Chapitre 16

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« Laurel ? » demandai-je, surprise. « Je ne t'imaginais pas vivre dans ce genre de maison », dis-je alors qu'elle nous laisse entrer.

« Pourquoi ? » demande-t-elle en croisant les bras.

La maison est colorée, avec des tableaux contemporains, des fleurs et des plantes. Le mobilier est résolument moderne, de couleur blanche, agrémenté d'accessoires principalement jaunes.

« C'est une atmosphère très féminine.

— Je suis une femme, Amélie.

— Oui, j'apprécie énormément ton intérieur. Tu me surprends à chaque fois », dis-je avant que mes jambes ne se dérobent sous moi.

« Amélie ! » s'écrie-t-elle en me rattrapant avec Marion.

« Je me sens de plus en plus fatiguée, je ne sens plus mes jambes. Je crois que ça commence. »

Je les regarde alors qu'elles me soutiennent, m'allongeant sur le canapé et me retirant mes chaussures. Laurel ne sait pas comment réagir, elle est ancrée dans la réalité, mais j'ai besoin de sa présence, je le sens.

« De quoi as-tu besoin ?

— Un récipient d'eau et un ventilateur, peu importe ce qui peut générer un peu de vent. Marion t'expliquera. Je... »

Je suis dans le tunnel, effrayée par ce qui m'attend. Je ne suis pas adepte des films d'horreur, alors affronter une créature cauchemardesque, comme des rats géants ou des zombies, me terrifie. Je laisse mes doigts glisser sur la pierre, effleurant les symboles. En passant sur celui en spirale, je le touche dans le sens inverse, dans une tentative puérile de conjurer le sort. Je remarque d'autres symboles, mais comment savoir ce qu'ils signifient ? Un bruit, comme un cliquetis se rapproche. J'avance, m'enfonçant davantage dans le tunnel jusqu'à l'apercevoir, éclairée par une torche vacillante. C'est ce que je redoutais. Ses yeux se fixent sur moi, puis elle ouvre sa mâchoire et pousse un cri strident. Je réalise alors que le pire est à venir, lorsque des centaines d'araignées surgissent et se précipitent vers moi. Je m'enfuis en courant, la peur me donne de l'énergie. Je me faufile à travers un dédale de couloirs et, en me cognant la tête contre un plafond plus bas, je suis presque assommée, perdant ainsi de précieuses secondes. Une araignée, probablement une éclaireuse, me griffe, mais je la repousse avec dégoût, répugnée par la sensation de ses pattes velues.

J'ignore que pendant ce temps, Marion essuie doucement le sang qui coule de mon front, tandis que Laurel désinfecte soigneusement la plaie causée par la griffure de l'araignée. Soudain, un hurlement s'échappe de ma gorge, effrayant mes amies. Marion réagit immédiatement, plongeant ma main blessée dans le contenant rempli d'eau, tandis qu'un ventilateur souffle de l'air frais sur mon visage. Laurel sursaute lorsque ma main valide s'agrippe à son poignet. Elle me regarde, tétanisée, alors que des marques de coupures et de morsures apparaissent sur mon visage. Marion ferme les yeux et répète en boucle un mantra qui apaise Laurel.

« Emvi, Emvi, Emvi », murmure-t-elle.

Ignorant tout cela, ma Naïade émerge de l'ombre et se manifeste devant Laurel, qui la contemple, stupéfaite. Marion se penche pour aider ma Naïade à monter sur le canapé.

Emvi fixe intensément Laurel, lui demandant de ne pas me lâcher, puis elle esquisse un sourire en s'inclinant vers Marion et lui demande de poser sa main sur la mienne dans le contenant d'eau. Instinctivement, je croise mes doigts avec les siens. Emvi pose alors sa main sur mon front, et je crache du sang.

« Battez-vous, Majesté, puisez la force dont vous avez besoin, souvenez-vous, l'eau est partout, dans l'air, servez-vous-en. »

Je suis recouverte d'araignées aussi grosses que des chihuahuas, je sens leurs morsures, leur venin s'infiltrer dans mon sang. Soudain, alors que je sens que je vais mourir, tout devient clair dans mon esprit. Le temps semble ralentir. Je ressens la présence de l'eau partout, dans l'air, dans mon sang qui se répand sur le sol, dans la roche qui m'entoure. Je la sens affluer vers moi, telle un torrent, traversant la roche et emportant les araignées avec elle, les noyant. Le hurlement de rage de l'araignée géante ne m'effraie plus. Alors que je la regarde s'approcher rapidement, l'eau s'élève du sol, se solidifiant sous l'effet du froid, se transformant en une multitude de lances. Le sol gèle, emprisonnant les pattes de l'araignée, qui se retrouve ainsi immobilisée. Elle devient alors une cible facile pour les lances de glace que je lui envoie, la déchiquetant sur place. Je hurle ma rage tout en tombant au sol, épuisée.

La Reine elfiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant