Chapitre 4

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Je n'ai pas été recrutée par l'armée comme je le pensais à la pension. J'avais quinze ans, mes parents avaient été les malencontreuses victimes d'un cambriolage qui avait mal tourné. Je me retrouvais seule, bien que psychologiquement je sois seule depuis toujours.

Deux hommes sont venus un jour, ont discuté avec le directeur de la pension, et sont venus me chercher, rangeant mes affaires dans une boîte en carton, sans prononcer une seule parole, se tenant toutefois à une distance raisonnable de moi, évitant de me regarder trop longuement dans les yeux. Gardant un œil sur mes pieds et mes bras, à l'affût du moindre mouvement. Le directeur me regardait, tentant par son contact visuel de m'empêcher de réagir brusquement, en me disant simplement de les suivre. Alors je les ai suivis, ne me posant aucune question, ne me rebellant pas. Je suivais la demande de l'autorité, le directeur ayant toujours été présent pour moi, malgré mes victimes. Quelques membres de la meute étaient revenus, suite à l'incident, mais n'étaient plus les mêmes. Ils rasaient les murs quand ils me voyaient ou faisaient demi-tour. Par leurs comportements, ils contribuaient à ma légende et à attirer l'attention sur moi.

On ne me ramena pas chez mes parents.

On ne me conduisit pas dans un camp militaire.

Je me retrouvais dans une zone industrielle laissée à l'abandon en dehors de la ville. Un des deux hommes me poussa dans un hangar, puis dans un bureau à l'étage où il posa mon carton au sol.

« Ton nouveau chez toi », me dit-il en fermant la porte, la barrant à clé.

Je regardais par la fenêtre, ne voyant que des bâtiments, avant d'ouvrir une porte pour trouver un semblant de salle de bain. Des toilettes et un combo lavabo-douche. La superficie de ma nouvelle chambre était un peu plus grande que celle à la pension, plus confortable en tout cas. Je disposais même d'une petite bibliothèque.

Pendant des mois et des mois, je n'avais aucune notion du temps, chaque jour étant une répétition du précédent, j'ai été entraînée, battue, humiliée, blessée, mais toujours je me relevais. On m'apprit à ne pas me blesser. On m'apprit à me battre, à torturer, à tuer, à disparaître, à me rendre invisible.

Tous les jours, je courais, dans le but d'apprendre à gérer ma respiration, puis j'apprenais à me battre. Pas de karaté ou de kung-fu, rien d'esthétique. J'appris à aller à l'essentiel et le krav-maga était tout indiqué pour atteindre un adversaire en combat rapproché le plus vite possible. Simplicité, rapidité et efficacité devinrent mon mantra.

Le reste de la journée était consacré au maniement des armes. Couteaux, armes de poing, fusils devinrent mes jouets. Le tir longue distance, ma prédilection.

Je devenais plus forte, plus agile, plus agressive, plus létale.

Toutes mes journées étaient identiques, mon seul point de repère était les saisons que je voyais défiler depuis ma fenêtre. J'avais été coupée du monde pendant très longtemps avant d'être relâchée dans la nature un jour... sous surveillance. Pour ma première mission je fus envoyée dans un quartier où régnait un gang de petites frappes s'adonnant au trafic de drogue et à la prostitution sans reverser sa commission au clan mafieux dirigeant cette partie de la ville.

Je fus donc déposée en voiture à un coin de rue, et je devais passer un simple message.

« Ne traîne pas. »

Ce fut ma seule consigne.

Je ne savais pas à quoi m'attendre, j'étais dehors, en ville, confrontée à la vie réelle pour la première fois depuis des années. Mais je n'étais pas là pour faire du tourisme.

Je traversais donc le quartier, à la recherche de petits merdeux. Ce sont eux qui m'encerclent, à cinq, quand ils me trouvèrent, certains qu'ils allaient bien s'amuser avec moi.

Tueuse à gagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant