« Alors ? » demandais-je quand il s'assoit à ma table sans y être invité et sans me demander s'il peut.
« J'ai une proposition à vous faire.
— Laquelle ? »
J'écoute l'agent Fellowes m'expliquer son enquête autant qu'il le peut et où j'interviens, me demandant de m'infiltrer dans la milice pour observer et rapporter ce que je vois et ce que j'entends.
« Pourquoi est-ce que je ferais cela ?
— Pour prévenir un possible attentat. Le Président pourrait être pris pour cible.
— Et ?
— Des femmes, des enfants pourraient être blessés ou tués. »
Mon regard est vide. Je sens que c'est important, que ce qu'il me demande est juste, mais il n'y a aucune étincelle qui me fait réagir.
« Kerry, si on me demande de sauver le président, qu'est-ce que je dois faire ? » demandais-je quand elle s'approche, faisant sursauter l'agent, ma question le déroutant complètement.
« Ça dépend lequel » sourit Kerry. « L'actuel ou le précédent ? Ou celui avant le précédent.
— L'actuel ou celui avant le précédent » réplique l'agent en souriant.
« Tu devrais le faire », sourit Kerry en passant sa main dans mon dos et en s'éloignant.
« D'accord, je vais le faire. »
L'agent me regarde avant de me tendre la main.
« Rendez-vous demain, je vous communiquerais le dossier et vous expliquerais ce que j'attends de vous. Vous devrez vous entraîner à avoir un discours patriotique anti-gouvernemental.
— Aucun souci, je vais étudier ce soir, je serais prête. Vous avez une liste de cibles ou je tue tout le monde ? »
À nouveau, il me regarde, mon visage est un masque.
« Je préfère que vous ne tuiez personne, sinon j'aurai de la paperasse à remplir, justifier votre présence.
— D'accord, je ne les tuerai pas » affirmais-je en lui serrant la main. L'agent Fellowes apprendra rapidement qu'il vaut mieux être précis dans son choix de mots et si dans les faits je ne tuerai personne, je ne me gênerais pas pour tirer dans les genoux ou les épaules. S'il y aura bien un mort à déplorer, ce n'est pas moi qui appuiera sur la détente, j'aurai juste maintenu la main qui appuiera sur la détente.
Après la fermeture, sur la route pour rentrer, Kerry revient sur la discussion avec mon invité et, si les filles sont mitigées à l'idée que j'aille m'infiltrer chez des cinglés, elles comprennent l'importance de cette mission, et que je suis probablement le pion parfait pour le gouvernement. Personne ne viendra réclamer des comptes si je ne m'en sors pas, je n'existe pas. Et la disparition de mon alter-ego sera à l'avantage de tout le monde.
Je rassure les filles en leur expliquant que je ne tuerai personne, mon but étant de conduire ces hommes devant la justice. Si j'étais capable de me vexer, je crois que j'aurais mal pris leur fou rire.
Les filles me laissent étudier, alors que je regarde des vidéos, des documentaires, en lisant des articles. Je reproduis par mimétisme leur façon de marcher, de parler, je m'approprie leurs discours, leur idéologie. Lorsque le lendemain matin, je retrouve l'agent Fellowes pour prendre un café, je suis déjà dans mon personnage. Quand il me parle, m'explique qui est qui, les ramifications, je lui répond en déclamant de la propagande anti-gouvernementale. Je remarque sa surprise à sa réaction, il ne s'attendait pas à une transformation aussi rapide.
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Tueuse à gages
AksiyonTuer pour de l'argent... C'est un métier comme un autre, je suis comme les éboueurs, je nettoie les rues pour de l'argent. J'en vis bien, je n'ai pas d'états d'âmes. C'est mon travail, et je le fais bien. Sans attache, sans émotion. Ça, c'était avan...