Chapitre 13

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À la faveur de l'obscurité, je traversais tranquillement la rue pour aller sur le toit d'en face. Par chance, personne n'avait vu le cadavre ou l'arme, mais le laisser sur place allait attirer l'attention. Un technicien de la police scientifique, moyennement doué pourrait définir d'où provenait le tir mortel, et je ne pouvais pas me permettre d'avoir la police sur le dos, à fouiller mon passé. Les mains gantées, je récupère l'arme et je la démonte, la glissant dans sa mallette. Faisant rouler le corps sur une bâche, je traînais le cadavre de l'autre côté du bâtiment. Retournant en arrière, je replace les graviers afin d'effacer toutes les traces d'un corps traîné, avant de sortir mon bidon d'eau de javel que je répands sur le sang avant recouvrir le tout des cendres et mégots de cigarettes récupérés près de l'ascenseur au rez-de-chaussée. Revenue auprès de mon encombrant paquet, je le redressais tant bien que mal avant de le pousser par-dessus le parapet en l'écoutant s'écraser quelques mètres plus bas, dans une ruelle.

Mallette en main, je repasse par la trappe d'accès au toit, laissant ouvert derrière moi, puis je retourne chez moi le plus naturellement du monde. Sam me regarde déposer la mallette dans l'entrée, avant que je me lave les mains et que je m'assois en soufflant dans mon canapé. Sam me fixe toujours, attendant que je dise quelque chose.

« Qu'est-ce que... Le... gars... Il est... où ? » demande Sam, ne sachant comment amener le sujet du mort.

« En bas », répondis-je.

« Tu l'as...

— Poussé. Avec un peu de chance, ça passera pour un suicide. Il est tombé sur la tête. »

J'aurais eu le sens de l'humour, j'aurais pu rigoler, mais heureusement, ce n'est pas le cas. Sam est moins mortifiée que je ne le pensais au vu de ce que je venais de faire. Une alerte sur mon téléphone m'informe que quelqu'un s'approche de la porte de l'appartement de Sam. La nuit risque d'être longue et je risque surtout de transformer mon bâtiment en zone de guerre. Je dois éliminer l'assassin et faire fermer ce contrat dès ce soir.

Je prends soin d'expliquer à Sam ce qu'il se passe en ce moment même devant sa porte, ce qui va se passer et ce qui arrivera plus tard ce soir. Je visse un silencieux sur mon glock et je sors précipitamment de mon appartement, descendant les marches comme si une armée de zombies me collait au cul. Poussant doucement la porte de l'escalier à son étage, j'arrive silencieusement derrière l'individu masqué qui tente de forcer la serrure de l'appartement de mon amie. Concentré sur son travail, il ne m'entend pas, ni ne me voit. Je glisse le glock entre mon pantalon et mon dos et je passe mon bras sur sa gorge bloquant sa respiration. Tirant de toutes mes forces vers l'arrière, tout en entraînant le meurtrier vers l'escalier jusqu'à ce qu'il perde connaissance. Retirant sa cagoule, ses gants, son arme, je le pousse dans les marches. Sam me regardant, quelques marches plus haut, alors que je tends la main dans sa direction. Elle comprend le message.

Il est temps de rendre une visite à son ex.

Main dans la main, nous prenons l'ascenseur puis traversons le hall, marchant normalement.

Le trajet s'effectue en silence, du coin de l'œil, je voyais Sam jouer le bas de son chemisier, le pliant, tournant son doigt dedans. Sa nervosité ne m'atteint pas, mais m'ennuie parce qu'elle n'est pas à l'aise avec la situation, avec moi, avec ce qu'il vient de se passer. Je viens de tuer deux personnes sous ses yeux, sans le moindre état d'âme. Elle est pourtant consciente de ma maladie et ne devrait pas s'étonner que cela ne me fasse absolument rien. Me garant devant son ancien immeuble, je m'apprête à sortir quand Sam pose la main sur mon bras.

« Attends. Tu ne vas pas le... Je l'ai aimé, quand même, un peu. Tu me laisses lui parler, s'il te plaît, avant de faire quoi que ce soit.

— C'est mon but en venant le voir, Sam, lui parler. Qu'il contacte le référent qu'il a engagé et annule le contrat, c'est tout ce que je demande. L'ordre mettra du temps à être relayé, aussi nous risquons d'avoir d'autres visiteurs cette nuit et demain, mais il faut que la commande soit levée, sinon je vais laisser des cadavres dans toute la ville pour te protéger. »

Tueuse à gagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant