Je traverse la ville en me remémorant ces dernières semaines, à ce que ma vie était avant et à ce qu'elle est maintenant. J'ai des amies, j'ai des émotions. Des sensations que j'éprouve pour la première fois : la colère, la peur, l'amour. Je dois mettre ses émotions de côté pour être concentrée et redevenir moi-même, sans pitié. Est-ce par sentimentalisme ou un rappel de mon passé, mais le lieu du rendez-vous est l'ancien entrepôt où j'ai été formé. Stratégiquement c'est une erreur, je connais l'endroit comme ma poche.
Me garant, je laisse les clés sur le contact et les portes débarrées. J'ai, au préalable, avancé au maximum le siège passager afin que Sam puisse se réfugier derrière lorsque nous partirons sur les chapeaux de roues, car nous repartirons de cet endroit ensemble, je suis assez confiante. En sortant de la voiture, j'avance en regardant tout autour de moi, humant l'air, comme s'il pouvait sentir autre chose que la peur qui me tenaille les entrailles, j'ai peur que Sam soit blessée, qu'elle ne veuille plus me voir et que je perde son amitié. Ouvrant la porte, une main se plaque immédiatement sur ma poitrine, dans la seconde, la lame de ma ceinture se retrouve dans sa gorge. Je vois le gorille de la dernière fois me regarder, hébété alors qu'il tombe à genoux, essayant d'endiguer la vie s'écouler de lui. Il n'a pas encore touché terre que je sais qu'il est déjà mort, personne ne viendra lui sauver la vie tant qu'il sera à mes pieds.
« Je t'avais prévenu de ne pas me faire chier, connard ! », crachais-je en le regardant. Je ne suis pas venu discuter ou renégocier mon contrat », criais-je. « Je démissionne, je prends ma retraite. Alors, laissez mon amie partir.
— Sinon ? Quand on lance une menace, il y a toujours un « sinon » », lance la voix du grand patron en s'approchant.
« Ce n'est pas une menace, je quitte l'organisation, point final. Vous libérez mon amie et nous partons. C'est un fait, pas une menace.
— Vous ne voulez pas vous asseoir, Tessa, que l'on discute ? », demande-t-il en s'installant sur une chaise, en tirant sur les plis de son pantalon, puis replaçant sa cravate. « S'il vous plaît. »
Mes yeux fouillent l'entrepôt, cherchant à calculer le nombre de personnes qui sont prêtes à me faire la peau au moindre geste.
« Très bien, discutons. »
Je m'assois face au boss et je l'observe. S'il compte gagner dans un concours de « je te tiens, tu me tiens par la barbichette » il va perdre bien avant moi. S'il croit que je vais baisser les yeux, il s'est trompé de psychopathe.
« Tessa, comprenez qu'il est inhabituel qu'un employé refuse deux contrats, l'un derrière l'autre. J'ai compris que le premier contrat était une méprise du donneur d'ordre, ce qui a eu des répercussions. C'était personnel, et personne ne vous juge, nombreux auraient agi dans le même sens. Mais ce deuxième contrat ?
— L'un et l'autre sont liés. C'est une connaissance de l'employeur de mon ami. L'accident est supposé survenir sur le lieu de travail de mon amie. Je trouve cela assez déroutant.
— Une pure coïncidence, certainement.
— Dans notre métier, il n'y a pas de coïncidence, Monsieur. Il est temps pour moi de me retirer. Sans être superstitieuse, jamais deux sans trois. Je vous demande l'autorisation de me retirer. L'espérance de vie dans notre métier est courte, j'ai une raison de vouloir vivre un peu plus longtemps.
— J'avais espéré vous avoir à mes côtés encore quelque temps, dame blanche.
— Ce n'est qu'un surnom, n'importe qui peut l'endosser. Ai-je votre accord ? »
Je fixe le boss sans ciller des yeux jusqu'à ce qu'il fasse un geste de la main. Une porte s'ouvre et je vois Sam marcher, paniquée, jusqu'à ce qu'elle me voit, me souriant.
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Tueuse à gages
AcciónTuer pour de l'argent... C'est un métier comme un autre, je suis comme les éboueurs, je nettoie les rues pour de l'argent. J'en vis bien, je n'ai pas d'états d'âmes. C'est mon travail, et je le fais bien. Sans attache, sans émotion. Ça, c'était avan...