Chapitre 42

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« Nous aurons le destin que nous aurons mérité. » (Albert Einstein)

Cette scène se déroule environ un an après les évènements des chapitres précédents.

S'il vous plaît ne me tuez pas, ce n'est pas encore la fin de l'histoire.


-Bébé ?

Océane se retourna en direction de la porte de la chambre, rejetant ses cheveux châtain par-dessus son épaule.

-Oui ? répondit-elle avant de reporter son attention sur l'évier.

L'eau sale de la vaisselle lui éclaboussa la joue, y laissant une traînée de mousse à l'odeur chimique de citron.

-Le lit il est trop froid sans toi, viens, on fera la vaisselle plus tard !

Réprimant un rire, Océane se força à continuer son nettoyage, essayant de ne pas laisser ses pensées dévier sur la perspective alléchante de retourner se blottir sous la couette.

C'était toujours ses moments préférés. Les dimanches matins, quand elle préparait un petit déjeuner au lit, que l'université ne lui imposait rien à faire d'autre de la journée que de se prélasser avec un thé à la menthe ou de faire un concours de karaoké sous la douche.

Elle était déjà dans sa deuxième année de licence. Le temps était passé si vite qu'elle ne l'avait pas senti.

Rien en elle n'avait vraiment changé, si ce n'est que ses cheveux avaient poussés, lui arrivant maintenant aux épaules, qu'elle avait le permis et une petite citadine pour se rendre à la fac.

Même Jerry et Suzanne venaient souvent leur rendre visite. Presque même trop souvent.

-Viens s'il te plaît.....

Ignorant son ton suppliant, Océane termina de nettoyer la vaisselle et de la sécher rapidement avant de céder, étendant son torchon mouillé contre le dossier de l'une des chaises.

Elle ne put s'empêcher de prendre le chemin de la chambre en abandonnant son éponge en cours de route, qu'elle retrouverait sans doute plus tard dans un endroit totalement improbable.

-J'arrive, indiqua-t-elle sans réussir à contenir le sourire dans sa voix.

La pièce était assez petite mais très lumineuse, le soleil du matin éclairant la couette du double lit. Des pots de lierres suspendus au plafond donnaient une ambiance à la chambre ressemblant légèrement à celles des romans de fantasy.

Dépassant de l'ourlet de la couette, les cheveux sombres étalés contre les oreillers, Mary lui décocha un sourire triomphant en la voyant passer la porte. Seule la partie supérieure de son visage était visible à l'air libre, son nez restant enfoui sous les tissus doux aux motifs de petites étoiles bleues et noires des couvertures.

-Tu sais très bien que si je reviens là-dessous, on risque d'être plus qu'en retard, la mise en garde Océane en s'asseyant sur le matelas, les yeux pétillants.

-Pourquoi, tu aimes pas ça Ipek, d'être en retard ? la taquina la tomboy.

Sans lui laisser le temps de finir, Océane ôta son peignoir et se glissa à nouveau contre le drap tiède.

Leur amitié n'avait pas tenu plus d'un an à vivre dans le même studio. Trop d'ambiguïté.

Pourtant elles passaient de très bons moments ensemble, sortaient en ville boire des milk-shakes ou juste marcher mains dans la main.

Mais Océane n'était pas amoureuse. Elle savait que Mary en était consciente, gardant volontairement le silence sur ce sujet.

Comme elles aimaient à le dire, elles profitaient simplement de la vie, elles s'amusaient.

Océane ne s'était jamais autant épanouie que dans ses études, et elle savait qu'elle avait fait le bon choix en choisissant de faire une licence de philosophie. Elle n'avait encore aucune idée de là ou ces études la mèneraient, mais elle ne souhaitait pas encore s'en préoccuper. C'était trop tôt, elle avait appris à vivre au jour le jour et ne plus se prendre la tête pour des choses qu'elle savait ne pas pouvoir prévoir.

-Tant pis pour le rendez-vous au café ? demanda Mary en gloussant contre son cou.

-Tant pis pour le rendez-vous au café, confirma Océane.

Jerry et Suzanne ne leur en voudraient pas. Ils passeront un petit moment sympa entre amoureux, et ils sortiraient avec les filles une autre fois.

Elles avaient mieux à faire.

Mary traça doucement sur sa peau, du bout des doigts, le contour du tatouage gravé sur les côtes d'Océane.

Elle n'avait jamais contesté la décision de cette dernière de se faire tatouer ces mots, même sans savoir leur signification, même en sachant que la brune ne lui dirait pas.

Elles n'en avaient jamais reparlé. Il était là, imprimé sur sa peau pour toujours, et il y resterait.

Quatre mots, une virgule, un point.

Comme un point à la fin d'une phrase, ou d'une histoire d'amour.

Encre noire sur la peau immaculée, une promesse gravée ;

"Attirante, de milles manières."

Peut-être qu'après tout ce tatouage ne parlait pas de Mary.

Peu importe, Océane avait trouvé tout ce qui était utile pour la rendre heureuse. Une indépendance, une copine, des études passionnantes et des amis incroyables.

Tout allait parfaitement bien dans sa vie et elle ne voulait rien changer à son quotidien.


Et pourtant, elle ne pouvait pas se défaire de cette désagréable sensation.

Celle qui lui soufflait que quelque chose n'était pas à sa place, et qu'elle devait ouvrir les yeux.

Mais ouvrir les yeux sur quoi ?

Lui apprendre à aimer - [Romance lesbienne]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant