Chapitre 10

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Demain, ce sera jour de congé pour Sam, elle m'a invitée à prendre un petit déjeuner ensuite nous avons rendez-vous avec un agent immobilier. Elle est contente car elle allait avoir un toit, on s'entend plutôt bien, mais elle culpabilise que je prenne en charge la plus grosse part des frais. Ce n'est pas comme si cela me dérangeait. Mais je suis honnête avec moi-même, j'aime bien cette fille et moi, mon espérance de vie est assez courte. Mon métier est à risque, ma pathologie une épée de damoclès. Je ne serais pas longtemps auprès d'elle. Tant que je peux sécuriser un peu son avenir, moi je m'en fiche. Mon argent ne me sert à rien. Quant à penser à une reconversion professionnelle... je ne supporterais jamais de travailler dans un bureau, enfermée dans un cubicule. Je pourrais tuer de 42 façons différentes tous mes collègues rien qu'avec une agrafeuse. Et puis, je ne sais rien faire d'autre. Tueuse à gages, ça donne quoi comme expérience de travail sur un CV ? Le sens de l'organisation, la gestion des priorités, la gestion du temps, le souci du détail ?

Le téléphone sonne, toutefois ce n'est pas l'habituel message crypté, mais un rendez-vous avec le dirigeant de la branche de l'organisation. Depuis la fin de mon entraînement et de l'emménagement dans mon appartement, je n'ai jamais eu de contact en personne. Ce que l'on doit me demander doit être important. Je ne suis pas inquiète, mon travail est irréprochable.

Je gare ma voiture à un coin de rue, me dirigeant dans la boutique d'un marchand de journaux. Ne remarquant aucun client, je me présente, celui-ci me fait signe de le suivre, et fait coulisser une paroi s'ouvrant sur une porte, conduisant sur un escalier. En bas des marches, je me retrouve dans un espace transformé en bar et casino clandestin. Une montagne me fait face, un grand type baraqué, avec un cou de taureau, fait office de douanier et place sa main devant moi, me touchant presque. Je m'annonce, il me détaille de la tête aux pieds, esquissant un sourire avant de me tendre un petit bac pour que j'y dépose mes armes. À contre-coeur, je me débarrasse de mes deux Glock, cachés dans mon dos, de mon tanto1 que je sors du harnais fixé entre mes épaules, du mini-couteau caché dans ma ceinture avant de le regarder quelques secondes pour finalement sortir un autre couteau de mes bottines. Je lui montre ensuite mes poings, en souriant, alors qu'il s'efface pour me laisser passer. Un autre garde du corps me conduit jusqu'à un bureau.

Je n'avais jamais rencontré le boss, je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre, mais au moins à quelqu'un qui inspire le respect. L'homme que je vois derrière le bureau, petit, maigrichon, avec des lunettes cerclées ressemble à un comptable, pas au dirigeant d'une organisation criminelle. Sa voix correspond à son physique et me dérange. L'intonation m'irrite.

« Asseyez-vous, il faut que l'on parle. »

Je lui obéis et je m'installe confortablement dans son canapé, tout en le regardant.

« Vous devez bien avoir un prénom parce que « la dame blanche », c'est bien pour le travail, mais au quotidien ce n'est pas très pratique », dit-il en ricanant.

« C'est important ? Parce que si c'est le cas...

— Non.

— Alors, pourquoi suis-je ici ? Nous n'avions jamais eu à nous rencontrer jusqu'à aujourd'hui. Y a-t-il un problème ?

— Des rumeurs. D'autres organisations cherchent à vous débaucher, ou du moins à vous débusquer. J'ai deux questions pour vous. Considérez-vous leurs offres ? Et ensuite, à quel point êtes-vous loyale ?

— Je suis loyale envers ceux qui m'ont recrutée et formée, oui. Je ne considère pas les autres offres, non. Ma situation me convient, le mode de fonctionnement aussi. Je fais ce que l'on me demande.

— C'est tout ce que je voulais entendre. Je vais vous verser un bonus, pour vos services, pour vous montrer ma reconnaissance. Vos dernières missions ont été parfaites.

Tueuse à gagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant