Chapitre 36

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 Law s'essuya le front du revers du bras. Ça y est, il avait fini. Il s'était occupé de la plupart des blessés. Et il y en avait beaucoup ! Beaucoup plus qu'il ne l'avait imaginé. Les blessures allaient de superficielles à extrêmement graves, et il dut même enchaîner deux opérations. Courtes, certes, mais nécessaires pour la survie de ses patients. Les réaliser dans un lieu aussi étouffé et étroit — Cathbad l'avait autorisé à s'isoler dans une pièce privée à l'étage — l'avait forcé à user de plus de ressources qu'il ne l'aurait cru. Ce n'était pas qu'il n'était pas habitué à ça ; dans son sous-marin, les conditions n'étaient pas optimales. Mais là... C'était encore pire. Il faisait chaud et il manquait de matériel.

Et bien sûr, ça, c'était sans compter l'électron libre du village. Luffy faisait les allers-retours dans la pièce et alpaguait Law chaque fois qu'il entrait dans son champ de vision... A croire qu'il était incapable de se passer de lui ! Law s'efforçait de toujours répondre, même par un geste ou un regard noir. Mais Luffy ne semblait pas décidé à le laisser tranquille. Quand Monkey D. Luffy avait une idée en tête, elle ne s'en allait pas si facilement !

— Toraooooo !

Law se tendit. Bon sang ! Il avait expressément demandé aux membres de l'équipage de tenir leur capitaine à l'écart. Que faisaient la Jambe noire et la navigatrice ? C'étaient eux qui avaient le plus d'autorité sur Luffy ! Ah, ça, ce n'était pas le robot ou le squelette qui allaient le forcer à se tenir à carreaux... Ils l'encourageaient même parfois dans ses bêtises ! Bon, pas autant que son confrère à fourrure et le sniper, les deux compères préférés du garnement quand il s'agissait de s'amuser. Finalement, il n'y en avait vraiment pas un pour rattraper l'autre.

Il espérait sincèrement que quelqu'un d'autre attire l'attention de Luffy ; il supportait de moins en moins de rester trop près de lui. Chaque fois qu'ils étaient ensemble, le chirurgien de la mort sentait en lui un élastique se tendre dans ses tripes. Non, il fallait qu'ils s'évitent, au moins un peu.

Malheureusement, personne n'accapara son attention, et le petit capitaine, décoiffé de son chapeau de paille, arriva à sa hauteur, une moue bizarre sur le visage.

— Torao !

— Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a, Mugiwara-ya ? répliqua Law.

— Je t'appelle mais tu réponds pas !

— Peut-être parce que je suis occupé...

— Mais tu pourrais quand même répondre !

Face à l'insistance de son allié, une goutte de sueur perla sur le front du docteur Trafalgar. Ne comprenait-il pas quand il lui disait qu'il était occupé ?

— Je ne pouvais pas. Et arrête de crier !

— Mais quand même... Je m'ennuie, moi, sans toi, Torao !

— Il faut bien que je soigne ces gens.

— Et pourquoi on le ferait pas ensemble ? Ce serait amusant !

— Amusant ? Arrête tes conneries, Mugiwara-ya ! C'est sérieux, la médecine !

— Ok, ok ! M'engueule pas, shishishi ! Et tu vois, toi aussi tu cries ! C'est pas bon pour le patient !

Law faillit sentir sa mâchoire se décrocher. Quelle insolence ! Comment osait-il utiliser ses propres arguments contre lui ? Quelle honte ! Quelle disgrâce ! Néanmoins, il marquait un point. Le patient qu'il venait d'opérer avait besoin de repos, et ce n'était pas en entendant des disputes qu'il parviendrait à récupérer.

Le chirurgien poussa un long soupir.

— Qu'est-ce que tu voulais, Mugiwara-ya ?

— Je venais voir si t'avais besoin d'aide...

Le Poisson d'OrOù les histoires vivent. Découvrez maintenant