Chapitre 5

177 25 19
                                    

Quand Izuku se réveilla, il ne comprit pas pourquoi il était assis, ni pourquoi il avait une sensation mouillée sur l'épaule et le bras. Puis le temps que la brume du sommeil ne le quitte, il se rendit compte qu'il était dans sa salle de bain.

« Qu'est-ce que je fais là ... »

Il se redressa, et son dos craqua. Son bras était engourdi et entravé, il sentait un poids posé dessus et le bout de ses doigts picotait, exactement comme les jours où il s'endormait sur son bureau et que le sang ne passait presque plus avec le poids de sa tête qui bloquait les veines.

- Aïe ...

- Izkh ...

- Hmm ?

Il se retourna, et vit que Kirishima le regardait, le visage toujours posé sur son bras, les yeux grands ouverts et un petit sourire doux sur les lèvres.

- Tout va bien ?

- Oui, très bien.

« C'est vrai, il y a eu de l'orage hier soir et je l'ai amené ici. »

Kirishima se redressa, libérant le garçon, et tendit les bras vers le biologiste.

- Aquarium ?

Il hocha la tête, s'étira à nouveau, et le prit dans ses bras, la queue de la sirène s'enroulant autour de sa taille. Il l'amena jusqu'en haut de l'escalier, et le posa au sol le temps d'ouvrir la porte. Il fut ébloui par le soleil un instant avant qu'il ne soit recouvert par un nuage, puis se retourna vers Kirishima, qui n'avait pas attendu qu'il le porte pour s'avancer vers le bassin. Il s'arrêta juste au bord, et tourna la tête vers Izuku, tout sourire.

Encore, Le biologiste sentit son cœur partir dans les tours. Le soleil éclairait ses écailles rouge carmin, les faisant briller de milles feux, et se reflétait dans ses iris rubis qui le regardaient avec intensité, si bien qu'il ne pouvait pas détourner les yeux.

Sous son regard, Kirishima perdu doucement son sourire, mais se mit à rougir, avant de plonger dans l'aquarium et de nager vers le fond. Ce qui sortit le vert de ses pensées.

« Reprend-toi, Izuku. T'as une routine à faire. »

Il retourna dans le local prendre un seau et le remplir de poisson, puis le posa sur le bord, attendant que la sirène vienne le chercher, comme il en avait pris l'habitude. Il attendit un moment, et rapidement sa silhouette rouge remonta à la surface, seulement il resta les yeux au ras de l'eau, tout timide, avant de sortir suffisamment pour attraper le seau et repartir à toute vitesse au fond. Pendant le bref instant où sa tête était hors de l'eau, Izuku remarqua qu'il avait les joues rouges.

« Hmm, peut-être que je n'aurais pas dû le sortir de l'aquarium pour la nuit, si ça se trouve ses joues sont irritées à cause de la sècheresse. Quoique, il n'avait rien tout à l'heure quand je me suis réveillé ... »

Il chassa ces pensées de son esprit, et reprit sa routine.

La matinée passa, puis l'après-midi, amenant rapidement le biologiste à remonter sur la plateforme avec un livre. Mais cette fois il n'eut même pas le temps de s'asseoir que la sirène l'appelait.

Il se rapprocha du bord, et s'accroupit. Et Kirishima, avec un grand sourire, se jeta sur lui pour le prendre dans ses bras.

Izuku cru d'abord à un câlin, premier que la sirène amorçait de lui-même (si on oubliait l'incident de la veille), mais fut rapidement corrigé quand il fut tiré vers le bassin.

- Qu'est-ce que ... Waaaa !!!!

La sirène l'avait tiré dans l'eau, et l'entrainait vers le fond avec lui. Izuku se mit à paniquer.

« Mais qu'est-ce qu'il fait ?! »

Il chercha à se débattre pour remonter à la surface, mais Kirishima le tenait bien. Et quand il se mit face à lui, il avait un grand sourire sur les lèvres.

Sourire qu'il perdit rapidement en voyant qu'Izuku ne respirait pas.

En une seconde, il l'avait ramené à la surface, et le biologiste put prendre une grande inspiration.

- Pardon ! Tout va bien ?

Il se tourna vers la sirène, qui avait les mains levées et une expression désolée sur le visage. Retrouvant son souffle, le vert resta à nager sur place, se contentant de hocher la tête. Quand il vit que la sirène n'osait plus le toucher, un air de chien battu sur le visage, il lui fit signe de venir avant de nager vers le bord.

Il remonta sur la plateforme, trempé, avant de se tourner vers Kirishima.

- Tout va bien ? Sûr ?

- Oui, mais il va falloir que je te montre un truc. Viens-là.

Le rouge se colla donc au bord, et attendit. Izuku dirigea tout doucement ses doigts vers l'oreille de la sirène, puis toucha doucement ses branchies.

Kirishima eut un mouvement de recul au contact, mais resta sur place.

Puis le biologiste ramena ses doigts vers lui, et montra que derrière son oreille à lui, il n'y avait que de la peau. La sirène sembla comprendre, et n'en fut que plus curieuse de regarder l'oreille d'Izuku.

Il le laissa faire, et sentit ses doigts parcourir sa peau fine. Kirishima semblait en totale admiration devant la peau lisse qu'Izuku avait là où pour lui se trouvaient ses branchies.

- Tu vois ? Je peux pas respirer dans l'eau.

- ... respirer dans l'eau ...

- Mhm, toi tu peux.

Les doigts de la sirène glissèrent doucement de son oreille le long de sa jugulaire, puis sur sa joue, quand Izuku releva les yeux. Kirishima le scrutait, son visage proche du sien, et toujours ses doigts légers contre sa peau. Le biologiste eu un frisson, mais ne bougea pas.

Son cœur tapait dans sa poitrine, il sentait que ses pommettes prenaient des couleurs, et il vit que la sirène aussi, rougissait. Mais ni l'un ni l'autre ne s'éloignait.

Ils restèrent ainsi un moment, à se dévorer des yeux, les doigts de Kirishima posés contre la joue d'Izuku. Ils se sentaient dans une bulle, leur bulle, et découvraient un sentiment qui était leur était encore inconnu.

Puis la sirène fit un son, un tout petit son, comme un mot que le scientifique ne comprenait pas.

- Hmm ?

Le rouge se mit à sourire, et secoua la tête comme pour dire « laisse, ce n'est pas grave », avant de demander s'il allait lire, ramenant sa main sous l'eau.

- Oui, je vais lire.

Izuku décroisa ses jambes, laissant ses pieds tremper dans l'eau de l'aquarium, contrairement à d'habitude. Et Kirishima, lui, se posa contre le bord, les bras croisés sur la plateforme et sa tête posée dessus, attentif à l'histoire que lui comptait le jeune homme.


Les embruns du bonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant