La Reine elfique

Chapitre 5

Je souffle en passant les portes de l'amphithéâtre, tandis que plusieurs regards se fixent sur moi. Je les ignore et m'installe à ma place. Marion est déjà là, visiblement gênée. Je lui apporte mon soutien en me décalant et en posant ma main à plat sur la sienne, sur le bureau. Jordan s'approche alors et se plante devant nous, observant nos mains.

« Alors, la rumeur est fondée ? Tu es lesbienne maintenant ? » demande-t-il, un sourire en coin. Je sens Francis se lever derrière moi, Tatsuya fait de même de l'autre côté, mais je lève un doigt pour les calmer.

« Puisque tu sembles d'humeur à jouer ce matin, j'aimerais aborder un sujet qui me passionne : l'Histoire. Je comprends ton intérêt marqué pour ma personne - je suis grande, blonde aux yeux bleus - mais ce n'est pas le sujet. Sais-tu qu'un autre de mes domaines d'intérêt, en plus de l'histoire et des langues, est la généalogie ? Et lorsque l'on fait le lien entre les deux, c'est vraiment fascinant. Ton arrière-grand-père était chimiste, n'est-ce pas ? »

Jordan me fixe, livide, avant que ses yeux ne scrutent nerveusement les alentours, en particulier Galia, deux rangées plus loin. Dans l'amphithéâtre, tous sont suspendus à mes paroles.

« Avant la guerre, il travaillait pour la Deutsche Gesellschaft für Schädlingsbekämpfung, plus connue sous le nom de Degesch, n'est-ce pas ?

— Tais-toi », gronde Jordan.

« Allons, petit poussin », me moquai-je, « tes amis sont désormais curieux. Mais qu'est-ce que Degesch a bien pu breveter ? » Je claque des doigts. « Le Zyklon B ! » Jordan recule précipitamment et quitte la salle. Un silence pesant envahit la pièce alors que tous me fixent, mais je me tourne vers Galia.

« Excuse-moi, Gal.

— Il fallait le remettre à sa place. Mais, euh... c'est vrai ?

— Oui », affirmai-je en m'asseyant tandis que la porte s'ouvre de nouveau.

Le malaise se dissipe alors que le professeur et son assistant se préparent et écrivent divers énoncés sur les tableaux.

« Alors ? » demande le professeur.

Je reste silencieuse, laissant une chance aux autres de répondre. Mes regards se posent sur mes amis qui hésitent, et Marion semble peu sûre d'elle.

« Allons, ne cherchez pas à valider vos réponses auprès de Mademoiselle Pernelle. Qui veut essayer ? Allez, au moins l'un des six ? Ah, Monsieur Nobuyama ! »

Je fixe Tatsuya alors qu'il s'approche d'un des tableaux d'interrogation, l'observant attentivement avant de se lancer. Je secoue légèrement la tête, signalant une réponse incorrecte, ce qui n'échappe pas à l'attention du professeur. Tatsuya se retourne, me voit, revoit sa réponse et se corrige avant de se tourner à nouveau vers le professeur. Cette fois, j'hoche légèrement la tête.

« Belle tentative, Monsieur Nobuyama. Par chance, ce sujet ne sera pas dans vos examens de fin de session, mais il fera partie du programme du prochain semestre. Soyez prêt ! Alors, personne d'autre ne veut essayer ? Mademoiselle Pernelle ? »

Je me lève lorsque mon nom est prononcé et m'approche des tableaux, entourée par les étudiants.

« Combien ? » me demande le professeur.

Avec le crayon, je tape sur un tableau, puis sur un autre en le faisant coulisser. Je m'arrête pour lire les autres énoncés, créant du suspense, avant de taper sur un autre tableau. Ensuite, je commence à répondre aux questions, et le professeur s'incline lorsque j'ai terminé et que je retourne à ma place.

« Trois sur six, c'est plus qu'honorable. Ces six questions constitueront la base de votre prochain semestre et seront des fondements essentiels pour la suite de votre parcours. Nous les étudierons dès la prochaine rentrée. Bien, commençons... »