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Je n'ai pas souvenir d'avoir déjà rencontré quelqu'un comme toi un jour. De me sentir autant sereine, autant animée, autant moi-même. Et pourtant, finalement, aussi stressée que tout bascule dans le chaos. J'ai connu ça tellement souvent, tu sais, les larmes, les cris, l'abus et la violence... que maintenant, même ce qui fait du bien me semble être un poignard suspendu. Attendant son heure, guettant le moment le plus opportun pour déchirer le peu qu'il reste.

C'est très étrange cette façon que tu as de me rassurer sans même que j'ai besoin de te le demander. J'ai été habituée à devoir subir le jugement sur tous ces questionnements incessants qui me vrillent la tête. Sans même vraiment les connaître, tu les anticipes en essayant de les couvrir de douceur et de bienveillance.

De quel bois es-tu fait? Vas-tu réchauffer mon cœur ou le mettre à feu et à sang?

Tu sais, on m'a appris que la gentillesse était le piège le plus impitoyable. J'ai été élevée à l'envers, où les « je t'aime » servaient à tuer, et les insultes à se sauver. Plus les mots étaient tranchants, plus tu avais une chance d'en réchapper à peu près en entier. Mais ce n'était pas toujours vrai, pas avec une sensibilité qui m'a pousser à aimer plutôt que haïr.

Je ne suis pas encore prête à te dire toutes les choses sombres et affreuses que je tente, tant bien que mal, de retenir. Sans arrêt elles essaient de s'enfuir et de sauter à la gorge des gens après avoir broyé la mienne. De faire fuir ceux que je voudrais voir rester, de faire souffrir ceux que je voudrais aimer. Je suis défectueuse, et pourtant, même si tu sembles l'avoir décelé, tu n'en parles pas. Tu déposes des mots de miel sur mes plaies pour les faire cicatriser.

N'est-ce pas déjà un peu trop, cette façon de te parler? Il faut prendre du temps, en laisser au temps, autant qu'il en faut pour que ça fonctionne au moins un instant. On est loin de tout ce qu'ils appellent les sentiments, l'amour ou ces choses qui n'ont plus vraiment de sens à mes oreilles.

Pourtant, je crois que la chose la plus sincère que je voudrais déjà pouvoir t'adresser c'est que l'affection que je te porte est importante. Au point de vouloir connaître toutes les choses amusantes de ce monde pour pouvoir entendre à longueur de temps tes éclats de rire. Ne vivre que le matin pour entendre cette voix qui n'appartient qu'à cet instant. Capturer tous les couchers de soleil pour pouvoir te les montrer. Te faire sourire sans arrêt pour que ton monde n'arrête jamais de tourner. Oublier toutes les musiques jamais jouées et t'entendre à la guitare, que ça devienne les plus beaux sons que j'aurais jamais entendus.

Je ne veux que des choses simples et légères, douces et apaisées à tes côtés. Oublier que j'ai un jour connu le chaos et découvrir ce qu'est vraiment la sérénité. Savoir que demain, je pourrais à nouveau t'écouter me raconter tes journées.

Je voudrais bien qu'un jour, tu vois, cette blague que dans 10 ans on sera inséparable de bien des façons, puisse vraiment exister.

Mais je ne veux pas me précipiter. Pour une fois, j'aimerais que chaque seconde ait le goût de l'éternité.

La rose et les épines.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant