Lui apprendre à aimer - [Romance lesbienne]

Chapitre 9

Mary lui adressa un sourire complice en lui attrapant la main.

-Viens, je connais un endroit sympa !

Océane avait le cœur en miettes. Et pourtant la douceur de la jeune fille fit naitre un sourire triste sur ses lèvres, tandis qu'elle la suivait en courant.

Évidemment que Mme Laoudy avait une petite amie. Cela ne devrait pas l'affecter ainsi. Pourtant, Océane avait été persuadée qu'il y avait quelque chose entre elles... Apparemment ce n'était pas le cas.

Pourtant, quand Mary s'effondra dans l'herbe en riant, Océane ne sentit pas de papillons dans son ventre, bien qu'elle soit très mignonne.

Océane se laissa tomber à ses côtés, le ventre contre le sol, le menton au creux des paumes.

Sur sa droite, Mary l'observait des pieds à la tête, ses yeux s'attardant sur la peau laiteuse de son cou.

-Il est aussi tendu qu'un string, ton pote ! ria t'elle enfin.

Océane sourit amèrement.

-On peux dire ça.

Les étoiles se reflètent dans les yeux gris qui la regardent.

-Dis moi ce qui ne va pas...

-Tu as assisté à la scène, non ?

Mary roule des yeux.

-Oh, aller, mon gaydar est assez bien réglé pour détecter un problème de coeur.

Océane se contente de se mordre la lèvre.

-C'est compliqué...

-Je comprends. Une chose qui est plutôt cool, a vrai dire, parce qu'avec moi c'est toujours simple !

Océane rit malgré elle, et soupire en fixant le ciel. Mary continue à l'observer, comme si rien ne pouvait détourner ses iris antracytes de sa camarade. Pourtant, cela ne met pas Océane mal à l'aise. Après tout, elle a peut être raison. Qu'est ce que ça peux faire, au fond, de laisser faire la vie ? Même si il n'existe pas de lendemain ?

Océane finit par faire le premier pas, réduisant la distance entre elle et Mary, posant ses lèvres contre les siennes. La tomboy répond rapidement au baiser, prenant sa joue en coupe.

Elle embrasse bien.

Océane pense avec amertume que son premier baiser avec une fille est celui d'une inconnue.

Qu'avait elle à perdre après tout ?

Puisqu'elle a déjà tout perdu.

Quand le soleil se leva, Océane se réveilla lentement. Un bras était passé autour de sa taille, elle ne reconnaissait pas le bungalow. Après quelques secondes, la jeune fille se rappela de la veille avec autant d'amertume que de sourires. Évidemment, il n'y avait rien eu de plus entres elles que des baisers, de simples caresses. Enfin, Océane n'avait pas voulu aller plus loin, et Mary avait respecté sa décision. D'ailleurs, celle ci était encore endormie, les lèvres entrouvertes, allongée à côté d'Oceane. Elle savait qu'elle devrait se dépêcher avant d'être surprise dans un autre bungalow par ses professeures, mais finalement, elle avait envie de s'en moquer. C'était le dernier jour. La dernière nuit. Ce soir, elle rentrait enfin. Alors peut importe si la professeure de maths voulait lui hurler dessus. Et puis, si ce n'était pas elle... Eh bien, Océane aurait voulu espérer ce cas. Parce qu'elle était pleine de rancoeur, et que montrer à Mme Laoudy qu'elle avait une "petite amie" (bien que les deux filles ne se considèrent pas comme telles) lui ferait du bien.

Mary se retourna et la fixa d'un air endormi.

-Hey, toi, marmonna t'elle en souriant.

-Salut, souffla Océane.

Elle se laissa aller à l'étreinte avec delicatesse, savourant la sensation d'être enfouie dans des bras câlins.

Elle avait tant rêvé de ce genre de matin.

Dans un autre lit.

Avec d'autres baisers.

Des baisers différents.

Des baisers amoureux.

Non pas qu'elle n'aime pas embrasser Mary, mais elle ne ressentait rien pour elle. Juste une forme d'attirance.

Peut être était ce seulement une sorte d'alchimie sexuelle.

Elle l'envisagerait un jour, si sa douleur ne s'aténuait pas. Mais, même si elle appréciait beaucoup Mary, elle ne voulait pas en faire sa première fois.

D'un côté, c'était déjà un peu le cas.

Les coups à la porte la surprirent, et Mary qui s'était rendormie grogna de façon peu glamour.

Mme Laoudy passa la tête dans l'encadrement.

-Debout, il est l'heure de... Océane ?

Le coeur de la jeune fille s'arrêta immédiatement. Ses joues la brulèrent face aux yeux surpris de la blonde, dont les cheveux tressées en deux nattes longues reposaient contre ses épaules.

Mary se redressa, les yeux dans le vague, laissant apparaître sa clavicule nue sous la couette.

-L'est quelle heure ? marmonna t'elle sans avoir l'air de remarquer la figure professorale dans l'encadrement de la porte.

Celle ci détourna le regard, fixant plutôt ses yeux bleus sur sa montre afin de reprendre contenance.

-Il vous reste une demi heure pour vous lever et vous habiller les filles, ensuite, c'est valises à remplir pour ce soir.

Son ton neutre fit l'effet d'une flèche dans le coeur à Océane.

Elle ouvrit la bouche pour répondre, mais la referma.

Benedict Laoudy referma la porte derrière elle.

-Je vois... déduit Mary, assise en soutien gorge à côté d'elle. Quand tu disais que c'était compliqué, je ne pensais pas que c'était aussi compliqué !

Océane vira au rouge brique.

-Hein ?!

Mary se frotta les yeux et la regarda, encore pas tout à fait réveillée.

-Oh, ça va hein, j'ai bien compris.

Elle l'embrassa sur le front et se leva, traînant ses pieds nus vers les toilettes.

Océane ne sut pas quoi répondre. Était elle aussi évidente ?

La voix de la tomboy résonna depuis les WC.

-Si jamais t'arrive à la pécho, ça te branche, un plan à 3 ?

Océane eu envie de disparaître sous terre.

-Mary ! protesta t'elle.

Un rire étouffé lui répondit depuis l'autre côté du bungalow.

-Ben quoi ? Excuse moi, mais dans le genre dominante elle est pas mal, ta blonde.

Océane se demanda à quelle distance se trouvait le centre de la Terre depuis ses pieds.

-Elle a une petite amie, Mary. Et, c'est une adulte, tenta t'elle de la résonner.

Celle ci réapparu de la salle de bain, en short et tee shirt noir, le contour de ses yeux dessiné au crayon fin.

-Eh, et alors ? Cette fois ci, elle la regardait avec un air de défi. Ce n'est pas comme si vous aviez dix ans d'écart.

-Tu me fatigue, grogna Océane.

Mary éclata de rire, enfilant ses chaussettes.

-Okay, j'ai compris le message. Même pas de plan à trois. T'es nulle.

Elle se reçu un oreiller en pleine face et perdit l'équilibre.

-On va être en retard, coupa Océane comme si de rien était.

Mary resta assise sur les fesses, un sourire amusé aux lèvres.

-Très bien Madame, à vos ordres.

-Oh, et ne m'appelle pas comme ça ! protesta Océane, qui l'aida à se relever avec un petit sourire en coin.