Chapitre 17

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 Pour la troisième fois, Law s'appliqua à vérifier qu'il ne manquait rien sur la liste que Chopper lui avait fournie. Avec Luffy à ses côtés, la mission s'avérait un peu plus compliquée que prévu. En plus de s'assurer que tout était disponible, il devait surveiller les faits et gestes de son allié.

— C'est bon, Torao ?

— Deux secondes, Mugiwara-ya.

Un soupir d'agacement passa les lèvres de Law. Luffy lui avait posé cette même question cinq fois d'affilée. Il l'empêchait de se concentrer. Il ne pouvait pas se permettre d'oublier quoi que ce soit ; s'il manquait un seul ingrédient, un simple remède pouvait se transformer en un dangereux poison. La présence ou l'absence d'un produit devenait donc une question de vie ou de mort. Bien que l'idée lui apparaissait plus que tentante au vu de ce qu'il subissait depuis qu'il les avait rejoints, Law ne voulait pas être le responsable de leur mort.

D'ordinaire, cette tâche aurait été réglée en une petite dizaine de minutes. Mais la présence de Luffy le ralentissait. Il n'arrivait pas à se concentrer. Le brun bougeait dans tous les sens, prenait une plante, lui demandait sans cesse si c'était la bonne, la reposait, regardait par la fenêtre, voulait sortir de la boutique, revenait, racontait tout et n'importe quoi et distrayait ce pauvre Law qui avait toutes les peines du monde à faire de simples courses.

Si dans un coin de son esprit, le docteur Trafalgar s'était d'abord dit qu'il pourrait peut-être se comporter comme un amoureux avec Luffy, il avait rapidement abandonné en voyant l'attitude de Luffy, ce qui devait plus les faire passer comme frères plutôt que comme couple. Le pirate au chapeau de paille agissait comme un véritable enfant, et Law devait le surveiller.

Je n'ai pas signé pour garder un sale gosse pareil, moi...

Les yeux rivés sur la liste écrite par Chopper, il dut lever la tête pour voir ce que faisait Luffy. Heureusement, son acolyte observait les produits d'un air curieux. Après lui avoir répété au moins dix fois qu'il ne devait pas toucher les plantes, Luffy avait, semble-t-il, enfin compris. Il se contentait donc juste de lire les noms des différents végétaux ou bocaux à sa portée, rigolait bêtement devant les appellations des produits et passait au suivant. Law ne manqua pas les petits regards en coin que le garnement lui lançait.

Ce gars n'est vraiment pas discret.

Il remit la liste dans sa poche et s'approcha de Luffy. Dans la boutique, il n'y avait pas beaucoup de monde, tout comme dans toutes les boutiques devant lesquelles les deux pirates étaient passés. Une petite foule de badauds s'agglutinait dans les rues, discutait, échangeait quelques conversations banales mais peu d'entre eux entraient à l'intérieur des magasins. Peu d'entre eux portaient des sacs.

Cette stupide île lui rappelait beaucoup sa ville natale, ce qui mettait franchement Law de mauvaise humeur. L'apparente pureté des lieux le dégoûtait. Un sentiment oppressait sa poitrine. Les gens d'ici n'étaient ni méchants, ni fourbes ; mais leurs sourires sonnaient faux. L'harmonie de l'endroit le mettait mal à l'aise. Pourtant, tout était fait pour apaiser les clients : les rayons brûlants du soleil étaient mis en déroute par un mistral qui faisait danser les pans de sa veste noire ; la clameur de la foule chantait avec bonheur les louanges des produits vendus, tandis que le discours des vendeurs s'accompagnait des notes sautillantes d'un piano. La peinture des magasins s'étalait harmonieusement sur les murs, les étales étaient dispensées de la façon la plus agréable possible et la bienveillance ne quittait jamais les traits des gens.

En un mot comme en cent, cet endroit dégageait un certain charme.

Même auprès d'eux, des étrangers, aucune méfiance ne déformait leurs traits. Law rit avec amertume dans un coin de sa tête. Tous les peuples n'étaient pas comme ça... Si tout le monde se comportait ainsi, peut-être que des tragédies ne verraient pas le jour. Mais au lieu de ça, on préférait détruire, juger, persécuter les autres pour une différence, une minable petite particularité. Pour quelques esprits malveillants, ce qui façonnait autrui s'apparentait à un simple danger.

Le Poisson d'OrOù les histoires vivent. Découvrez maintenant