Chapitre 24

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Quand le réveil d'Océane sonna ce matin là, elle mit un peu de temps à en comprendre la raison. On était samedi matin, pourquoi diable devrait-elle se lever à 5h30 ?

Une autre alarme fit écho à la sienne dans la chambre d'à côté et la brune se leva d'un bond.

Évidemment ! Le déménagement ! Comment avait-elle pu oublier ?

Elle ne prit pas la peine de se changer, ouvrant les volets et se dirigeant vers les toilettes en pyjama. Une fois chose faite, l'agitation dans la cuisine lui apprit qu'elle pouvait descendre donner un coup de main. Sans surprise, Benedict s'y trouvait déjà, en compagnie de son père. La blonde était elle aussi en chemise de nuit, comme souvent le week-end. Ils ne s'amusaient plus à jouer les pudiques maintenant qu'ils cohabitent depuis presque un mois. Sa chemise de nuit était un tee-shirt en coton rose clair, large et long, lui arrivant à mi-cuisses. Elle salua Océane d'un sourire mal réveillé, alors que la jeune femme venait les aider à préparer le petit déjeuner.

-Je vais prendre une douche, les averti le père d'Océane. Ne mangez pas tout !

Les deux jeunes femmes s'installèrent à table en riant, et discutèrent un peu durant le petit-déjeuner, comme elles avaient pris l'habitude de le faire.

Océane ne l'aurait jamais avoué de vive voix, mais oui, elles étaient devenues amies. Même de très bonnes amies.

Cependant, durant les heures de classes, elles entraient dans le rôle qu'on attendait d'elles. Océane redevenait l'élève, Benedict la professeure, et elles agissaient comme des inconnues.

Ce n'était pas facile, ni pour l'une, ni pour l'autre. Mais c'était comme ceci que les choses se devaient de fonctionner dans la société.

Après avoir débarrassé la table, elles montèrent se préparer dans leurs chambres. La voiture de Benedict était déjà chargée depuis la veille au soir, prête à être mise en route. Les parents d'Océane avaient discuté des besoins de la blonde et ils en étaient convenus que Océane l'accompagnerait seule. Les affaires n'étaient pas excessivement lourdes, c'était pour la majorité des vêtements et des affaires comme des produits de salle de bain, mais ils étaient tous organisés dans des sacs et des valises. Facile donc, à transporter.

Océane rejoignit son enseignante au rez-de-chaussée. Elles sortirent par le garage, s'habillant chaudement. En effet, le soleil du camping était désormais très loin, et la température de la ville n'était plus au beau fixe.

-En route, déclara Benedict en déverrouillant sa voiture.

Océane ouvrit la porte passager, et se glissa sur le siège, qui lui gela les fesses. La petite citadine avait dormi dehors, faute de place dans le garage, et son pare-brise était givré par le froid. Benedict entra à son tour, s'installant derrière le volant avec un petit couinement.

Océane ne put s'empêcher d'éclater de rire, créant un petit nuage de vapeur dans l'habitacle.

-Andouille, rétorqua la blonde avec légèreté, riant à son tour.

-Je pense que vous devriez mettre le chauffage, indiqua la plus jeune, hilare.

-C'est pas une mauvaise idée, confirma Benedict en s'exécutant.

La voiture démarra, et elles prirent la route afin de sortir de la ville.

-Connor gagne bien sa vie, expliqua l'enseignante. Ne soit pas trop surprise quand on arrivera. C'est à environ une heure de route, mais ça vaut le détour. Il travaille dans les affaires, en tant que banquier investisseur. Disons que, mon salaire ne vaudra jamais le sien, mais nous sommes très proches.

-Vous êtes la benjamine ? demanda Océane.

-Oui, sourit timidement Benedict. En réalité, nous ne sommes que deux dans la fratrie, Connor et moi. Et selon nos parents, il a réussi sa vie, mon grand frère.

Océane comprit très vite qu'elle sous-entendait que la sienne n'était pas réussie selon eux. C'était l'avantage de la brune ; elle était fille unique. Ce problème ne se poserait jamais.

-Eh bien, selon moi, ils ont de la chance d'avoir une fille aussi dévouée dans son travail, coupa-t-elle sans réfléchir. J'ai très rarement vu quelqu'un comme vous.

Elle fut surprise de la voir rougir légèrement.

-M-merci, bégaya la concernée.

Elles sortirent de la petite ville et se retrouvèrent très vite sur des routes de campagne, bien moins fréquentées. Les champs défilaient par les fenêtres, l'herbe blanchie par le gel du début de l'hiver. Quelques chevaux étaient encore de sortie, trottant près de la forêt avec vigueur, crinière au vent.

-J'espère que tu n'as pas peur des chiens, reprit Benedict.

-Heu, non pas du tout, pourquoi ? déclara Océane en se retournant vers la conductrice. Votre frère a des chiens ? J'adore !

-Oui, il est fan, s'amusa celle-ci. Il a deux dobermans, mais ils sont très gentils. Oh, au fait, au point où on en est, je pense que tu peux arrêter de me vouvoyer, Océane, parce que ça me donne vraiment l'impression d'être en cours.

-Heu... d'accord, répondit la brune.

Si jamais Mary était là, elle en perdait la tête, Océane le savait. Elle en était intimement convaincue puisqu'elle même avait du mal à réaliser. Elle pouvait tutoyer Benedict. Comme si elles avaient franchit un cap, un peu comme avec les collègues de sa mère. Mais ces aristocrates étaient bien plus âgées, et Benedict était beaucoup, beaucoup plus jeune. Et plus attirante.

Attirante, de mille manières.

-Je pense qu'on y sera dans moins d'une demi-heure, reprit Benedict comme si de rien n'était. Merci pour ton hospitalité, Océane. C'était vraiment inespéré.

-Oh, eh bien, c'était normal, bafouilla la plus jeune. J'espère que tout va s'arranger et que vous - je veux dire - que tu retrouveras un logement assez rapidement.

-Ne t'inquiète pas, je ne suis pas pressée, cela ne dérangera pas Connor si je l'embête un moment.

Elles se turent quelques minutes, observant la route, avant que Benedict ne bifurque sur un petit chemin en gravier, menant dans une propriété privée entourée par la forêt.

-Nous y voilà, déclara-t-elle.

Quand les arbres s'ouvrirent à la fin du chemin, ce fut pour révéler à Océane une résidence incroyable, au fond d'un jardin très isolé et entouré de pins. Un manoir accueillant, à la limite du petit château, en pierres gris clair et avec deux petites tours à gauche et à droite.

-Wow, murmura Océane.

A ses mots, Benedict rit par le nez en descendant dans l'allée.


Lui apprendre à aimer - [Romance lesbienne]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant