Me Too [Terminée]

Chapitre 26

C'était lors d'une soirée d'hiver, qu'une femme donnait naissance pour la deuxième fois. Logeant dans l'appartement délabré d'un vieil immeuble désaffecté en Thaïlande, ses cris de douleur étouffés par la boule de tissu coincée entre ses dents, s'agrippant au mur dont le crépi s'effritait sous ses ongles rongés, attendant que le nouveau à naître daigne pointer le bout de son nez. Le travail avait commencé depuis plus d'une journée maintenant, la femme, trempée de sueur, épuisée et à bout de souffle poussa une dernière fois, en pleurs et les jambes tremblantes, elle entendit enfin son enfant, réceptionner par sa fille dont le regard était terrorisé et les mains tremblantes, elle l'enveloppa maladroitement dans une fine couverture et coupa le cordon ombilical avec une vieille paire de ciseaux et une pince à linge. Un silence de quelques secondes dura, rythmé par les respirations saccadées de la mère et quelques pleurnichements du nouvel enfant. La petite fille, alors âgé de cinq ans, fourgua le nourrisson dans les bras mous de sa maman et malgré l'épuisement de cette dernière, ses yeux se portèrent sur le nouveau-né: «humide et fripé, comme tous les bébés» fut la première pensée qui lui vint en le voyant, puis elle s'endormit.

À l'aube, la jeune et petite prénommée Wipa, émergea, son sommeil troublé à cause du manque de chaleur, elle se rapprocha de sa mère, faisant geindre son petit frère, lui aussi dérangé durant son sommeil par la lumière pénétrant doucement mais sûrement dans l'habitacle douteux, la petite fille ne désirant pas se réveiller, décida de s'accrocher au bras de sa mère voulant se rassurer d'un contact chaleureux et douillet, pourtant ce qu'elle toucha fut rigide et froid, glacial même. Tout d'abord elle pensa toucher le mur, mais après avoir tâtonné de sa frêle petite main plusieurs endroits où était censé se trouver sa mère, elle se rendit compte que quelque chose n'allait pas et ouvrit immédiatement les yeux, faisant face au corps de sa mère figé dans la même position que la veille: portant son petit frère dans le creux de ses bras de manière à le protéger de quoique se soit.

Wipa, ne comprenant ce qu'il en était, tapota à plusieurs reprises sur l'épaule de sa mère, visant ainsi à la réveillée mais cela nefonctionna pas, elle l'appela en lui chuchotant à l'oreille, pour ne pas réveiller le bébé, mais cela ne marcha pas non plus, elle retira donc son petit frère des bras de sa mère et tenta de la pousser de toutes ses forces pour la faire bouger mais rien n'y faisait, la femme était aussi rigide qu'une statue. Ne sachant plus quoi faire d'autre, la petite fille rassembla toutes les couvertures qu'elle pouvait trouver aux alentours et les superposa sur le corps inerte de sa mère, y ayant relogé son petit frère entre ses bras le temps de ses explorations.

Cette situation ne dura heureusement pas longtemps, en pleine matinée un groupe d'hommes se fit entendre en bas du bâtiment, qui, dans moinsd'une semaine se verrait être détruit pour être remplacé par quelque chose de nouveau et moderne. Wipa dont les tentatives de réveiller sa mère étaient toujours de vigueurs, fut piquée d'un stress montant à l'entente des hommes grimpant au fur et à mesure dans le vieil immeuble, prenant brusquement le nouveau né dans un bras tandis que de l'autre elle secoua sa mère allant même à la frapper pour qu'elle les protège de ces inconnus.

Causé par l'agitation de sa sœur, le bébé se mit à pleurer, réclamant par la même occasion quelque chose à manger pour son petit corps frêle et affamé, affolée, Wipa redoubla d'efforts et se mit à pleurer tant elle ne savait plus quoi faire, alors que les hommes, dont les cris et les pleurs les avaient étonnés et inquiétés, montaient les escaliers au pas de course, l'un étant resté en bas pour appeler les secours. Lorsqu'ils arrivèrent à la source, deux d'entre eux vomirent à l'entrée de la pièce face aux odeurs nauséabondes que relâchaient les fluides corporels de la femme tandis que les deux autres prirent précipitamment les enfants dans leurs bras, les descendants difficilement jusqu'à l'extérieur en attendant les pompiers et la police qui fut appelée peu après malgré les cris des enfants, Wipa hurlant à s'en cassé la voix, se débattant fermement malgré la fatigue, elle voulait revoir sa mère, on était en train de la lui enlever.