Chapitre 45

930 36 5
                                    


La musique était très forte et Océane l'entendait résonner depuis les toilettes du festival. Pour être honnête avec elle-même elle ne savait même pas ce qui l'avait poussé à se rendre seule au Midwest Festival.

Elle n'avait absolument rien à faire des groupes de musiques prévus pour la soirée ou encore de la buvette.

Si elle s'était écoutée, elle aurait passé la soirée au fond de son lit devant Netflix avec une tasse de chocolat chaud comme une larve. Mais elle ne pouvait pas se le permettre.

Pas si celle qu'elle attendait décidait de venir ce soir.

Sortant de la cabine en plastique des toilettes sèches, Océane passa se laver les mains, retouchant sa queue de cheval nerveusement. Aucune mèche ne dépassait mais elle ne pouvait pas s'en empêcher, essayant de s'occuper les mains.

Cela faisait à peu près une heure et demie qu'elle errait sur le site, faisant la navette entre les deux scènes mobiles, allant faire un tour vers la buvette de temps en temps, sans vraiment savoir quoi faire d'autre.

Sa veste en cuir était recouverte de perles de pluie, ayant été sous l'averse il y a peu de temps, et sans parapluie. Résultat : le site ayant pourtant été choisi dans un champ d'herbe plane était rapidement devenu une esplanade de boue et d'eau argileuse.

Océane repartit vers la plus grande scène ou un groupe de métal qu'elle ne connaissait pas était en train de jouer depuis une demi-heure, accompagné de musiciens sur guitare électrique et batterie.

Un groupe d'amis la dépassa en riant, suivis par un couple d'hommes se tenant la main et Océane détourna les yeux, la gorge serrée.

Viendrait-elle ?

Elle ne savait pas ce qui lui avait pris de lui envoyer cette entrée de festival. Sur le coup elle avait décidé que c'était une idée géniale, mais plus le temps passait, plus elle doutait du bienfondé de sa décision.

Ben ne se montrait pas, et Océane s'ennuyait.

Étrangement, l'ambiance électrisante de la musique l'était beaucoup moins quand elle était toute seule à attendre quelque chose qui ne se produirait probablement pas.

Après tout, la blonde avait peut-être retrouvé quelqu'un.

Ou alors elle lui en voulait à mort d'avoir ruiné sa carrière.

Appuyant ses poings au fond des poches de son jean, Océane marcha dans la boue à travers la foule amassée près des tables de la buvette et continua son chemin vers la scène en soupirant, sa casquette verte humide de pluie.

Mary avait gardé l'appartement. La brune avait déguerpit du jour au lendemain sans rien dire, imaginant que la tomboy avait compris. Avec du recul, c'était peut être la réaction la plus lâche qu'Océane aurait pu avoir.

Qu'était-elle sensée faire d'autre ?

Continuer à vivre sa petite vie bien rangée, à mentir à tout le monde autant qu'à soi-même ?

Alors qu'elle savait que la vie aurait-pu être beaucoup plus pétillante et pleine d'inattendu, de surprises chaque matins ?

Au moins, songea-t-elle, si elle ne vient pas, j'aurai tout essayé.

Elle parvint à se glisser jusqu'à la barrière entre la scène et la fosse, et s'y appuya, observant le groupe sans grande conviction. Ils jouaient bien, évidemment, mais elle avait trop de choses dans la tête pour réussir à s'immerger complètement dans la musique.

Au bout de quelque minutes, ils terminèrent sous une vague d'applaudissements, et un chanteur de Sturm und Drang prépara la scène à leur départ.

Lui apprendre à aimer - [Romance lesbienne]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant