La Reine elfique

Chapitre 10

Personne ne vient, mais j'entends une voix qui m'appelle. J'ai envie de suivre cette voix, mais je crains de me perdre dans la forêt. C'est inévitable avec seulement une lampe torche. Je ne veux pas épuiser ma batterie en utilisant la fonction lampe de mon téléphone, et mon chargeur ne fonctionne pas avec les prises anglaises. Je m'assois dehors un instant, écoutant les bruits de la forêt. Je ne suis pas étonnée que le folklore soit si riche ici, avec tous ces sons et ces murmures, c'est un terreau fertile pour l'imagination. Est-ce que j'ai réellement vu quelque chose s'échapper dans les bois ? Je commence sérieusement à douter de moi-même.

Je me sens un peu ivre lorsque je me lève pour rentrer me coucher. Les murmures se taisent brièvement, puis reprennent.

« Y a-t-il des créatures magiques ici ce soir ? » demandai-je à voix haute, faisant taire les bruits environnants.

« Merci pour votre franchise. Je vais me coucher. Je te souhaite une longue et heureuse vie si je ne te revois pas. Et toi aussi, Clément, où que tu sois parti », dis-je en éteignant la lumière extérieure, puis en fermant la porte derrière moi. Je déboutonne simplement mon pantalon et je reste habillée pour dormir, allongée sur le canapé. Je prends l'entière responsabilité de ma soirée. J'ai bu, c'est de ma faute.

Je me retrouve dans un tunnel en pierre, orné de symboles que je parcours du bout des doigts. Il y a principalement des spirales et des lignes ondulantes gravées sous la lumière vacillante des torches. Un bruit me fait sursauter et je me retourne. Je sens un danger approcher, alors je me mets à courir dans une galerie souterraine, les bruits se rapprochant, comme des cliquetis. Un bruit métallique me fait sursauter davantage et je me lève pour allumer la lumière. La porte est bel et bien fermée et verrouillée, mais le couvercle de la boîte à biscuits est par terre.

« Y a-t-il quelqu'un ? Clément ? »

J'ouvre la porte de la salle de bain et tire le rideau de la douche, mais il n'y a personne, ni dans le placard. Il ne me reste plus que la chambre. Je saisis le balai et en casse le manche, poussant la porte.

« Je vous préviens, je suis armée. Si vous ne voulez pas que ça se passe mal, vous... »

Je sursaute en voyant quelque chose passer à toute vitesse à côté de moi.

Qu'est-ce que c'est ?

Ce n'est ni un écureuil, ni un chat.

Je retourne précipitamment dans le salon, mais je ne le vois plus.

Est-ce que cela me comprend ?

« Je ne vais pas te faire de mal, regarde, je jette mon arme », dis-je en la lançant sur le canapé. « Tu veux un biscuit ? Tiens », dis-je en en déposant plusieurs par terre. « Tu préfères de l'eau ou un jus d'orange ? » Je sors deux soucoupes et y verse les liquides, les posant ensuite au sol. « Je ne te ferai pas de mal, mais il ne faut pas m'en faire non plus, je suis gentille. » Je saute sur le comptoir de la cuisine et m'y assois, attendant.

« N'aie pas peur, approche », dis-je d'une voix douce. Du coin de l'œil, il me semble percevoir un mouvement, mais quand je fixe l'endroit, je ne vois rien, seulement dans ma vision périphérique. Je plaque ma main sur ma bouche en observant la créature prendre un biscuit et le manger, puis elle se dirige vers l'eau, ignorant complètement le jus d'orange.

Désolée, il y a beaucoup de trucs dedans.

« Bonjour », dis-je tout doucement. « Est-ce toi qui m'appelles ? » La créature se redresse et me fixe, puis prend un autre biscuit tout en s'inclinant. Je m'efforce de mémoriser ce que je vois, une créature quadrupède qui peut aussi se tenir sur deux pattes comme un écureuil, bien qu'elle n'en soit pas une. Elle n'a pas de queue et sa tête ressemble à celle d'une grenouille. Un têtard peut-être ? Elle mesure environ une vingtaine de centimètres de haut et semble posséder une certaine conscience, car elle porte ce qui pourrait ressembler à un vêtement. « Est-ce toi qui m'a guidée dans la forêt lorsque j'étais perdue ? » La créature se redresse puis s'incline dans une sorte de révérence.