👑💜Chapitre 18💜👑

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- Tu le lâches tout de suite, sinon je te bute. Tu sais que je peux le faire.

Ben ouvrit les yeux et fut stupéfait. Ses yeux auraient pu sortir de leurs orbites tant la surprise l'ébranlait.
Il pensait sortir d'un cauchemar par cette simple vision. Cela lui réchauffait le cœur, il sentait une agréable sensation l'envahir et il sut presque immédiatement ce que ça faisait la liberté. Et ce qu'il voyait, ça lui plaisait.

Yeonjun, les yeux noirs de rage, pressant un couteau contre la jugulaire de Kai. Le musicien n'aurait pu expliquer ce sentiment qui transpirait par tous les pores de sa peau, il se sentait juste soulagé, comme si l'on avait ôté un point de ses épaules.
Comme s'il pouvait respirer après avoir été en apnée durant des jours.

Et puis, cette dague, il l'avait reconnue. Il sourit.
Le jour où Yeonjun avait été emmené à l'hôpital, il était entré dans sa chambre.
Ce n'était pas très réglementaire certes mais Ben voulait savoir à qui il avait affaire. Ayant reconnu un livre qu'il affectionnait particulièrement, il avait déplacé une pile de t-shirts afin de s'en saisir. Et il l'avait vue. Cette lame dentelée.
Sagement, il avait reposé les hauts dessus comme on pose un mouchoir sur une bombe.
Il n'avait pas eu peur. Il avait failli se faire tuer par sa propre famille deux fois en plus de tout le reste. Les armes, il connaissait. Ce n'était pas un couteau qui allait l'effrayer.

- Yeonjun fais pas de connerie, siffla Kai, les mains en l'air.

- Ta gueule, vociféra le nommé.

- Mec arrête putain !

- Ah ouais ? Pourquoi ?

- Ça m'amuse pas !

- D'accord je vois. Parce que tu crois que Ben s'amusait pendant que tu faisais tes affaires répugnantes sur lui ?

- Il... il était consentant !

- Oh je vois. Donc tu vas me dire qu'il chiale de plaisir ?

- Ouais. Je le satisfais plus que tu le ne feras jamais.

A ces mots, le corps de Yeonjun se tendit plus qu'il ne l'était déjà. Les pupilles si dilatés que ses magnifiques yeux en semblaient noirs, il ressemblait à un démon. Ben regardait tout cela et voulait juste crier. De pleurer. De peur, de reconnaissance, de soulagement, de douleur et d'amour.
Un mélange d'émotions si différentes et contradictoires qu'il ne put rien faire d'autre que regarder Yeonjun, à la fois si enragé et si beau.
Ce serait étrange de dire que la haine lui allait bien au teint mais c'était apparemment le cas.

De rage, il exerça une nouvelle pression sur la peau de Kai d'où un filet de sang commençait à s'échapper.

Ben avait toujours trouvé quelque chose de joli dans ce rouge plus éclatant que le jaune du soleil. C'était comme de l'encre. Il aimait bien l'encre. Il écrivait toujours ses chansons au stylo plume. Certes ses doigts prenaient la couleur d'un Schtroumphf ayant bronzé juste après mais il se fichait pas mal des coulures.

- Yeonjun bordel. On est cousins ! Ton sang c'est le mien...

- Tu te fous de ma gueule ? Yeonjun éclata d'un rire mauvais.
Tu as osé poser tes mains sur l'homme de ma vie, tu l'as souillé, tu l'as forcé à te satisfaire et tu te crois digne de ma famille ?
Mais dans quel monde tu vis ? On n'a jamais été plus que des ennemis toi et moi. Alors maintenant tu m'écoutes, c'est clair !

Face à cette question qui sonnait plus comme une ordre, Kai ne put rien faire d'autre qu'écouter.

- Tu es un salaud, une ordure, tu ne mérites pas même le titre d'humain. Tu te crois au-dessus du monde pour oser toucher à l'innocence d'une personne plus jeune que toi ?
Tu crois que tu peux briser sa vie juste parce que t'as mal au poignet à force de te branler seul ?
Tu crois que t'as le droit de prendre la lueur qui brille dans ses yeux ?
Non, alors le deal est simple. T'as voulu jouer, t'as perdu.
Vu que tu lui as pris quelque chose qui ne se rattrape pas, moi aussi.

Le corps de Kai se tendit comme si tous ses muscles s'étaient contractés. Assis à genoux sur le parquet de bois, sa jugulaire saignant, il n'avait aucun moyen de s'enfuir ou riposter. Il ne pouvait même pas avoir le plaisir de regarder Yeonjun dans les yeux.

- Tu veux dire quoi par là ?

Il se tut quelques instants, semblant réfléchir à ce qu'il allait advenir du salaud qu'il tenait à sa merci.
Ne bougeant plus quelques instants, il vit Ben retenir son souffle.
Ben.
Ben.
Il avait dû tellement souffrir.
Comment pouvait-on oser lui faire du mal ? Il voulait le tuer, le torturer mais en aucun cas, s'abaisser à son niveau. Il regarda Ben une seconde fois et il y lu du soulagement et de la terreur.
Très bien.

En le regardant, il prit sa décision. Il ne la regretterait pas.
Violemment, il asséna un coup de pied dans les côtes fragiles du cuivré, attrapa Ben par la main.

Il ne savait pas exactement où il l'emmenait mais le noiraud le suivait. Il chancelait aussi, Yeonjun enserra sa taille de la façon la plus douce qu'il soit, comme s'il tenait entre ses mains, la chose la plus fragile et précieuse au monde.

Ne regardant que l'horizon, ils couraient.

Passant le portail de l'école, ils couraient, toujours aussi vite, toujours aussi déterminés.

Ils fuyaient l'horreur. Un enfer. Mot en -er.

Ils partaient peut-être vers une réalité qui leur apparaissait moins douloureuse.

Ben pleurait. Yeonjun aussi.

Mais ils couraient toujours plus loin.

Ils entendirent des cris. Indubitablement quelqu'un voulant les retenir.

Mais ils s'en fichaient. Ils reviendraient de toute façon.

La seule chose qu'il leur importait maintenant était de courir.

De s'évader dans une parenthèse d'amour et de repos. Si belle, aux couleurs d'Arc-en-ciel que rien ni personne ne pourrait briser.

Une bulle dans laquelle ils s'enfermeraient pour ne se réveiller qu'à l'orée d'un nouveau jour, meilleur et plus beau. Prometteur.

Pleurant, courant. Ils étaient détruits. Chacun son passé. Chacun ses terreurs. Mais ensemble.

Et ça, ça comptait plus que tout.

Run away, run away, run away with me...

Run AwayʸᵉᵒⁿᵍʸᵘOù les histoires vivent. Découvrez maintenant