Chapitre 27

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Hello vous ! Chapitre dur mentalement pour notre petite blonde préférée, mais pas d'inquiétude. Restez pour le chapitre 28, il en vaudra toute la peine du monde, promis.

Bonne lecture !


POV Benedict :

Assise dans un café, le même qu'elle fréquentait auparavant avec Lilwen lors de leurs premiers rendez-vous, la blonde était plongée dans une intense réflexion. C'était le week-end, certes. Mais elle ne pouvait pas s'empêcher de penser au lycée.

A son travail.

En réalité c'était le cas depuis bien trop longtemps. Sauf qu'un récent événement lui avait rendue obligatoire la confrontation avec elle-même qu'elle repoussait depuis un certain temps.

Ça y était.

Océane était majeure.

Ce qui signifiait qu'elle était une adulte responsable de ses actes. Et Benedict n'était pas certaine d'apprécier cela.

En effet, tout était bien mieux avant. Elle n'avait pas à se poser autant de questions sur ce qu'elle ressentait. Ou sur ce qu'elle avait commencé à ressentir.

Elle se disait que c'était trop tôt, qu'elle venait à peine de rompre avec Lilwen. Et que de toute manière, c'était dégueulasse de sa part. Océane était son élève.

Mais maintenant... maintenant, tout avait changé.

Et elle avait compris qu'elle avait fait une erreur en devenant amie ainsi avec la brune. Celle-ci n'avait que 4 ans de différence avec elle, certes, mais cela ne changeait rien au fait que Ben devait lui donner des cours.

Et elle avait peur de ce que lui faisait ressentir Océane depuis quelque temps.

Elle qui n'avait jamais franchi la barrière entre professionnel et personnel, elle l'avait fracassée en moins de deux mois.

Piétinée.

Et Connor avait tout compris bien avant elle.

Il savait très bien le dilemme qui prenait vie dans sa tête.

Dans sa tête, comme toujours.

Mais surtout parce que son cœur ne voulait plus l'écouter depuis un moment.

Elle devait arrêter tout de suite avant que ce ne soit trop tard. Avant que les dégâts soient irréversibles.

Parce que oui, elle le savait, Océane l'attirait.

Voilà, c'était dit.

Mais elle ne s'en rendait compte que maintenant.

Et assise dans ce café, au fond de la pièce alors que le monde tourbillonnait autour d'elle, elle su que quelque chose avait changé.

Cela lui arrivait souvent de venir travailler ici, elle se mettait sur son ordinateur portable et mettait ses cours en forme, leur trouvait des schémas, des exemples...

Mais les sourires de la jeune femme ne cessaient de la déconcentrer ce soir. Elle les avait en tête sans arrêt, et n'arrivait même pas à se concentrer.

Quand elle avait laissé tomber et que sa tête s'était redressée de son écran, elle s'était mise à réfléchir.

Benedict réfléchissait trop.

C'était l'un de ses multiples défauts.

Dès que quelque chose la titillait, il fallait qu'elle l'analyse dans ses moindres détails, le retourne en tous sens dans sa tête, médite, regrette, en perde le sommeil. Et c'était toujours la même chose, c'était toujours pareil, avec n'importe quoi. Pourtant elle savait très bien qu'il était impossible de changer le passé.

Et alors, comme une évidence, tout avait pris du sens. Elle avait compris qu'elle avait fait une erreur.

Parce que la pensée de passer un bon moment avec la brune dans ce café lui avait traversé l'esprit. D'y créer un bon souvenir, autour de deux chocolats chauds à la guimauve.

Mais c'était une idée trop romantique pour ne souhaiter que de l'amitié.

Et c'était le café de ses souvenirs avec Lilwen.

Mais Océane ne serait jamais sa petite-amie, Océane ne remplacerait pas celle que Benedict avait perdue. Il fallait qu'elle l'accepte.

Les choses ne fonctionnaient pas comme ça.

Mécaniquement, ses ongles retrouvèrent leurs places entre ses dents. Elle avait dit qu'elle arrêterait de se ronger les ongles, mais ce n'était pas possible. Son anxiété reprenait sans cesse le dessus.

Son café à moitié bu fut repoussé dans un coin de sa table. Elle réalisa avec horreur que cette histoire était allée trop loin. Elle devait s'éloigner, se mettre à éviter Océane. Il fallait que tout redevienne comme avant, que les choses rentrent dans l'ordre.

Si ce n'était pas le cas, elle donnerait une raison de plus à ses parents pour la dénigrer. Elle leur ferait répéter à nouveau qu'elle n'avait aucune valeur, et que s'ils avaient su, ils se seraient arrêtés à Connor.

Benedict replia son ordinateur en soupirant. Que pouvait-elle faire d'autre ?

Océane aurait peur d'elle si elle l'apprenait, elle croirait qu'elle avait squatté chez elle par pur intérêt et elle la dénoncerait au chef d'établissement. Les élèves la regarderaient de travers, elle deviendrait la bête noire du lycée. Elle voyait déjà les rumeurs prendre forme.

"Celle qui était amoureuse de son élève".

Son cœur se serra alors qu'elle payait sa boisson non terminée, ne souhaitant plus qu'une seule chose : rentrer s'isoler dans la maison de son frère.

Et puis, elle n'osait pas se l'avouer, mais elle se trouvait des excuses pour arrêter de lui parler. Elle savait qu'elle exagérait. Ce qui lui faisait vraiment peur, c'était Sibylle.

Sibylle, sa collègue homophobe qui trouverait tous les moyens du monde pour la faire virer, la dénoncer à l'éducation nationale, ou pire, la traiter de pédophile.

Ben savait qu'elle avait déjà essayé de la faire muter ailleurs. Par chance, le lycée était en pénurie de professeurs et cela n'avait pas été possible. Mais en tant que jeune enseignante dans ses premières années, elle devait s'attendre à bouger du jour au lendemain. Et cela satisfaisait parfaitement Sibylle.

Parce que celle-ci trouverait un moyen pour lui faire perdre son job, et que Benedict avait déjà trop perdu en si peu de temps. Sa petite-amie, son logement, ses repères.

Alors, oui, elle aimait beaucoup Océane. Trop, même.

Mais à partir de maintenant elle devait s'en éloigner. C'était devenu beaucoup trop personnel, et Benedict avait peur.

Elle savait très bien que Connor allait lui crier dessus et la traiter d'andouille quand il comprendrait. Pour lui, tout était soit noir, soit blanc, et elle savait qu'il trouverait sa réaction stupide.

Mais ce serait bien la première fois qu'il ne comprendrait pas.

Sortant du café avec les larmes aux yeux, elle se sentit méprisable. Était-elle destinée à faire échouer chacune de ses relations, qu'elles soient amicales, familiales,  professionnelles ou amoureuses ?

Lui apprendre à aimer - [Romance lesbienne]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant