Chapitre 19

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Je ne peux m'empêcher de regarder autour de moi, émerveillée par l'architecture qui rappelle les décors de films et d'animations. Les statues imposantes au caractère royal, les murs ornés de fresques... Tout cela m'éblouit. Les chuchotements peu discrets et les regards scrutateurs ne m'échappent pas, mais je reste déterminée, avançant avec confiance. Cependant, je croise également de nombreuses créatures que je n'ai jamais vues auparavant : des humains, des elfes, et d'autres dont je n'ai aucune référence.

Mes Naïades sont sur le qui-vive, prêtes à intervenir au moindre signe d'hostilité. Pour ma part, je suis préparée, sachant que j'ai ma propre protection.

Nous franchissons plusieurs portes, traversant différentes pièces jusqu'à arriver devant ce qui semble être la Salle du Trône.

« Patientez ici, je vous prie, Ma Dame », nous demande l'homme qui nous a guidés.

Les gardes s'éloignent, se positionnant près des portes, tandis que d'autres restent à nos côtés. Je perçois chez certains une allégeance qui penche en ma faveur. Puis, un homme s'avance et s'installe sur le trône, me fixant intensément.

« C'est vous qui êtes à l'origine de cette agitation ? » demande-t-il d'un ton interrogateur.


Je place ma main sur l'épaule d'Emvi qui se crispe légèrement face au ton employé. De mon côté, je reste étonnamment calme tout en fixant l'homme devant moi.

« Régent, cette Dame prétend être la fille du Roi Ory et de la Reine Sidrat, la Princesse Lyssa », explique d'une voix ferme l'homme qui nous a conduit.

Le régent lève un sourcil, affichant une expression de surprise feinte. « Ah... C'est tragique, mais la Princesse, la Reine et le Roi ont disparu depuis bien des années. Normalement, nous procédons à une évaluation minutieuse des prétendants. Cependant, d'après ce que j'ai pu comprendre, vous avez fait forte impression sur le Chambellan et avez même rallié les Naïades à votre cause. Nous allons donc passer à l'étape suivante. Je préfère vous avertir, avant que vous ne décidiez de poursuivre, que personne n'a jamais réussi cette épreuve. »

Je ne réponds pas immédiatement, préférant attendre de savoir de quoi il s'agit. Je n'ai aucune confiance en lui et je perçois une certaine arrogance dans son attitude. Il semble certain que je vais échouer. Du coin de l'œil, je remarque que certains gardes se reculent discrètement, prêts à dégainer leurs armes. Je me prépare également, prête à riposter si l'attaque survient. Pour ma part, je préférerais prolonger le plaisir et faire durer le suspense.

Une porte s'ouvre lentement, laissant apparaître une créature hideuse qui s'avance d'un pas lourd, attirant immédiatement l'attention des gardes. Cependant, un murmure du Régent le rappelle à l'ordre, et il se fige, me fixant de ses yeux perçants. L'animal ressemble à un lion, mais en beaucoup plus massif et plus velu, avec une gueule démesurée. Les dents, oh oui, je me souviens très bien des dents, m'avertit presque Audrey dans ma tête. Et effectivement, cette créature possède une rangée de dents acérées, répugnantes, rappelant celles d'un requin.

Un sourire s'esquisse sur mon visage, un sourire qui ne passe pas inaperçu. Je le reconnais, cet animal. Je l'ai vu auparavant, dans ce livre magique qui me suit constamment. Et il me semble que j'ai une connexion personnelle avec cette créature, un souvenir fugace qui refait surface dans ma mémoire.

« Drigh ? » dis-je doucement en m'agenouillant. « C'est moi, Drigh », ajoutai-je en tendant la main, sentant la nervosité d'Emvi à mes côtés, prête à intervenir. L'animal s'approche, sa posture menaçante et son grondement témoignant de sa méfiance. Il ne me reconnaît pas, mon odeur a changé depuis le temps, depuis que je me suis imprégnée de parfums humains et que j'ai quitté son environnement. Mais il y a quelque chose qui ne change pas. Je glisse deux doigts dans ma bouche et les tends vers lui, imprégnés de ma propre salive. Tous les regards sont rivés sur moi, mais je ne ressens aucune peur.

La Reine elfiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant