Chapitre 5

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En revenant d'un voyage d'affaires omnibus, comme je les appelle, où je profite d'être en déplacement pour régler quelques dossiers en souffrance, où je me permet quelques relances et où je profite de mon temps libre pour faire du tourisme, je récupère mon sac à dos dans le coffre de ma voiture, une fois garée sur mon parking. Je m'apprête à rentrer quand je croise Sam qui termine sa séance de musique en solo. Petite bise et mot gentil pour se saluer, je me sens normale en sa présence. J'ai tellement pratiqué devant mon miroir au tout début de notre rencontre, que maintenant j'ai l'air naturelle en sa présence. Je la complimente sur sa coiffure qui est différente de celle qu'elle avait quelques jours plus tôt. Les femmes aiment quand on le remarque et le signale, c'est ce que j'ai lu. Moi, mes cheveux sont toujours courts donc on ne m'en parle pas, et je suis toujours habillée pareil. Le but étant de se rendre invisible. M'invitant à prendre un café chez elle, je décline, ayant besoin de me défouler après avoir conduit sans m'arrêter pendant huit heures. Elle semble déçue, mais je n'en suis pas sûre. Aussi, je me justifie en disant que je vais à la salle de sport pour me détendre avec m'être tapé près de deux mille cinq cent kilomètres en trois jours. Sam comprend, mais encore ce regard. Je soupire intérieurement et lui propose de m'accompagner. Son regard s'éclaire, et, après avoir récupéré mon sac de sport dans mon appartement et déposé mon sac de voyage, elle s'installe côté passager dans la voiture, sans rien dire.

« Parle-moi, Sam, dis-moi ce qu'il y a », l'interrogais-je en sortant du parking.

« Mon ex est passé au Club.

— Celui avec qui ça s'est mal fini ? », demandais-je cherchant à savoir duquel elle me parle. Sam est mignonne et a beaucoup de succès auprès des hommes, mais elle a la fâcheuse habitude d'être attirée par le mauvais type, celui avec qui ça finira forcément avec pertes et fracas. Ses cheveux roux et ses yeux verts font des ravages.

« Ouais... Thomas. Il veut se remettre avec moi et je n'ai pas mon mot à dire apparemment.

— Il t'a menacé ? », demandais-je d'une voix froide, cherchant un créneau dans mon agenda pour m'entretenir avec ce Thomas.

« Non, pas vraiment.

— Désolée de ne pas avoir été là pour te raccompagner Sam.

— Ce n'est pas ton travail de veiller sur moi, Tessa. C'est de ma faute, je choisis toujours mal mes petits amis. »

La fille à l'accueil de la salle de sport ne voit aucun inconvénient à ce que Sam m'accompagne, flairant peut-être une future cliente. Je me change et j'oublie un instant sa présence dans mon dos. Elle crie malgré elle en s'approchant, touchant mon dos. Je me retourne, toujours en soutien-gorge quand je comprends. Mes cicatrices. Sam semble paniquée aussi je l'assoie sur le banc et lui explique, me dévoilant pour la première fois à elle, lui parlant de mon enfance.

« Ce n'est rien, Sam. J'ai été placée jeune en pension, mes parents ne pouvaient pas s'occuper de moi, et la pension fut... dure. Je souffre d'un syndrome neurologique qui fait que je ne ressens pas grand chose. »

Sam m'écoute à moitié, obnubilée par mon corps.

« Mais tu es couverte de cicatrices Tess !

— Oui, je sais.

— Attends, tu ne ressens... rien ?

— Si, bien sûr. Non, en fait, pas grand chose.

— Mais quand tu... enfin, tu... Tu ressens quelque chose quand tu fais l'amour ?

— Je ne suis pas sûr. Je ne ressens aucune attirance.

— Ah merde ! » se choque-t-elle.

« Ce n'est rien, je n'en ressens pas le besoin non plus.

Tueuse à gagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant