Chapitre 16

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Pov Suzanne

Elle se rinça les mains, et jeta un dernier regard à son reflet dans le miroir du lycée. Le maquillage avait fait son travail. Personne ne pourrait se douter que sa peau n'était pas immaculée. Elle quitta les toilettes. Dans le couloir, Océane avait disparu dans sa salle. Suzanne, elle, avait décidé que la première heure de maths ne valait pas la peine d'être suivie. Après tout, plus rien n'en valait vraiment la peine.

Elle n'en avait pas parlé à Clara et Emeline. C'était sûrement la dernière fois que les filles la verrait au lycée. Elles ne se doutaient de rien.

Sortant rouler sa clope devant le bâtiment, elle se moqua d'elle-même de ne même pas avoir eu la force de rire au nez d'Océane. Mais pour la première fois, elle avait presque eu pitié de son ennemie et de sa moue paniquée. Parce qu'elle comprenait.

Elle avait envie de tout foutre en l'air mais ne trouvait pas la force de le faire. Sa seule occupation était de s'asseoir et de fixer le vide. La cigarette rougeoya quand elle tira sa première bouffée.

Il allait falloir qu'elle se trouve un travail. Un salaire. Elle ne pouvait pas rester ici.

Encore une fois, alors que la fumée s'échappait en volute de son souffle, les cris revinrent la hanter.

Elle aurait souhaité ne plus se rappeler.

Elle était en colère contre son frère. Elle lui en voulait de ne pas avoir essayé de rester. Elle lui en voulait de l'avoir laissé toute seule.

Parce que c'était son devoir, maintenant qu'il n'était plus là. C'était à elle de faire survivre sa mère.

Elle se rappelait le rire de ce mec qui le visait avec son putain de flingue. Elle se rappelait qu'il l'avait regardé en lui promettant qu'elle n'oublierait jamais qui faisait la loi dans ce quartier.

Un règlement de comptes. Kalid était mort dans un putain de règlement de comptes.

Et elle sentait encore le sang qu'il avait versé, séché sous ses ongles. Elle avait frotté toute la nuit comme si ça pouvait lui faire oublier son corps gisant sans vie sur le trottoir. Le sang se mélangeant avec l'eau stagnante du caniveau. Il avait 24 ans. Il était mort en s'interposant entre elle et le dealer.

Son envie de mépriser le monde venait de disparaître.

Elle avait juste envie d'oublier le monde.

Dans sa poche, elle sentit le sachet que Kalid gardait planqué dans le faux plafond de sa chambre. Celui pour lequel il avait perdu la vie.

Après tout, il n'y avait rien de mal à essayer, non?

Lui apprendre à aimer - [Romance lesbienne]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant