Chapitre 29

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Océane avait complètement oublié qu'elle avait un rendez-vous chez son dentiste le lundi suivant. Elle avait ressassé les événements dans sa tête tout le weekend, mais n'avait eu aucunes nouvelles de Benedict. Les doutes sur le bien fondé de son acte commençaient à faire surface.

En effet, elle avait agit sans réfléchir, mais cela pourrait avoir des conséquences extrêmes sur sa scolarité même.

Elle attendait dans la salle d'attente, tordant son bonnet blanc dans ses mains. Comme tous les lundis, sa classe commençait par philosophie. Et donc, Ben ne la verrait pas en cours.

Océane en était à la fois soulagée et déçue.

Elle n'arrivait toujours pas à réaliser que la blonde puisse avoir des sentiments pour elle. Si elle voulait vraiment être honnête avec elle-même, cela lui faisait un peu peur.

Vendredi, elle l'avait embrassée sur un coup de tête, remplie de la colère sourde qui l'avait habitée et de cette tension qui avait raidit tout son jugement, qui l'avait poussée à son point de rupture.

Une secrétaire passa dans le couloir, sa blouse blanche volant derrière elle dans un bruissement de tissu.

Qui pourrait savoir comment Ben l'avait pris ?

Parce qu'elle ne l'avait pas repoussée, certes, mais elle n'avait pas non plus répondu à son geste, la laissant simplement faire.

Stupéfaite.

Figée d'effroi, peut-être ?

Océane savait qu'elle se montait la tête. Mais elle n'avait jusque là pas réalisé la gravité de son acte, qui pourrait même devenir une grossière erreur.

On appela son nom et la brune se leva, suivant le dentiste de manière mécanique jusqu'à la petite salle, s'installant comme demandé. En réalité, elle pensait encore à elle.

Elle n'avait pas cessé de penser à elle depuis qu'elle avait goûté très subtilement à la saveur douce et pulpeuse de ses lèvres.

Elle avait embrassé une femme, et ce n'était pas comme la première fois avec Mary. Oh, non c'était incomparable.

Alors qu'elle était examinée, elle se demanda ce qu'il se serait passé si elle était allée en cours ce matin-là. Elle aurait peut-être eu la surprise d'être convoquée avec ses parents chez le principal...

Ou alors, tout se serait déroulé comme si rien ne s'était passé, et Benedict aurait recommencé à l'éviter. Mais cette fois-ci, elle aurait eu une bonne raison de le faire.

Le rendez-vous fut vite terminé et après avoir réglé les derniers détails administratifs, la jeune femme repassa devant l'acceuil et son comptoir rouge corail avant de sortir du cabinet médical.

Sa mère n'était pas encore arrivée, et une bourrasque de vent glacé lui arracha une grimace. En remontant sa capuche sur son chignon, Océane s'appuya contre le mur, les yeux parcourant le parking. Comme une hallucination, elle crut y apercevoir la petite berline grise qu'elle connaissait par cœur. En regardant une deuxième fois, le souffle s'accélérant, elle vit que ce n'était qu'un crossover métallisé.

Elle était définitivement accro.

Son portable vibra très doucement au fond de la poche de son manteau. Espérant que ce soit sa mère, Océane le sortit dans l'air froid, se demandant ce qui pouvait lui prendre tant de temps.

Ce.

N'était.

Définitivement.

Pas.

Sa.

Mère.

Non, c'était quelqu'un d'autre.

Océane se demanda comment c'était possible que Benedict soit dans son portable alors qu'elle avait été dans sa tête depuis vendredi dernier ?

Ce qui était sûr, c'est que le message venait bien de la blonde.

« Salut,

J'ai remarqué que tu étais absente ce matin. J'espère que tout va bien.

Ta copie a été remise à Jerry à la pause ( il faudra que tu lui dise d'arrêter d'aller chercher un café à l'autre bout du lycée, j'ai mis presque 15 minutes à le trouver).

Je t'embrasse,

Ben. »

Les lèvres d'Océane se courbèrent sans qu'elle ne s'en rende compte. Pas à cause de l'illusion comique à son meilleur ami, mais parce que c'était bien la première fois que Benedict "l'embrassait" à la fin d'un SMS.

Elle su qu'elle s'était montée la tête pour rien. Non, c'était définitivement un rêve. Jamais elle n'aurait cru vivre ça un jour.

Quelqu'un klaxonna à quelques mètres, et la brune sursauta, relevant la tête de son écran, un nuage de vapeur s'échappant de ses lèvres. Sa mère était arrivée.

Une fois installée dans la voiture, la conversation entre la brune et Clémence lui paru d'une banalité écoeurante. Elle aurait bien souhaité passer un simple coup de fil au lieu de discuter d'un rendez-vous ennuyant qui lui avait coûté un de ses cours de philosophie.

Mais pour dire quoi ?

Que la blonde lui manquait ? Qu'elle avait envie de la revoir depuis la dernière fois que leurs peaux s'étaient touchées? Qu'elle avait l'impression que sa maison était vide, sans elle ?

Ce n'était pas vraiment une raison pour appeler Ben.

Mais Océane aurait souhaité trouver une meilleure excuse pour revenir au lycée avant ce soir. Or, son absence avait été excusée jusqu'à 17h30. Ce qui signifiait qu'elle ne pourrait pas y retourner avant le lendemain.

Comme Jerry rentrait manger chez lui le lundi midi, la brune ne pouvait qu'attendre qu'il lui apporte cette fameuse "copie". Ce devait être la dernière dissertation qu'ils avaient eu à rendre.

Elle se rappelait encore du sujet.


En y repensant, c'était vraiment ironique.

Elles arrivèrent à la maison et sa mère repartit directement afin de retourner au travail. Océane rentra se préparer à manger, traînant une bonne heure devant la télévision, qui ne lui proposait que des programmes clichés et des films de noël, dont elle raffolait avant.

Ce n'était plus le cas maintenant, et elle se rendit compte que ces programmes étaient presque uniquement hétérocentrés.

Elle ne remarqua le passage de Jerry qu'en allant à la boite au lettre, ou la copie de dissertation avait été déposée. Il avait dû la mettre en fin de matinée, avant de rentrer chez lui.

Parfois, Océane aussi pouvait être très clichée. Comme une élève modèle, elle relisait souvent ses anciens contrôles pour comprendre ses notes.

Évidemment, Benedict le savait.

Sur la dernière page, en petit dans la marge, son écriture fine et penchée attira son attention. Ce commentaire n'avait aucun lien avec son travail.

"Le Parfait, 18h, vendredi. J'y serai".

C'était un cinéma du centre-ville.

Benedict lui proposait un rendez-vous.


Lui apprendre à aimer - [Romance lesbienne]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant