Chapitre 43

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Loin des yeux, loin du cœur.

Ce proverbe est bien menteur car malgré la distance c'est à toi que je pense.

(Anonyme)


Océane avait toujours été fan des musées.

Elle ne saurait pas expliquer pourquoi, mais cette ambiance calme et étouffée, le rapprochement avec les passants partageant le même centre d'intérêt, ces sensations l'attiraient.

C'était un peu la même chose que de rentrer dans un monde parallèle, vétuste même parfois, s'imaginer les multiples vies qui auraient pu s'ouvrir à elle en une seule.

C'était la raison pour laquelle elle adorait également lire, les recueils anciens de poésie, retraçant les histoires de personnalités de l'époque, qui ne vivaient pas dans le même monde qu'elle.

Avec curiosité, elle examina une toile très peu connue, protégée derrière sa cloison de plexiglass. C'était une nature morte, dans un très petit cadre, représentant un panier aux fruits variés et exotiques, dont les reflets des agrumes humides la fascinaient.

Elle imagina que cette peinture à l'huile avait été réalisée en Europe, peu après la colonisation des terres de l'ouest et la violence qui en découlait. Les gens de l'époque avaient alors découvert de nouvelles variétés de fruits, d'épices et de cacao totalement inconnues jusqu'alors sur leurs terres.

-Je vais aux toilettes, lui murmura Mary en glissant l'un de ses bras hors de sa taille et en prenant la direction des escaliers les plus proches.

Océane se retint de rire, sachant que contrairement à elle, sa copine ne supportait pas vraiment le silence et l'immobilité de ce genre d'endroits. Elle était venue pour lui faire plaisir et elle s'en sentait touchée.

Mary avait besoin de changement, d'action et de vitesse.

Une fête foraine, une soirée open bar ou encore un date au skate parc.

Pas cette espèce de mise sur pause du monde, des salles dans lesquelles l'espace-temps semblait s'être figé.

Poursuivant sa visite en silence, Océane remarqua un groupe de lycéens visiblement très ennuyés par le musée et ses expositions. Ils répandaient un brouhaha dans la salle d'à côté, plutôt désagréable.

Elle comprit que ce devait être une sortie scolaire.

Soupirant, elle allait prendre la direction de l'étage supérieur afin de rejoindre Mary, espérant que le groupe se serait éloigné quand elles redescendraient, quand quelque chose retint son attention.

Au milieu du désordre vocal, se battaient la voix de deux femmes qu'elle supposait être les accompagnatrices.

L'une d'entre elle, pourtant à peine audible conduit le cœur de la brune a rater une dizaine de battements d'affilé.

Au début, elle ne comprit pas pourquoi, mais son instinct la poussa à faire demi-tour, et a se diriger vers la salle en question.

Et alors qu'elle se laissait porter par ses pas comme un robot, la voix rappela à nouveau les lycéens à l'ordre, avec gentillesse.

Elle fut frappée en pleine tête par tous les flash-back qu'elle avait tant travaillé à oublier avec les années.

Reconnaissable entre mille. Peu importe le temps écoulé.

Se figeant dans le cadre de la porte menant à la pièce en question, les yeux de la brune parcoururent frénétiquement l'espace.

Les jeunes, bruyants, bavardaient appuyés contre les fauteuils en plastique au centre de l'exposition. Certains répondaient discrètement à leurs messages, le téléphone portable caché dans la poche tandis que quelques-uns avaient l'air dépassés par la situation, essayant d'accéder aux étiquettes expliquant l'origine des tableaux et sculptures.

Lui apprendre à aimer - [Romance lesbienne]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant