Nos Ombres Rouges - TOME 1 ( Corrigé )

V. Mieux vaut prévenir que mourir.

Malgré mes demandes répétées, Milo n'a rien voulu entendre. Il a prévenu Youri de mon état pour qu'il surveille que je ne bouge pas d'un poil pendant qu'il appelle un certain Cody Smith, une sorte de médecin personnel de leur « clan ». J'écoute à peine le blond qui me parle depuis dix minutes quand son ami daigne revenir.

– Je refuse que cette personne me touche ! M'exclamais-je pour la centième fois.

– Pourquoi tu ne nous l'as pas dit ! Râle-t-il en ignorant ma plainte.

– Oui, oui, c'est vrai, sérieusement, une cheville, ce n'est déjà pas agréable, mais en plus avec la grippe, tu déconnes !

Une grippe, grippe, mais de quoi il parle ?

Je lance un regard discret à Milo qui ne me regarde plus, il n'a rien dit pour la drogue. Pourquoi ?

– Je suis désolée, je pensais que ça passerait tout seul et que ça n'était pas grave. Autant pour la cheville que pour le coup de froid.

– Ce n'est rien.

Il a l'air sceptique, je le serais aussi. Le blond quitte la pièce et je soupçonne Milo de lui avoir fait signe de s'en aller discrètement.

— C'est un jeune médecin, il n'y aura aucun problème, je resterai derrière la porte. S'il se passe quelque chose, tu n'aurais qu'à m'appeler. Et tu as intérêt à tout me raconter si quelque chose t'a déplu. Crache-t-il sèchement.

Si il croit que je serais capable de parler...
Mais je suppose que c'est sa façon de me dire qu'il fait attention à moi, c'est déjà ça. À peine a-t-il fini de me « menacer » que la porte s'ouvre sur un jeune homme, plutôt petit avec des grosses lunettes rondes, qui porte une mallette blanche. Il est en habits de ville, mais porte son stéthoscope autour du cou.

– Bonjour ! Je suis Cody.

– Je vous laisse. Nous informe Milo en sortant de la pièce pendant que le médecin s'assoit sur un club en cuir près du lit.

– Bien, Milo m'a parlé de ton cas. Commence-t-il. Le sevrage de la drogue n'est pas quelque chose de facile, mais heureusement pour toi, j'ai de quoi accélérer le processus. Ne t'inquiète pas, rien qui ne te mette en danger. Je ne te demande pas de rentrer dans des détails privés, il t'appartient de les divulguer ou pas. Mais j'ai besoin de quelques informations. J'acquiesce, rassuré qu'il ne m'oblige pas à parler de tout.

– Depuis combien de temps il te fait prendre de la drogue ?

– Quatre ans, il a commencé quand j'avais seize ans. Avant, il me donnait des somnifères pour que je somnole.

Son visage blanchi, je ne savais pas que c'était choquant...

— Alors Hem... Hésite-il. Quelle drogue il te donnait ces... Quatre dernières années ?

– Du GHB, c'est ce qui était écrit sur les flacons, il me l'injecte avec une seringue, c'était de très petites doses pour qu'il puisse continuer à m'en donner longtemps. Le médecin déglutit de plus en plus pâle.
Vous allez bien ?

– Oui, oui, c'est juste... Horrible, je suis désolée pour toi.

Je ne réponds rien, moi aussi, je suis désolée, pour la petite fille que j'étais.

– Combien de fois par jour ?

– Entre deux et quatre fois par jour, ça dépend de... Enfin, ça dépendait. Je me reprends au dernier moment.

Ça dépendait du nombre de clients.

– D'accord, je vais te donner des cachets à prendre quatre fois par jour, ils atténueront la douleur et les symptômes, ainsi que des cachets à ne prendre que deux fois par jour. Pas plus surtout ! C'est très fort, ils serviront à accélérer le sevrage. On va s'occuper de ta cheville et je vais t'examiner. C'est OK ?