Chapitre 38

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— Il nous reste combien de temps avant d'atteindre le village ? demanda Usopp.

— Un peu moins d'une heure de marche.

Le sniper leva les yeux au ciel en entendant cette réponse. Encore une heure de marche... Quelle folie... Comment un simple marécage pouvait-il être si long à parcourir ? Plus ils s'enfonçaient dedans, plus le chemin semblait long au sniper. Et ça, c'était sans compter la peur qui lui serrait le ventre. Pourquoi fallait-il qu'ils se trouvent toujours dans de telles galères ? Pour une fois, n'aurait-il pas été mieux de tomber sur une île agréable ? Une île touristique ? Un lieu plus sympathique ?

Ils marchaient depuis un petit moment déjà. Progresser dans ce bourbier était si pénible que le tireur d'élite avait l'impression que leur randonnée durait depuis une journée entière.

— On va y trouver quoi, dans ce village, au juste ? bougonna Zoro.

Visiblement, l'épéiste de l'équipage semblait aussi agacé que le menteur invétéré.

— De quoi se désaltérer, chasseur de pirates.

— C'est-à-dire ? Sois plus clair...

— De l'alcool.

— Ah ! Bah c'est plutôt bien.

— C'est l'alcool qui te motive ? remarqua Usopp, un peu agressif.

— Bah ouais.

— Et retrouver les autres... Non ?

Zoro ne répondit pas. Usopp savait très bien que son compagnon voulait retrouver leurs amis, mais c'était comme s'il se sentait déjà comblé. Les yeux de l'escrimeur se perdirent rapidement vers le côté droit. Là où se trouvait Robin.

— J'espère que tout le monde va bien, répétait Chopper.

— S'ils sont sortis de l'autre côté, ils ont dû faire demi-tour. Nous allons peut-être les croiser. S'ils ne sont pas des poules mouillées, ils ont dû passer par les marécages...

— Mes amis ne sont pas des poules mouillées, rétorqua le renne.

— Oui, sans doute... Ah ! Qu'elles dégagent une terrible atmosphère, ces terres désolées, ne trouvez-vous point ? chantonna l'auteur. Oh, attendez !

— Quoi ? marmonna Usopp, agacé des excentricités de leur guide.

Charlie plongea la main dans l'intérieur de son costume noir. Il en sortit un carnet et une petite plume, puis s'installa sur une racine qui dépassait du sol. Sa main s'agita.

— Me dites pas qu'il...

Robin gloussa. Zoro grinça des dents. Il n'y avait vraiment rien d'amusant ! Bon, c'était peut-être un truc d'intellectuel... Il ne pouvait pas vraiment juger. Ce n'était pas son truc. Mais il détestait voir son amie rire aux conneries de ce dingue. Qu'avait-il de drôle ? Absolument rien ! Un illuminé, voilà ce qu'il était... Il en avait marre de ces imbécilités.

— C'est vraiment le moment de griffonner ? demanda Usopp.

Charlie releva la tête après une bonne dizaine de secondes de silence. Comme ses cheveux noirs tombaient sur ses yeux bleus, il dut repousser la mèche rebelle du revers de la main.

— L'inspiration n'attend pas. C'est toujours le moment de griffonner ! Et, vois-tu, je ne griffonne pas, j'écris. Ne saisis-tu donc point la différence entre les deux ? Il serait cruel de ne pas en profiter !

— Tu ne peux pas faire ça plus tard ?

— La poésie est un art complexe. Il faut s'imprégner de chaque décor et laisser sa voix intérieure parler.

Le Poisson d'OrOù les histoires vivent. Découvrez maintenant