XV - (T)out sauver.

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T, 2022.

Ça fait un moment maintenant que j'oublie que tu me manques. J'pense que j'ai vraiment déconné cette fois, pas vrai? On était que des gosses à l'époque et j'crois que je suis restée coincée dans le passé quand toi t'as commencé à avancer en me disant que t'allais t'éloigner.

Je suis aujourd'hui assez incapable de t'adresser le moindre mot. Je ne sais pas exactement ce que je voudrais te dire, peut-être parce que notre amitié est muette maintenant, je la vois s'effacer et seuls les souvenirs résistent. Tous ces mots que l'on s'est adressés, tous ces moments que l'on a passés, toutes ces promesses que l'on a cassées.

Malgré tout ça, malgré la colère, la peine, la rancœur, la douleur... malgré tout, j'oublie à quoi je ressemblais quand t'étais là, parce qu'au fond, je crois, que je me suis perdue depuis bien des années. Il s'en est passé des choses, tout a changé et seul le désespoir n'a pas déserté, nous laissant prisonniers de ces cicatrices qu'on essayait de cacher quand on se racontait tout ce qui nous arrivait. Aujourd'hui, je ne saurais plus quels mots t'adresser...

Et il y a des mots, tu sais, que l'on n'arrive plus à dire. Parce qu'ils ont été tus ou un peu trop dits. Dans notre cas, je pense qu'on a détruit ce qu'on avait de plus vrai, ou peut-être étais-je la seule à placer en cette amitié des espoirs égoïstes et névrosés. Mais c'était pourtant l'une des rares choses qu'il me restait.

Alors nous y voilà aujourd'hui, bien des années après, et je ne sais même plus qui tu es. Si nous devions nous recontacter, je pense qu'un inconnu répondrait à ta place. Il y a des liens qui se brisent dans la vie et qu'on ne saura jamais réparer.

T'étais tout mon monde, puis un jour, il s'est arrêté.

C'est de ma faute, c'est crétin de faire ce genre de chose, mais la vérité c'est qu'avec toi j'avais l'impression d'exister. Comme si quelque part, t'étais un peu mon miroir. Je l'ai brisé, je me suis maudite et condamnée.

Je donnerai n'importe quoi pour avoir dix-sept ans à nouveau et rire avec toi. Mais le quart de siècle est passé, j'suis contrainte de continuer sans ça. Mon coeur tressaute sous les remords et les regrets, j'voudrais tellement pouvoir trouver les mots justes, te les offrir et qu'ils soient suffisants. Mais ça n'a jamais été le cas, pas vrai?

« Et parfois, il est trop tard. L'amour ne peut pas tout sauver tu sais. »

Je sais.

Je sais.

Et pourtant, j'croyais vraiment qu'on avait plus de chances de survivre à cette amitié qu'à la vie.


T'as choisis la vie et moi...

J'ai oublié.

La rose et les épines.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant