« La première fois que nous nous sommes rencontrés, nous m'aviez dit que vous exerciez un métier dangereux. J'en déduis que vous tirez avantage de vos syndrômes. »
Allongée sur la banquette, je fixe le plafond, préférant ne pas parler de mon travail, ce qui conduirait à la fin de notre relation. Il a compris depuis la dernière fois que je préfère être placée de façon à voir les accès. Quelle est cette manie de tourner le dos à la porte, aux fenêtres ? C'est une mode ? Est-ce normal et donc moi qui ne le suis pas ?
« Je me suis faite une amie, là où je vis. C'est énormément de travail pour moi, de me forcer à avoir un quelconque intérêt à ce que l'on me dit, de m'intéresser à sa discussion, son travail, mais elle semble m'accepter telle que je suis. Le lis des livres sur les relations interpersonnelles pour savoir comment me comporter.
— Vous ne voulez toujours pas parler de votre travail ?
— Comme son bail ne sera pas renouvelé, je lui ai proposé d'emménager avec moi. »
J'évite toujours de répondre à sa question.
« Vous y voyez du positif ?
— Je lui ai parlé de mes syndrômes, je ne veux pas qu'elle se sente responsable de moi, et qu'elle me surveille en permanence non plus. Mais, en la voyant et en lui parlant tous les jours, j'ai l'impression d'être normale, donc oui, j'y vois un côté positif.
— Vous ne parlez pas de votre famille, êtes-vous en contact avec vos parents ?
— Je ne les ai jamais revu depuis que j'ai été placé.
— Est-ce qu'ils vous manquent ? »
Je le regarde simplement, sans répondre, comme si j'avais réellement une réponse à lui donner, réponse qu'il semble réellement attendre.
« Non. »
Je le regarde gribouiller sur son carnet. Il peut écrire ce qu'il veut, sa liste pour faire ses courses, un poème, faire un tic-tac-toe, ça ne me fait ni chaud ni froid.
« Qu'attendez-vous de ces séances exactement, Madame Lawless ? Il est clair que je ne peux pas vraiment vous aider, les conseils que je pourrais vous donner, vous les avez plus ou moins pris en main vous-même, en vous faisant une amie, en vous forçant à lui démontrer de l'intérêt, en faisant des recherches pour apprendre les codes en matière de relations interpersonnelles.
— Je ne sais pas. À apprendre à être plus humaine, dans un sens. Vous êtes tenu au secret médical, donc vous êtes la seule personne à qui je peux me confier en toute tranquillité.
— Encore faut-il que vous me parliez.
— Oui.
— Bon, vous avez abordé votre enfance, parlez-moi de votre adolescence. C'est une période cruciale dans la vie, celle des expériences, de la socialisation, des premiers amours.
— Non. C'était calme. Pas d'ami ni d'amour. »
Tous les jours je m'entrainais, j'apprenais à me battre, à me servir de toutes sortes d'armes. C'est la seule éducation que j'ai eue. Ceux qui m'enseignaient sont les seuls que je côtoyais. Devais-je lui expliquer que je ne suis venue à la vie que le soir de mon premier contrat, le soir où je suis devenue la dame blanche, cette espèce de justicière ou de criminelle selon qui donnait son avis sur mes agissements.
« Parlons de vos amours, justement. Avez-vous quelqu'un dans votre vie ? Entretenez-vous des relations amoureuses ?
— Je ne comprends pas. Vous parlez de sexe ?
— Pas forcément de relation sexuelle, mais au moins une relation amoureuse, un flirt peut-être. à votre travail, là vous vous habitez, y a -t-il quelqu'un qui fait battre votre cœur un peu plus vite, pour qui vous ressentez l'envie d'en savoir plus, d'en avoir plus ?
— Non. Jamais.
— Vous avez déjà eu des relations sexuelles ? Avez-vous ressenti quelque chose, un quelconque stimuli ?
— Oui, mais rien. Absolument sans intérêt. Je ne comprends pas qu'il y ait autant de films et de livres sur ce sujet.
— Eh bien durant une relation sexuelle L'hypothalamus libère des endorphines qui, en se répandant dans le système nerveux à un effet euphorisant sur tous les sens.
— Ah ? Eh bien pas chez moi. »
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Tueuse à gages
ActionTuer pour de l'argent... C'est un métier comme un autre, je suis comme les éboueurs, je nettoie les rues pour de l'argent. J'en vis bien, je n'ai pas d'états d'âmes. C'est mon travail, et je le fais bien. Sans attache, sans émotion. Ça, c'était avan...