PDV SARA
14 avril 2019 - Lieu inconnu - 07H30
L'alarme du petit réveil me sort de mon sommeil. Je me lève rapidement, monte dans la cuisine et prépare le café et les pancakes. Hier, mère a oublié de me mettre mes chaînes, je ne m'en plains pas, j'ai mieux dormi que d'habitude.
C'est bizarre, je n'ai toujours pas entendu crier. Mère doit encore dormir, je vais essayer de ne pas faire beaucoup de bruit, les coups d'hier me font encore souffrir.
20 minutes passent et toujours aucun signe d'elle ou de son coup d'un soir. Je me dirige vers le salon et vois ma génitrice affalée sur le sofa. Elle a l'air inerte, où est son copain qui se trouvait ici la veille ?
- Mère ?
Pas de réponse. Normalement, je n'ai pas le droit de parler. Si je la réveille et qu'elle est de mauvaise humeur, la journée va être longue pour moi.
Est-ce là un message du destin qui me dit de m'enfuir ? J'ai une opportunité, mais j'ai peur de la saisir. Et si elle me retrouve ?
Je m'approche un peu plus et remarque un peu plus son teint blafard, est-elle morte ?
J'avais déjà lu dans un livre qu'il faut appuyer sur le poignet gauche de la personne pour sentir les battements de son cœur. J'expire, et m'avance, tremblotante. Si elle est vivante, je vais souffrir.
Au premier contact avec sa peau, la froideur de celle-ci me surprend. Et plus je cherche, plus j'en suis persuadée, ma génitrice est décédée.
Que suis-je censée faire maintenant ? Je ne connais ni l'adresse, ni mon nom de famille. Je ne suis pas sortie de chez moi depuis longtemps, je ne connais même pas mon âge, elle ne m'a jamais souhaité mon anniversaire.
Je sais que je suis allée à l'école jusqu'en 2010 et que depuis je suis enfermée dans mon placard. Il faut que je cherche mon identité. Si un de ses clients doit venir, ce ne sera pas avant ce soir, j'ai le temps.
Je commence par fouiller sa chambre, mais je ne trouve absolument rien, seulement de la drogue éparpillée un peu partout et des vêtements pas lavés. C'est une heure plus tard, dans le meuble de l'entrée que je trouve une photo.
Un homme avec une barbe s'y trouve, tenant un bébé dans les bras. Quand je regarde au dos, Milos et Sara Ružić apparaît à l'encre noire avec la date du 19 mars 2000. Voilà mon nom de famille, voilà mon père... Cette photo à plus de 19 ans. C'est donc mon âge ? Est-ce qu'il se souvient de moi ?
Je descends mes yeux et y vois une suite de chiffres, je ne sais pas ce que ça signifie. 646-509-3446. Je ne sais pas à quoi cela correspond.
J'ai deux possibilités, soit je m'enfuis avec l'argent, j'essaie de refaire ma vie et j'oublie tout ça. Soit j'appelle la police, je leur demande de retrouver mon père et je prends le risque qu'il soit peut-être mort ou qu'il ne se rappelle plus de moi.
Je jette à nouveau un œil sur l'image, et son sourire me convainc, je vais prendre le risque. J'attrape le téléphone fixe et compose le 911. J'explique le minimum, que ma mère est décédée pendant la nuit, ils me localisent quand je leur dis que je ne connais pas l'adresse et j'attends, assise dans l'entrée.
J'ouvre la porte quand j'entends toquer et ne fais pas attention aux regards que les deux agents de la paix me lancent. Ils vérifient qu'elle est bien morte avant de se tourner vers moi.
Je sais bien qu'ils se posent des questions, je n'ai pas changé de vêtements depuis un certain temps, je me lave 1 fois par semaine. Ça ne doit pas être beau à voir. Heureusement hier était le jour de la douche.
- Policier 1 : Mademoiselle ? Savez-vous où est votre père ?
Je ne dois pas répondre, il m'est interdit de parler. Je tends la photo, qu'il regarde avant de la tendre à son collègue.
Quand il s'accroupit devant moi, je recule contre le mur en fermant les yeux, les mains sur ma tête enfouie dans mes genoux. Les clients de mère étaient gentils au début, comme eux. Et ensuite, le vrai visage refaisait surface.
- Policier 2 : Vous venez avec nous ? On va essayer de retrouver votre père et de faire l'inventaire de vos blessures à soigner.
Je me lève, toujours en tremblant, prend le petit sac que j'avais préalablement préparé et les suis jusqu'au commissariat. J'attends un peu dans la salle d'attente, puis une vielle dame vient me chercher. On entre dans une pièce contenant deux chaises et un bureau.
- Vieille dame : Bonjour ma petite, je suis Anna, je suis médecin et j'aimerais regarder tes blessures, est-ce que tu m'y autorises ?
Elle me demande l'autorisation ? Elle a l'air très gentille.
Je hoche la tête et elle me demande de me mettre en sous-vêtement. Je panique et la regarde, perdue.
- Anna : As-tu une culotte et quelque chose pour cacher ta poitrine en dessous de tes vêtements ?
Je secoue la tête, les larmes aux yeux.
- Anna : Eh chut...chut, ce n'est rien, je vais aller t'en chercher.
Elle revient au bout de 2 minutes avec un slip de couleur blanche et un truc que je ne reconnais pas de la même couleur, qu'elle appelle 'soutient gorge'. Elle me montre une petite pièce et je vais enfiler ce qu'elle m'a donné. J'ai du mal à enfiler le haut, mais en le mettant comme un tee-shirt ça marche, je ressors, mes mains essaient de cacher mon corps.
Le médecin écarquille les yeux, prend son dictaphone et énumère toutes mes blessures. Elle compte 23 bleus sur mes jambes, une trentaine sur mon torse et mon dos, 5 sur le visage et une ancienne fracture des cotes qui s'est mal remise. J'ai plusieurs plaies, dont 1 en dessous de mon œil et une autre sur le front.
Avec mon accord, elle prend tout en photo avec une sorte de règles noir et blanche devant chaque lésion. Ensuite, je me rhabille avec un tee-shirt gris de la police et un short noir en coton beaucoup trop grand pour moi.
J'espère qu'ils ont réussi à contacter mon père. J'aimerais qu'il vienne me chercher et qu'il se rappelle de moi.
Je le veux, du plus profond de mon être.
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𝑲𝒊𝒏𝒈 𝒐𝙛 𝑪𝒉𝒂𝙤𝙨 - |𝙑𝒖𝙠 | TERMINÉE |
RomanceVuk, président des King Of Chaos, et déjà papa d'un petit garçon en recherche de figure maternelle, rencontre Sara la fille de son parrain Floki, disparue depuis 18 ans. Effrayée et traumatisée, le biker va tout faire pour l'aider à aller mieux. Mai...