Nos Ombres Rouges - TOME 1 ( Corrigé )

VIII. Rêve enflammé.

04 heures 56 minutes.

Mon chat ronronne paisiblement sur l'oreiller à côté du mien. De mon côté, je ne dors pas, depuis deux jours les souvenirs de mes agresseurs me reviennent en tête.

Je ne veux pas retomber dans les bras de Morphée au risque de voir ces images une énième fois. Elles s'ajoutent à mes cauchemars habituels, provoquant des réveils plus violents les uns que les autres. Regarder le plafond me déprime, alors je sors de ma chambre en prenant le chemin de la cuisine. Je longe le couloir et descends l'escalier, mes pieds se posent sur le parquet chauffant et c'est un plaisir à chaque fois. La pièce n'est pas vide, un homme est accoudé au comptoir, un verre d'alcool à la main. C'est évidemment Milo, je prends le temps de l'observer. Il est habillé d'un jogging gris qui le rend bizarrement très sexy. Il doit bien atteindre plus d'un mètre quatre-vingt-dix, les muscles de son dos sont tous parfaitement dessinés et, bien que je ne les ait jamais vu, ses jambes doivent être pareilles.
Sa carrure monstrueuse m'inquiète toujours, mais moins qu'avant, moins depuis que j'ai vu son regard quand il m'a trouvé dans la cuisine.

– Tu me mattes, petite chose ? Lance-t-il soudain, je n'avais pas remarqué qu'il s'était retourné.

– Tu ne parles toujours pas beaucoup. Viens. Continue-t-il, un sourire taquin accroché aux lèvres.

Je m'exécute et monte sur la chaise à sa droite en la faisant pivoter vers lui. Il tourne son corps vers moi, mais garde ses yeux perdus au fond du verre.

– T'en veux ? Demande-t-il soudain en désignant son verre du menton.

Je hoche la tête, pourquoi pas.

Il me le tend et me regarde enfin dans les yeux. Je sens son regard sur mon cou tandis que je relève la tête pour boire le liquide. Lorsque je finis ma gorgée, ses pupilles dilatées s'encrent aux miennes pendant qu'il met un de ses écouteurs dans mon oreille (Do Ré Mi – Blackbeard).

Une musique agréable remplit mon corps et installe une ambiance spéciale entre nous. Il est beaucoup plus grand que moi, même quand il est debout et moi assise sur une chaise haute. Cette observation provoque une bouffée de chaleur dans mon bas ventre, me faisant gigoter discrètement. Ses bras puissants pourraient m'emprisonner si facilement, j'ai envie de sa bouche sur la mienne quand je le vois se mordre la lèvre inférieure. Il rapproche son corps du mien et se place naturellement entre mes cuisses. Son regard passe de mes yeux à ma cuisse pansée, il me demande silencieusement s'il peut y poser sa main et j'acquiesce. Ses doigts qui effleurent délicatement ma peau autour du bandage m'apaisent, si bien que je pose ma main sur la sienne. Et mon autre main sur son biceps.

– Je fais des cauchemars. Je lâche sans avoir pu me retenir.

– Sur quelle partie de ta vie ? demande-t-il en me surprenant.

– Sur toute ma vie. Je souffle. Je n'ose pas dormir.

Son regard se pose sur mon visage, il cherche à m'analyser.

– Depuis combien de temps n'as-tu pas bien dormi ?

– Très longtemps. J'ai très peur quand je suis seule parce que je sais que je ne pourrais pas me défendre si quelqu'un vient.

– Personne ne viendra plus. Affirme-t-il. Tu... Tu veux dormir avec moi ? Demande-t-il hésitant. Je ne te toucherais pas, ne t'inquiète pas.

Je le regarde en lui faisant comprendre que j'accepte, trop embarrassée pour prononcer ces mots. Nous restons encore quelques minutes devant le plan de travail, mains sur mains, avant de prendre la direction de sa chambre.