Chapitre 53

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— Allez ! Il est temps de se mettre suuuuuuuuuper au boulot !

Franky tapa dans ses mains métalliques avec entrain. Face à lui, de grands gaillards, forts, couverts de bandages, attendaient, armés d'outils. Ils le regardaient avec une attention certaine. Un large sourire se dessina d'un bout à l'autre du visage robotique du cyborg. Malgré leurs blessures, malgré les pertes, malgré la situation catastrophique qui touchait l'île, ils se tenaient là, prêts à se redresser. Pour peu, Franky aurait pleuré. Tant de... bravoure ! Tant de... virilité ! Ah ! Que de grandeur dans ces ouvriers improvisés !

Les ouvriers acquiescèrent et s'apprêtaient à se mettre au travail quand le charpentier en chef les rappela. Il attendit quelques secondes, le temps de faire monter le suspense. Devant leur visage qui exprimait une incompréhension totale, il se décida à parler :

— Bah alors, les gars ? On n'oublie pas quelque chose ?!

— Quoi ?

— Et la Suuuuuuper Dance alors ?! Allez ! Je vous montre !

Joignant le geste à la parole, Franky posa une main sur sa hanche, l'autre devant lui, paumes ouvertes.

— On prend d'abord la pose du bon gars ! Voilà, comme ça ! Le bras bien tendu, la petite fesse gauche en arrière, c'est important ! Ensuite... On met la musique...

Un petit air de tambour résonna depuis ses épaules. Les yeux des ouvriers s'écarquillèrent, et leur mâchoire faillit se décrocher. Franky se mit à battre la mesure de son pied le plus avancé en expliquant qu'il fallait le faire pour garder un bon rythme :

— C'est essentiel ! C'est pour nous échauffer ! Un, deux ! Un, deux... Pour les blessés, un petit mouvement suffira !

Les villageois, d'abord consternés, se regardèrent entre eux. Puis la musique, différente de tout ce qu'ils avaient entendu jusqu'à présent, commença à rentrer doucement dans leurs oreilles. Automatiquement, leur corps bougea. Lentement, au rythme de la mélodie qui faisait vibrer l'air. Leur pied frappa le sol, leurs épaules vibrèrent, leurs mains s'agitèrent.

— Et on change de sens ! Right, Left ! Right, Left ! Right, Left !

Ils imitèrent Franky, qui passait d'une posture à droite à une posture à gauche toutes les deux secondes, le temps d'apprécier la pose ; ses gigantesques épaules lui donnaient une allure de colosse, et sa coupe de cheveux en brosse frémissait à chaque changement d'appui.

— C'est ça ! Faut pas être timide ! Owwww ! Yeah ! Right, left, right, left ! Allez ! J'ai connu des danseurs avec plus d'entrain que ça ! Right, left, right, left ! Le postérieur un peu plus en arrière, voilà, suuuuper !

Bras à gauche, bras à droite ; bras à gauche, bras à droite, leur petit cul en arrière, les ouvriers bandés commençaient à se donner à fond, attirant le regard de quelques curieux. Franky continuait de battre la mesure en dansant, criant ses instructions avec entrain.

— Allez ! Et comme c'est la version Two years after, on rajoute un petit mouvement ! Up, down ! Up, down !

Tout en donnant ses consignes, Franky pliait les genoux en baissant les bras avant de se remettre droit en levant les mains en l'air. Au milieu du village, six paires de ressorts au fessier dodu s'agitaient.

— Et un petit tour !

Avec l'élégance d'un Oz qui se mettrait à la danse classique, le Cyborg tourna sur lui-même. Puis il recommença une série de gauche-droite, suivie d'une autre de bas-haut, toujours un grand sourire collé sur le visage. Soudain, il s'arrêta, mains devant lui. Les autres l'imitèrent, attendant la suite.

Le Poisson d'OrOù les histoires vivent. Découvrez maintenant