Le Poisson d'Or

Chapitre 5

— Je ne pensais pas que ça marcherait, chuchota Nami. L'amour donne même des ailes à des éléphants, visiblement.

Robin acquiesça distraitement. Alors qu'ils allaient passer à table, la porte du dortoir s'était ouverte sur le capitaine des Heart. Luffy avait automatiquement réagi et sauté du canapé :

— Torao !

Il se para d'un léger sourire. Luffy se précipita à ses côtés, mais Law l'écarta au dernier moment, sentant que le petit capitaine allait lui sauter dans les bras comme il le faisait si souvent.

— Yo, Mugiwara-ya.

— Tu sors enfin de ton trou ?

Law tourna le regard en direction de Zoro, affalé sur la table, une bouteille de saké à la main.

— Et toi, visiblement, tu bois comme un trou...

— Hein ? s'agaça Zoro.

— Vous allez pas commencer ! gronda Nami.

Tous les esprits se calmèrent. Les colères de Nami étaient craintes par tout le monde. Personne ne voulait risquer de provoquer son courroux. Law détourna la tête, visiblement vexé d'être repris au même titre que les autres. Sur son navire, c'était lui qui faisait la loi ; or, ici, Nami avait bien plus de pouvoirs. Déjà qu'il devait se plier aux exigences de Luffy...

— Bon, allez, Torao ! Viens t'asseoir avec moi, clama haut et fort Luffy en prenant Law par le bras.

Le pauvre médecin n'eut pas le loisir de riposter, entraîné par l'entrain de Luffy. Ils s'installèrent sur l'un des canapés.

— Brook ! Sers-nous à boire !

— Assurément, mon cher Luffy ! Yohohohoho !

Le musicien s'empara de deux pintes, les remplit et les posa devant les deux garçons. Ils trinquèrent — avec entrain pour Luffy, plus timidement pour Law — et burent. Les effluves de l'alcool ne calmèrent pas les ardeurs du capitaine élastique. Il se colla à Law dont le visage se décomposa en une grimace de gêne mais qui ne laissa place à aucun mouvement pour s'éloigner.

— Sanji ! On mange bientôt ? héla-t-il le cuistot.

— Deux minutes ! Sois patient !

— Mais j'ai faim, moi ! T'as pas un truc à grignoter ?

— Non, tu attends !

— Mais...

Luffy ne termina pas sa phrase, laissée en suspens. Son regard se posa sur la main de Law, elle-même posée sur la sienne.

— Sois patient, répéta Law, plus bas. Et ne crie pas.

Tout l'équipage, gardant un oeil sur le chirurgien, resta bouche bée. Luffy se contenta de souffler et reprit une gorgée de sa boisson. Nami jeta un regard surpris à sa comparse, effarée : Law venait vraiment de calmer l'appétit de Luffy en une phrase ! Chopper, qui tenait la barre, leva sa truffe bleue vers la salle.

— C'est bizarre... grommela-t-il.

C'était étrange ; il ne pouvait s'empêcher de ressentir une pointe de jalousie. La proximité entre Luffy et Law ne devrait pas le déranger, et pourtant ! Que Luffy passe plus de temps avec un autre médecin avait quelque chose de légèrement douloureux.

— Oh, Chopper est suuuuuuuuuper jaloux ! clama Franky, hilare.

— La ferme, grommela le renne. Je suis pas jaloux !

— Si, tu l'es, mon petit pote. Mais c'est normal ! Si ce beau gosse était charpentier, je le prendrais mal que notre capitaine fricote avec lui !

— Je suis pas jaloux ! bouda Chopper. C'est juste que... Je les trouve vraiment proches, même si Law dirait le contraire...