Chapitre 44

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"Les coïncidences n'existent pas, nous avions rendez-vous."

Frédéric Beigbeider



Pov Benedict

Elle avait le soleil dans les yeux. Un petit rayon joueur, juste bien ciblé sur sa tête, qui elle, ne l'amusait pas du tout.

Avec un grognement peu sexy, Ben enfoui son visage dans le creux de son coude et essaya de se retourner.

Ses jambes emmêlées dans sa couette, elle termina sa course dans un petit couinement au pied de son lit et se cogna le genou contre la table de chevet.

-Merde, jura-t-elle en se redressant, groggy.

Le volet de sa chambre n'avait pas été baissé la veille et la lumière éclatante la fit immédiatement plisser les yeux. En observant son réveil à travers ses cils, elle aperçu l'heure inscrite en grands chiffres.

10 :17

-Oh bordel, ajouta-t-elle en se relevant et en manquant de tomber à nouveau.

Il était samedi, mais elle n'avait pas l'habitude de rester aussi tard au lit. Avec un peu de recul elle se rappela avoir fait la fête toute la soirée avec Connor et quelques amis. Visiblement, l'alcool ne lui avait pas fait de cadeau. Un bleu fleurissait déjà sur sa jambe droite, à l'endroit de l'impact avec la table de nuit.

Elle n'avait aucune idée de comment elle était rentrée, mais elle était chez elle, et il n'y avait pas d'inconnue dans son lit.

A première vue, tout allait bien.

Traînant les pieds dans la cuisine, Benedict alluma sa bouilloire pour se préparer un thé en espérant qu'il éclaircirait ses idées.

Elle aperçu sur sa table de cuisine une pile de papiers et d'enveloppes, lui signifiant que peu importe de quelle manière, son courrier avait fait le chemin de sa boîte aux lettres à son appartement.

Super, la perspective alléchante de découvrir les factures de bon matin.

Sa semaine de travail l'avait épuisée. Les classes de secondes avaient des sorties scolaires toute la semaine, ce qui lui avait creusé des trous bienvenus dans son emploi du temps. En revanche, elle avait quand même la direction de deux d'entre elles.

La première sortie avait été sur un site historique ou ils avaient découverts des vestiges archéologiques stupéfiants, et les élèves avaient presque tous trouvé cela super cool.

Au contraire, la journée comportant la visite de plusieurs musées du centre-ville avait été un véritable enfer.

Elle avait passé son temps à faire la course entre les lycéens qui essayaient de se pousser les uns les autres contre les cordelettes protégeant les œuvres d'art, et ceux qui cherchaient la moindre occasion pour sortir leur téléphone portable dans le but de capturer elle ne savait quels pokémons rares.

Pour conclure cette journée atroce il y avait eu Océa...

Non, Ben ne voulait même pas y repenser. Elle avait haït ce hasard malheureux.

Lui vrillant les tympans embrumés, le téléphone fixe sonna, posé sur sa base à l'autre bout de l'appartement.

Benedict se dépêcha d'aller y jeter un œil, déjà préparée à rejeter l'appel indésirable d'un quelconque démarcheur. Heureusement (ou pas), le nom de Connor était affiché sur le combiné.

-Oui ? marmonna-t-elle en retournant arrêter la bouilloire sur le plan de travail.

-Ah, ça y est tu es enfin levée ! constata le blond à l'autre bout du fil. Je commençais à me demander si tu n'étais pas tombée dans un coma éthylique.

Versant l'eau brûlante dans sa tasse, Ben leva les yeux au ciel, contente de savoir qu'il ne pouvait pas la voir.

-T'exagère, protesta-t-elle. C'est la première fois que t'appelle.

-Moi ? se moqua-t-il. Tu plaisantes, j'espère. J'ai déjà laissé au moins trois messages sur ta boite vocale ce matin.

Vérifiant ses dires et tombant sur lesdits appel manqués, Ben se rendit compte qu'il ne mentait pas. Comment avait-elle réussi à ne pas se réveiller malgré les sonneries ?

-Qu'est-ce que tu veux ? soupira-t-elle pour toute réponse.

-Pour commencer, être sûr que t'es vivante, répliqua Connor. Tu tenais presque même pas debout quand je t'ai ramené hier soir. Ensuite, pour te préciser que je t'ai remonté le courriel en même temps, et que ta robe est dans un seau à la salle de bain.

Elle fronça les sourcils en jetant son infuseur dans l'évier et en allant s'assoir maladroitement dans le canapé.

-Comment ça, ma robe... ?

Son grand frère laissa un silence gêné planer quelques secondes avant de répondre avec désespoir.

-Disons que je pensais au moins que tu te souviendrais de ça, avoua-t-il. Il y a pas que les verres que tu as vidé, ton estomac n'a pas trop apprécié le voyage en voiture pour te ramener chez toi, et...

-D'accord, tais-toi, j'ai compris ça va, le coupa Benedict avec une grimace de dégoût.

Il ponctua son intervention d'un éclat de rire visiblement impossible à réprimer.

Super.

Elle était sûre qu'il n'y avait rien de drôle dans cette histoire.

-Bon, merci des renseignements alors, soupira-t-elle. Je vais aller m'occuper de cette robe.

Quand j'en aurai le courage, précisa-t-elle dans sa tête.

-Rappelle moi de ne plus jamais venir en soirée avec toi, se plaignit-elle en finissant sa tasse de thé.

-Oh, je me suis bien amusé, tu étais vraiment bourrée Ben, répéta Connor en riant.

-Bon ça va, pas autant que tu le dis, grogna-t-elle, prête à lui raccrocher au nez.

-Tu nous as répété toute la soirée qu'on devait trouver une bijouterie ouverte parce que tu devais acheter une bague de toute urgence.

-Au moins, elles étaient fermées et mon porte-monnaie s'en porte pas plus mal, le coupa-t-elle.

-... parce qu'il fallait que tu demandes Océane en mariage à minuit, compléta-t-il.

Elle ouvrit la bouche puis la referma, sentant ses joues chauffer d'embarras.

-Devant tous nos potes ? bégaya-t-elle.

-Ouais, tous le monde, lui affirma-t-il. Mais ils étaient aussi torchés que toi alors je doute que tu ait droit à remarques la prochaine fois.

-Oh pour l'amour du ciel...

Il raccrocha après avoir pris le temps de bien lui préciser les détails de ses conneries de la veille mais elle s'en moquait.

Sa vie n'avait plus aucun sens depuis cette semaine.

Triant le courriel sans y prendre vraiment garde, elle fit un petit tas avec les factures d'un côté et les publicités de l'autre.

Une petite enveloppe marron se retrouva entre les deux. Elle n'avait ni adresse, ni timbre. Curieuse, Ben l'ouvrit rapidement, sans vraiment savoir ce qu'elle pourrait contenir.

Un pass d'entrée au Midwest Festival du mois prochain glissa sur la table contre sa tasse vide.

L'enveloppe ne contenait que ça.

Juste ce petit tiquet, rectangle de papier glacé, déjà payé. Un petit tiquet qui lui permettait de se rendre au festival en question et d'y entrer, avec la certitude d'un bouleversement dans sa vie.

Parce que son instinct savait pertinemment que cette enveloppe ne venait pas de Connor.

-Quadruple merde, soupira-t-elle en sentant son cœur s'emballer sans qu'elle ne lui en ait donné l'autorisation.

Lui apprendre à aimer - [Romance lesbienne]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant