Chapitre 18

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Les filles profitent de la journée comme si tout était normal, comme s'il s'agissait d'une journée de vacances, mais je sens que quelque chose se prépare, je le perçois dans l'air, je le ressens. Je reste assise, méditant, le vent tourbillonnant légèrement autour de moi. Vella est assise en face de moi, surveillant Marion et prête à intervenir si nécessaire. Laurel, quant à elle, instinctivement consciente du danger imminent, s'est donnée pour mission de protéger Audrey. Elle a parfaitement compris ce qui se trame, mais elle garde le silence, ne voulant pas effrayer nos amies et gardant sa propre nervosité pour elle. À la position de chacun, elle a compris que Vella n'est pas ici pour me protéger.

L'éclair qui déchire le ciel surprend mes amies, mais c'est mon signal.

« Tu aurais pu prévenir », rigole Audrey.

Ce n'est pas moi.

L'air est chargé d'électricité, faisant dresser le duvet blond de mes bras. Un nuage noir s'approche, menaçant.

Très bien, c'est le moment.

Je me lève et me place devant Vella, la cachant à la vue de la forme qui se matérialise un peu plus loin.

« Alors, chérie, tu bloques mes appels ? » demande Clément d'un ton narquois.

« Nous deux, c'est fini. Je suis dans une relation bien plus stable maintenant. Tu manquais de... substance. »

Clément me regarde, puis fait un pas vers moi.

« Tu sais pourquoi je suis ici. Tu m'appartiens. Le trône est à moi.

— Ouais... mais non.

— Si tu m'obliges à te soumettre, Lyssa, qu'il en soit ainsi. »

Un éclair surgit, frappant en direction de la maison, vers Marion, dans un bruit ressemblant à de la tôle qui se broie. Marion regarde, les yeux écarquillés, la forme qui se tient devant elle, ses cheveux blonds ondulant sous le vent que je génère. Vella se retourne, vérifiant que Marion n'a rien, alors que son bouclier fume encore après l'attaque.

« Merci, Vella », murmure Marion en regardant son amie qui n'a plus rien de la fragile miniature. Deux épées sont accrochées à son dos, un bouclier rond est à son bras gauche, orné d'un motif de lignes ondulées. Laurel a déjà mis Audrey à l'abri à l'intérieur de la maison et, ayant récupéré des couteaux de boucher dans la cuisine, se tient prête à défendre mon amie.

« Tu crois que ta Naïade va protéger cette fille ? Ne me fais pas rire, Princesse. Personne ne les a jamais vues au combat, elles sont juste bonnes à s'amuser dans la rivière.

— Prends-toi à Marion et tu verras. Elle est la plus redoutable de mes guerrières. Vella, je te confie Marion.

— Oui, Majesté.

— Pfff. Tu t'en es sorti de justesse dans les deux épreuves, celle-ci te soumettra. Mets-toi à genoux devant moi et tout s'arrête maintenant. Tes amies s'en sortiront indemnes. »

Une fois de plus, un éclair jaillit, mais comme la fois précédente, je l'intercepte à mains nues et le presse contre moi, le faisant pénétrer en moi. Mon corps est parcouru d'électricité, mes yeux s'éclaircissent, devenant d'un bleu froid, glacial. Malgré lui, Clément recule en me regardant, puis se reprend et attaque. Je génère un tourbillon de vent qu'il contre en m'envoyant la même attaque. Il se rapproche rapidement en me frappant de son poing. Je ressens le coup comme si j'avais été percutée par un mur de béton. Il me frappe à nouveau, me faisant plier les genoux. Une pluie se met à tomber alors qu'il continue à frapper, mais je ne ressens plus les coups. Une fine carapace d'eau me protège. Je me redresse, ses coups ne me touchent plus. L'eau se concentre au point d'impact, puis je frappe du poing avec toute la puissance dont je suis capable, le faisant reculer de plusieurs mètres. Malgré le déchaînement des éléments, j'entends les cris de Laurel qui me conseille et me guide. Sur l'eau, portée par le vent, je me déplace rapidement, frappant comme Laurel m'a appris, enchaînant les droites et les gauches, ainsi que des coups bas, comme un violent coup de pied dans son entrejambe, le mettant une fois de plus à terre. Aucune sympathie ne m'habite en regardant mon ancien amant allongé, essoufflé et en colère. Toutes les années passées à mes côtés, à me soutenir, à me protéger et à m'aimer, sont balayées par la réalité que je connais désormais. Il a abusé de moi, de ma confiance.

La Reine elfiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant