon nombre d'années mais jamais je n'ai rien oublié. Un carnet de dettes dans la tête, je tiens les comptes. C'est un paradis artificiel pendant les repas de famille, des sièges vides pour ceux qu'on a enterrés ; des langues de bois dépourvues de papilles, ça crache volontiers sur leurs dos au souper.

J'ai rien oublié,
J'écris ma prochaine histoire.
Le sang qui boue quand je pense à me venger,
J'en suis le plus bel espoir.

Regarde moi grimper à l'arbre pourri
Pour aller décrocher les pommes noircies
Par l'argent, la vanité et l'hypocrisie.
Je ne vaux pas mieux qu'eux,
C'est bien pour ça que je le peux.

Entre hyènes, plus rien n'est interdit
Les crocs plantés dans leurs mensonges,
Faire gicler le venin sur les pissenlits.
J'arroserai ta tombe, maman, de mes songes.

Les ongles abîmés à force de gratter dans la boue, je rampe à des pieds bien plus sales que moi. Ils riaient en nous voyant à terre, mais on sait creuser des galeries. Sous terrains qui mènent à la réussite, je prends un raccourci sous leurs yeux ébahis. Ils applaudissent faussement ce qu'ils moquent en appelant « génie », parce qu'on est obligés de mimer des politesses. Mon cœur en panne d'essence, j'aime à sec. Drainée comme les lacs sous la canicule, ça fait ressortir mes ressentiments.

Maman est partie trop tôt parce qu'on l'a fait souffrir. Je ne serai pas l'héroïne du conte, j'ai été élevée comme une antagoniste. Leur emprise je ferai mourir, parce qu'à la fin de la partie, sur l'échiquier, une seule reine termine la partie.

54 cartes, j'en suis le joker, que des pions sur le plateau et je fais tomber tous les fous.

La rose et les épines.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant