La rose et les épines.

V - (T)'es partout.

« L'amitié est une âme en deux corps. » — Aristote

À T, de tout mon cœur. 2021.

Hier j'ai pensé à toi. C'était pour un truc débile, j'ai vu un porte-clefs poussin et je me suis rappelé cette nuit, où on se racontait nos vies. Je t'avais parlé de ma mère, et de sa façon de m'appeler poussin quand j'étais gosse (et surtout quand je le voulais pas).

Tu te rappelles quand on s'est dit qu'on s'aimait pour cent mille million de personnes? Parce qu'on était comme ça quand on était jeunes. On croyait vraiment qu'on resterait amis jusqu'à la fin. Tu me racontais qu'on ferait du fauteuil roulant ensemble quand on serait vieux. C'était chelou mais c'était mieux de l'être à deux.

T'étais un peu le tout que j'ai jamais eu ; un frère, un meilleur ami, un pilier, un confident. Tu m'as vue dans mes nuits les plus sombres, tu m'as porté pour pas que je m'effondre.

J'ai fait beaucoup d'erreurs dans notre amitié, sept ans de confiance et puis tu m'as laissé. En même temps, je comprends. C'était trop dur, j'ai pris de l'âge et mes problèmes ont continué à me peser.

Je pense qu'il y a des mots que je ne t'adresserai jamais, qui font déborder l'amitié mais qu'on garde secrets. Parce qu'on protège ce qui nous est précieux, j'aurais dû t'épargner plein de mots capricieux. C'était dur d'être ton amie, parce que j'aurais voulu éradiquer le monde pour voir ton sourire.

T'es partout, tout le temps. Il y a pas un jour qui passe sans que j'y pense. A toutes ces promesses envolées. A tous ces moments décalés. A toutes ces nuits endiablées.

Aujourd'hui on a grandi, on est plus des enfants. C'était déjà plus le cas, même à 16 et 17 ans. On a voulu croire que nos cœurs pouvaient être comme l'arche de Noé, la seule chose qu'on a vu c'est notre rafiot qui a sombré.

Il y a tant de choses que tu n'as jamais comprises. Comme le fait que je voulais pas que tu te brises, que je t'aimais comme on aime la vie après avoir mis nos doigts dans une prise.

T'étais mon frère d'une autre mère, même si elles étaient plutôt identiques. T'étais du côté de la mer, même si dans mon coeur tu marchais à mes côtés dans les moments critiques.

J'attends toujours cette accolade que tu m'avais promis, cette chaleur d'une personne qui nous a tout appris. C'était souvent la guerre, mais n'est-ce pas ça qui renforce les sentiments? De se prendre le bec d'une manière qui trahit des battements de cœur bienveillants?

« Je t'aime plus fort que la vodka et le roquefort »

Combien de fois t'ai-je dis que j'avais envie de mourir? On ne les compte plus, le monde n'a pas assez de doigts. Et dans ta voix j'entendais l'écho de mes maux les plus froids. Toi aussi tu voulais partir.

Tu l'as fait, mais juste plus loin de moi.

« On sauve pas quelqu'un qui ne veut pas être sauvé »

Pourtant, j'attendais juste que tu restes pour de nouveau respirer.

T'étais mon pilier et Rome s'est détruit avec effroi. Dans mon cœur il n'y a plus de foi. Juste un arc-en-ciel avec ton prénom, parce que de toutes ces amitiés tu en as construit le mythe. C'était toi et moi contre le reste du monde, et aujourd'hui je marche dans les rues de Paris. Il y a un touriste qui cri un peu trop fort, et je me rappelle que c'est ce que tu faisais, surtout quand t'étais ivre mort.

J'entends encore ton rire résonner dans mon souvenir, c'est comme ça que je te préférais, même si t'étais ivre.

Aujourd'hui j'essaie d'être clean, et je me dis que toi aussi tu le seras un jour. Parce que t'es défoncé de nature, mais tu te noies dans le spleen. J'ai peu d'espoir pour moi-même mais beaucoup pour toi. Parce que tu mérites qu'on parte au combat pour te sauver, mais surtout l'accalmie une fois qu'on l'aura gagné.

T, t'es parti mais j'te ressens partout. J'espère que t'inondes les autres de ta gentillesse. Je sais que j'ai pas été une bonne amie, pourtant c'est pas faute de t'avoir suivi dans tout. Un jour je voudrais te voir marqué par la vieillesse. Mourir jeune c'est bien quand on est artiste, toi, continues de créer du bonheur dans cette vie. Auprès des gens qui t'aiment, parce que oui, ça existe.

Moi je t'aime toujours autant, t'es mon meilleur ami. Même dans le silence je te raconte encore toutes mes péripéties. Même dans l'absence tu remplies encore ma vie. Même quand je te déteste, je patiente comme Pénélope attendait Ulysse.

Je voudrais te rencontrer aujourd'hui pour la première fois, peut-être que cette fois-ci, cette chance, je la gâcherai pas.

« Je t'aimerai toujours, même si le monde venait à te détester. »

J'me déteste pour deux, continue à m'aimer. Égoïstement j'espère que jamais tu ne pourras m'oublier.

Je suis désolée pour tout ce que j'ai fait et raté, j'étais une gosse et une adulte bien trop cassée. Mais je ne regrette rien de ces souvenirs communs qui appartiennent au passé.